Holly est perçue comme une fille étrange par ses camarades de classe jusqu’au jour où se révèle son don de soulager les gens de leur chagrin. Dès lors, son énergie cathartique est recherchée par tous. Mais la frontière entre aide et abus va bientôt s’estomper. Sainte ou sorcière ? Le destin étonnant d’une héroïne sanctifiée malgré elle.
Comment vivre une situation que l’on ne maitrise pas ? Une nouvelle perception que les autres ont de nous ? Encore plus lorsque l’on est une adolescente mal dans sa peau, moquée par ses camarades et issue d’un milieu défavorisé ? C’est l’un des thèmes abordés par la réalisatrice Fien Troch (Home) à travers le destin de cette jeune fille perçue par ses camarades comme étrange qui va subitement révéler le don de pouvoir apaiser les peines de ceux qui en ont besoin. Un don qui va transformer sa vie, et semer le doute en son esprit et lui faire prendre le chemin de la facilité avant de retrouver confronter à la réalité du fardeau que peut être un tel don.
Avec une certaine subtilité, « Holly », qui fut sélectionné à la Mostra de Venise en 2023, apparaît comme un film très réaliste sur ce bouleversement qu’une existence peut prendre dés que l’on perçoit un don. Ici, Holly apaise les peines et, dans un premier temps, ne demande rien en retour, puis il y a l’argent qui vient semer le doute sur ses intentions, et puis le questionnement sur ce qui est bien et ce qui est mal. Avec une efficacité d’une simplicité désarmante, la réalisatrice qui a signé également le scénario nous invite à nous questionner sur ce don qui se révèle, sur la manière dont une société sacralise pour mieux douter ensuite de ses icones.
Ici, ce n’est pas tant les autres qui doutent que la jeune fille elle-même, mais pas sur son don, plutôt sur la manière dont elle doit l’utiliser. Et c’est toute l’intelligence du scénario que de na pas appuyer sur le jugement des autres mais plutôt sur celui plus intime de la jeune fille, qui, alors que toute son existence était passée à être invisible, voit subitement les regards bienveillants et remerciant se tourner vers elle. Comme une popularité soudaine et son ivresse qui l’accompagne. D’ailleurs la mise en scène Fien Troch va dans ce sens avec une certaine simplicité et beaucoup de subtilité pour amener le doute comme le mari, qui semble ne pas se remettre du drame qui ouvre le film, ou encore la mère de famille qui, la première, met des mots sur le don de Holly. Jamais dans la gratuité ou dans le lisse, la réalisatrice met ses personnages en scène avec une certaine simplicité presque documentaire pour mieux nous coller à l’esprit.
« Holly » est un film touchant et intriguant qui frôle parfois le fantastique, avec une jeune fille dont le révélation soudaine d’un don, vient bouleverser sa vie et interroger le spectateur sur les différentes manière d’aborder une popularité soudaine lorsque l’on est une jeune adolescente, jamais sollicité, mal dans sa peau ?