Lune froide

L'histoire :
Simon et Dédé sont deux paumés en quête d'oubli et d'exaltation. Le jour, ils voient tout comme au travers d'une vitrine et ne s'éveillent que la nuit, allumés par l'alcool, cherchant à perdre la raison. Ils délirent et déambulent ainsi sous la lune, leur frénésie atteignant son paroxysme quand celle-ci est pleine.

Préambule :
à l'origine, ce film n'était qu'un court métrage qui a d'ailleurs reçu le grand prix du festival de Clermont-Ferrand en 1989. Puis, Patrick Bouchitey a pu réunir, difficilement, le budget pour en faire ce long-métrage en étoffant ainsi la vie des deux personnages principaux et de leurs actions irréfléchies.

La critique :
entièrement filmé en noir et blanc, ce qui rajoute encore à cette ambiance quelque peu dérangeante, Patrick Bouchitey nous livre ici son premier film à ne pas mettre en toutes les mains. Avec des idées véhiculées assez malsaines de ces paumés continuellement ivres et irresponsables cherchant les sensations et frôlant avec la mort, cette histoire possède quelques bons atouts. Comme par exemple Jean-François Stévenin ici excellent et qui nous transmet toute l'émotion de son personnage mais également les seconds rôles aux caractères bien marqués.

Patrick Bouchitey, déjà très apprécié en tant qu'acteur, nous montre ici tout son talent de réalisateur. Tout d'abord par le choix du noir et blanc qui donne une touche particulière à notre perception du film. Ensuite par des séquences travaillées et esthétiques qui donnent une dimension presque poétique à l'ensemble et qui "dédramatisent" un peu ce réalisme cru présent dans le film. Patrick Bouchitey utilise également des plans très rapprochés sur les visages afin de capter encore plus toutes les émotions que les acteurs nous offrent, en particulier Jean-François Stévenin qui est ici parfait et touchant.

Certains y verront un film culte et d'autres un débalage quelque peu choquant et inutile. En tout cas, ce qui est certain, c'est que ce film fait partie de ceux qui marquent et qui dérangent.
Lune froide est un film fort face à lequel on ne peut rester insensible. On y pense encore bien après la projection tant l'émotion et le réalisme y présents et tant les personnages y sont forts.

Notez bien que ce film a été interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salle. Il comporte effectivement quelques scènes pouvant être choquantes pour de nombreuses personnes.

Cette image, en noir et blanc, manque cruellement de piqué et de contraste. On aurait souhaité un traitement efficace de celle-ci lors de son transfert en DVD. Resulat, l'image est largement en dessous de la qualité de celle, par exemple, de film en noir et blanc beaucoup plus ancien. Ce manque de netteté mais également les fourmillements omniprésents gâchent un peu la perception de ce film.

Mais où est donc passé le mixage en 5.1 ? Toute la bande-son, musique, voix et ambiance, reste désespérément centré à l'avant : aucun relief donc. Et un manque de dynamisme et de clareté font de ce DVD un des plus mauvais techniquement sur ce point.

Habilés par des menus agréables également en noir et blanc reprenant des séquences fortes du film, l'accès aux bonus est simple et les transitions se font d'un mouvement fluide et agréable. Seul le making-of peut mériter une attention particulière, le reste n'étant finalement pas très intéressant.

- le making of : voici quelques étapes de la construction de quelques scènes clés du film, seul élément de ce DVD filmé en couleur, avec des interventions régulières du réalisateur donnant ses commentaires.

- Lune froide, le court : avant de devenir un film à part entière, voici le court-métrage originel qui a valu à Patrick Bouchitey le grand prix du Festival de Clermont-Ferrand en 1989. Il s'agit en faite de la séquence clé commençant au vol du cadavre jusqu'à la fin. Séquence intégralement présente d'ailleurs dans le film.

- Morceau de lune : sont regrouppés ici quelques "rushs" du court-métrage.

- Casting de la sirène : présenté par Patrick Bouchitey de nos jours, de brèves explications et images du casting de la "morte".