L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.
En 2002, Nicolas Philibert avait raflé toutes les récompenses, y compris une sélection officielle au Festival de Cannes, avec un sujet simple et un goût évident pour le silence et la parole. Mais ce succès a un peu fait oublier que Nicolas Philibert a d'abord commencé avec un long métrage documentaire sur des personnes atteintes de surdité : « Le Pays des Sourds ». Un premier pas dans ce monde du handicap, dans lequel le réalisateur fit déjà preuve de cette pudeur qui le caractérisera toute sa carrière, et de son goût des portraits, des silences ou de la parole libre. Ce qui lui ouvrira les portes d'un autre reportage en 1997, mais dans un hôpital psychiatrique, cette fois-ci, pour : « La moindre des choses » où le Nicolas Philibert va donner sans se forcer une image différente de ces patients, de son personnel. A travers le parcours d'une pièce de théâtre qui doit être montée avec les pensionnaires, il va montrer les dessous de l'établissement, la vie, la solitude, les rires et les entraides. Jamais dans le jugement, juste dans le regard, dans l'écoute et dans l'empathie. Un style qui lui valut les honneurs et les ombres du succès pour son film « Être et Avoir », dans lequel il suivait, avec une simplicité désarmante le travail, d'un instituteur dans une école en Auvergne.
Avec « Sur l'Adamant » Nicolas Philibert revient au monde du handicap, mais cette fois ci à travers le quotidien d'un établissement surprenant, où les patients, atteints de troubles psychiques, sont reçus pour y retrouver un cadre entre le temps et l'espace et ainsi une reconnexion au monde. L'Adamant est une péniche à quai en bord de Seine où chacun y vient pour y être accueilli, mais également pour accueillir les autres, et se structurer dans le temps en s'investissant dans un esprit communautaire. Ici tout est fait pour que chacun s'exprime et trouve une manière de s'exprimer, même les plus retissants. A l'instar de ce jeune homme qui participe à un atelier dessins, mais souhaite plutôt aller visionner un film et s'isoler. L'accompagnant, entretien le dialogue et va réussir à l'amener à dessiner et ainsi à rester dans le groupe. Au-delà d'un simple reportage, « Sur l'Adamant » est un documentaire qui laisse la parole aux patients, mais aussi aux personnels soignants, ces derniers n'intervenant pas sous forme d'interviews mais à travers leur travail filmé au quotidien, seuls les patients sont interviewés, et même si parfois cela donne des passages lunaires, cela n'empêche en rien, le plaisir qu'offre cette spontanéité, cette absence de filtre. Les patients s'expriment, interrogent, sourient et se confient. C'est touchant, jamais choquant mais instructif et tout en simplicité. On regrettera, peut-être, et c'est juste histoire de lui trouver un défaut, de ne pas suffisamment expliquer les revenus et les soutiens de cette association, dont on comprend aisément la difficulté de gestion et de revenus, malgré tous les efforts non ménagés