Après avoir raté le concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sage-femmes en cachant la vérité à son entourage. Alors qu’il s’engage sans conviction dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.+
Pour son troisième long métrage après « Jusqu’à toi » en 2007 et « Et Soudain tout le monde me manque » en 2010, la réalisatrice a décidé de se pencher sur le quotidien de ces sages femmes, mais à travers le regard d’un homme qui dit intégrer cette corporation ultra féminisée. Un pari osé, tant le métier de « Sage-femme » est imprégné dans l’inconscient collectif comme un travail de femme uniquement, d’où son nom. Mais le film commence d’abord par remettre cela en perspective en précisant l’étymologie de ce mot « Sage-Femme ». « Sage » est, en fait, un dérivé de « Sapiens » qui veut dire : « Celui qui sait », et le mot « Femme » concerne celle dont on s’occupe et non pas celle qui pratique l’acte. Toute une nuance qui met d’office le spectateur dans la bonne condition pour ensuite accepter ce qui va ensuite se dérouler devant nous.
Et le scénario que la réalisatrice a signé avec sa co-scénariste Cécile Sellam (Pension Complète) va alors adopter un point de vue original, celui d’un homme au milieu d’un univers majoritairement féminin. C’est une excellente idée de départ qui ne va, malheureusement, pas éviter certains clichés et encore moins certaines caricatures qui affadissent quelque peu l’ensemble. Comme le fait que ce jeune homme vienne d’une cité, qu’il s’occupe de ses frères pendant que le père est au travail, ou encore qu’il refuse de porter du rose, etc…. Les transitions sont également maladroites, comme le retournement, un peu opportuniste qui va faire que le jeune homme va passer de franchement désagréable avec les collègues, à collaborateur modèle et impliqué. Si le scénario parvient tout de même à livrer une vision franche et sans concession de ce métier nécessaire et pourtant mal connu et encore plus snobé par les médecins, il ne parvient jamais, totalement, à sortir de cette ornière dans laquelle il s’est fourré tout seul.
Et c’est plutôt du côté de la mise en scène que l’on peut trouver de bonnes idées. Car si la réalisation est assez classique et ne se révèle pas forcément originale, elle parvient à trouver des moments de grâce, notamment pour filmer ce moment si magique, si surréaliste où l’enfant parait, et comme le dit si bien le personnage de Nathalie : « Il y a ce moment de flottement, où l’enfant donne son accord ». Des petits moments magiques comme cela, i y en a plusieurs et même lorsque la réalisatrice filme la sortie de la tête du bébé, tout cela s’inscrit dans une poésie de l’instant, qui ne pose aucune question et laisse, au contraire le spectateur, seul à seul avec ses pensées sur ce miracle que la vie offre chaque jour, sans que nous en prenions totalement conscience.
Et puis, pour conclure, il y a bien évidemment les prestations de la distribution, à commencer par Melvin Boomer que l’on avait découvert dans la série « Le monde de demain » sur Arte, dans lequel il campait le rappeur Joey Starr. Le comédien sait trouver les bonnes intonations pour passer de la froideur, du dédain, quasiment, à cette sensibilité que l’on peut trouver dans le regard de ces femmes et ces hommes qui aident à mettre au monde des enfants. Face à lui, Karin Viard (Venus Beauté) est toujours aussi magistrale et convaincante dans un rôle de conviction et de force.