En Guadeloupe, Blanche Gardin préside un concours de sosie consacré à Michel Houellebecq. Michel s’y rend, mais des événements imprévus vont plonger notre duo au cœur d’une intrigue rocambolesque…
Comment dire ? « Dans la peau de Blanche Houellebecq » est un espèce d’Ovni cinématographique dans lequel le réalisateur Guillaume Nicloux, dont la carrière regorge de petites pépites comme : « Le Concile de Pierre » en 2006, ou encore « Les Confins du Monde » en 2017, des œuvres particulièrement éloignées de ce film, qui nous entraine dans les aventures de Blanche Gardin et Michel Houellebecq se retrouvent embarqués dans une aventure qui les dépasse où se mêlent les idées politiques radicalement différentes des deux acteurs principaux, l’envie d’indépendance des Antilles et l’appropriation culturel. Un film éminemment politique, mais dont le ton n’est jamais revendicatif, ni partisan. Le réalisateur se pose en spectateur et laisse ses personnages choisir leurs directions.
Et le scénario ne va, d’ailleurs, jamais dans le sens politique à proprement parlé, il va au contraire s’appuyer sur des faits existants : La possible nobélisation de Houellebecq incendiée en quelques minutes par un entretien avec Michel Onfray qui le rendit Persona Non Grata aux yeux du monde entier. Par des écrits et des idées contestables, l’écrivain n’en n’a pourtant pas perdu son sens de l’autodérision et Nicloux l’a bien compris, il a donc écrit ce quatrième film en pensant à l’écrivain après « L’Affaire Gordji : L’histoire d’une cohabitation » (2011), « L’enlèvement de Michel Houellebecq » (2013) et « Thalasso » (2019). Mais cette fois-ci il confronte l’auteur de « La Carte et le Territoire », Prix Goncourt 2010 à Blanche Gardin, humoriste et électron libre à la prise de position facile, même si parfois contradictoire, à l’instar de sa lettre ouverte contre Amazon à travers l’amission « LOL, le premier qui rit sort » à laquelle elle a refusé de participer, refusant de se faire payer par une société qui exploite ses employés. Mais l’actrice accepte tout de même de jouer dans un film distribué par le géant de la vente en ligne.
Mais il serait injuste de faire un procès d’intention à l’un comme à l’autre, tant le réalisateur les propulse dans une aventure où chacun se retrouve face à ses propres incohérences et positionne le spectateur dans le fauteuil de l’arbitre qui compte les points et tente de comprendre, ce à quoi il assiste. Et c’est bien tout le savoir faire du réalisateur que nous entrainer dans cette aventure loufoque, mais pas tant que cela, en nous captivant tout en nous surprenant, en nous faisant rire (Ca, avant tout, le film est une comédie !) et en nous choquant, même, parfois. Jamais dans l’outrance ou dans la méchanceté, « Dans la peau de Blanche Houellebecq » transforme un concours de sosies de Michel Houellebecq en road movie, où rien ne se passe comme cela devrait se passer où Houellebecq ne contrôle rien et où Blanche Gardin, au contraire garde le contrôle de tout, Comme si le réalisateur avait voulu confronter l’écrivain à ses prises de position en le plongeant dans les mains de ses contradicteurs.
« Dans la Peau de Blanche Houellebecq « est un film surprenant, hypnotisant, déstabilisant, mais surtout drôle, irrévérencieux parfois, mais où les deux acteurs principaux : Michel Houellebecq (Thalasso) et Blanche Gardin (Yannick) s’opposent dans une aventure qui vient les interroger sur leurs idées et sur leurs propres prises de position, pour mieux mettre en lumière des sujets aussi majeurs que l’appropriation Culturelle, par exemple.