DE NUREMBERG A NUREMBERG

Genre
Pays
France (1989)
Date de sortie
mardi 20 janvier 2004
Durée
180 Min
Réalisateur
Scénaristes
Philippe Meyer et Frédéric Rossif
Compositeur
Vangelis
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires
Cette critique a été écrite en collaboration avec M. Albin Limousy, Professeur d'Histoire-Géographie.
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Oui
Non
Non
Le Film
Critique de Jean-Luc Richter
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
180 min
Nb Dvd
3


De Nuremberg à Nuremberg

 

Ce documentaire est un classique et même une référence. Il a été remarquablement conçu par Frédéric Rossif, pionnier de la télévision en France, réalisateur de documentaires animaliers ou de fresques historiques (par exemple « Mourir à Madrid » sur la guerre civile espagnole de 1936 à 1938).

 

Le titre montre l'importance de Nuremberg : le film débute par les grandes messes du parti nazi organisées dans cette ville dès 1933 et se conclut par le procès de certains dirigeants nazis pour crime contre l'humanité en 1946. La deuxième guerre mondiale débute et se termine à Nuremberg.

 

Un documentaire en noir et blanc de 1989 ? Aucun intérêt puisque d'autres films avec des images en couleur ont paru récemment. Faux. Vous vous trompez car « De Nuremberg à Nuremberg » est l'un des meilleurs documentaires sur le sujet. Pourquoi ?

 
  1. Tous les aspects de la guerre sont bien montrées : batailles, champs de bataille (de l'Europe au Pacifique en passant par l'Afrique), vie quotidienne, résistances, persécutions.... Il présente une brillante synthèse de cette guerre.
     
  2. Le documentaire est une démonstration implacable de la barbarie de Hitler. Les commentaires (un chef d'oeuvre en la matière), écrits et dits par Philippe Meyer, sont très efficaces. Philippe Meyer choisit avec soin des textes de Hitler pour montrer que tout (guerre, invasions, massacres...) était prévu et programmé, que Hitler n'a fait qu'appliquer ses idées sans aucun scrupule. Le film bien construit fait comprendre la sauvagerie du régime nazi et de ses idées.
     
  3. Le choix des images : Frédéric Rossif a fait un travail de recherche remarquable. Même sans couleur, les images sont frappantes.
     
  4. Le film s'intéresse beaucoup au rôle de Hitler, à ses idées, à son manque d'humanité. Mais il s'intéresse aussi à des destins individuels pour montrer la guerre vécue d'en bas : intellectuels acceptant ou fuyant le régime nazi, résistants européens ou allemands, victimes... Il montre toute la palette des attitudes face au nazisme : du fanatisme à la résistance, de l'acceptation lâche à l'indignation courageuse...


 

Certaines critiques peuvent être faites : le rôle de Hitler est un peu trop accentué (qui soutenait le régime nazi pour le faire fonctionner ?), l'explication des opérations militaires peut sembler fastidieuse par moments. Le film manque de témoignages d'acteurs de cette guerre pour montrer leurs sentiments. Mais l'éditeur a eu la bonne idée d'ajouter en bonus le documentaire « Avant l'oubli » de Francis Girod  : des déportés racontent leur histoire en commentant les rares photos prises sur les camps.

 

Frédéric Rossif a réalisé « De Nuremberg à Nuremberg » pour que personne ne puisse oublier et revivre ce déchaînement de haine. L'objectif est atteint car le film est une vraie réussite, un grand documentaire qui n'a pas vieilli.

 

Le programme

 

Le documentaire est divisé en 2 parties :

 

1.Le triomphe de la volonté (1933-42)

 

Le film débute par l'arrivée au pouvoir de Hitler en 1933, la mise en place d'une dictature raciste . A noter une remarquable explication des grands meetings nazis, utiles pour fanatiser les Allemands et les préparer à la guerre.

 

Il évoque ensuite les coups de force de Hitler, son sens tactique (il sait manipuler) et son double jeu (je promets de ne pas envahir l'Autriche, la Tchécoslvaquie mais en fait je le fais). L'aveuglement et le manque de réaction des démocraties sont montrés par Philippe Meyer.

 

La guerre débute en 1939 par l'invasion de la Pologne. Puis, le film retrace la campagne de France et la victoire rapide allemande. A noter la signature de l'armistice de Rethondes du 22 juin 1940 et sa mise en scène par Hitler : il arrive avec 2 heures de retard, a fait sortir le wagon où a été signé l'armisitce de 1918 et prend la place des vainqueurs de 1918...

 

Le film parle par la suite de la bataille d'Angleterre (1er échec de Hitler face à Churchill et aux civils anglais) et montre l'extension mondiale du conflit (Pacifique, Afrique...). Il prouve aussi que l'invasion de l'URSS par Hitler en 1941 était inéluctable à cause du racisme profond du leader allemand envers les Slaves.

 

2.La Défaite et le Jugement (1942-45)

 

La 2ème partie relate l'écrasement progressif de l'Allemagne par les Alliés : prise de l'Italie, débarquement de Normandie, Libération de la France.... 2 aspects, notamment, sont bien  montrés : la bataille de Stalingrad (cette victoire soviétique est le vrai tournant de la guerre) mais aussi les bombardements alliés sur l'Allemagne (la ville de Dresde est rasée en une journée avec un bilan de 250 000 morts).

 

Le commentaire montre le rôle de Hitler : son intransigeance et ses erreurs de tactique militaire provoquent les défaites, son racisme la Solution Finale (l'extermination des juifs). Que dire des dernières images de Hitler dans le film : dans un Berlin en ruines, un hoimme fatigué félicite de jeunes recrues (des gamins) qu'il va envoyer à la mort... Toute la folie de cet homme est résumée dans ces images.

 

La dernière partie explique avec précision le procès de Nuremberg : la logique froide des camps d'extermination et le génocide juif y sont expliqués, les images sont accablantes. Le documentaire s'intéresse aux accusés, à leur responsabilité et à leur condamnation.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
4/3 n&b
Format Cinéma
1.33:1


La qualité d’image du DVD est très variable. Entièrement monté à partir d’images d’archives en noir et blanc, le film était tributaire de la qualité de ces séquences, souvent tournées dans des conditions difficiles avec un matériel de mauvaise qualité. Les images sont donc parfois très dégradées, avec de nombreux parasites et peu de détails. La faible définition de l’ensemble ne permet pas de noter de défauts de compressions. Malgré tout, la grande force de ces images, soigneusement choisies, nous permet de supporter ces défauts au regard de l’intérêt historique indiscutable de l’ensemble.

 

 

Les deux DVD de suppléments sont eux de très bonne qualité. Les entretiens sont nets, avec une définition impeccable et des arrières plans bien définis. Le documentaire « Contre l’oubli » bénéficie, lui aussi, d’une bonne définition d’image générale.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
2.0


Ce DVD ne propose qu’une seule piste sonore en Dolby Digital 2.0 française, avec ou sans sous-titres.

 

 

Les commentaires de Philippe Meyer sont clair, précis et bénéficient d’une excellente dynamique. Ils ont toutefois tendance à être orientés sur la voie de droite. Les insertions sonores d’origine des images d’archives sont de qualité variables, selon les sources, mais généralement compréhensibles. Il s’agit souvent de discours célèbres et parfois de fonds sonores pour les images de guerres.

 

 

Point essentiel dans ce film de Frédéric Rossif, la musique de Vangelis souligne toujours l’image à la perfection, sachant trouver le ton idéal pour illustrer les images ou les commentaires. Vangélis a réalisé quelques compositions originales pour ce film. Cette musique est d’ailleurs disponible séparément en CD audio.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
180 min
Boitier
Digipack


Pour ce DVD, les Editions Montparnasse ont effectués un sans faute : le coffret est parfaitement dans le ton de ce documentaire, à la fois sobre et sérieux. L’éditeur nous gratifie également de deux DVD de bonus :

 

Avant l’oubli

 

Ce documentaire, évoqué dans la critique principale un peu plus haut, est centré sur les camps de concentrations. A travers des interviews de rescapés et de rares photos, l’auteur nous permet de percevoir ce qu’a été la vie dans ces camps que les Allemands disent avoir ignorés durant la guerre. Au vu du nombre de gens impliqué dans ces centres d’exterminations, on peut avoir un sérieux doute sur cette affirmation.

 

Entretiens

 

Autre bonus très intéressant : une série d'entretiens avec des historiens. Ces entretiens très riches sont très utiles car ils permettent aux téléspectateurs de connaître les nouvelles idées et réflexions apportées par les historiens depuis la diffusion du film "De Nuremberg à Nuremberg".

 

L'entretien le plus intéressant est celui de Marc Ferro. Cet historien, connu pour son émission "Histoire Parallèle" sur Arte, s'attaque à certains clichés sur la 2ème Guerre Mondiale. Les collaborateurs ont été rares parmi les Français, dont le coeur était dans le camp des Alliés. L'URSS a joué un rôle plus important dans la défaite nazie que les Etats-Unis, son rôle a été affaibli pendant la guerre froide pour des raisons idéologiques. En 1939, Hitler souhaitait partager le monde avec l'URSS, qui souhaitait cette alliance contre-nature avec l'Allemagne avant d'être envahie en 1941. Marc Ferro rend aussi hommage à la résistance britannique en 1940, peu célébrée en France par anglophobie. Il met aussi l'accent sur le rôle de la Résistance française, les tensions entre De Gaulle et les résistants. Bref, un entretien contre les idées reçues

 

L'universitaire Edouard Husson revient sur les causes de l'arrivée au pouvoir de Hitler et de la guerre. Il montre l'importance de la première guerre mondiale qui a totalement désorganisé l'Europe, n'a pas réussi à imposer la paix et la démocratie sur ce continent, a créé des frustrations et accentué les nationalismes. En bref, la guerre de 14-18 a créé les fascismes et Hitler, ce que ne montre pas le film de Frédéric Rossif car les historiens en 1989 ne mesuraient pas l'importance de ce conflit. Il montre aussi que l'antisémitisme est la base du nazisme, il démonte l'engrenage qui a conduit à la Solution Finale : au départ Hitler cherche à forcer les juifs à émigrer (1933-39), puis à les déporter à Madagascar ou en Sibérie (!!!!), puis décide de les exterminer par haine. Edouard Husson explique aussi que les SS de Himmler proposent cette extermination à Hitler. Il pose aussi le problème de la responsabilité des Allemands en montrant la complexité de la réponse : accuser une petite bande des dirigeants est trop facile, incomber cette responsabilté à un peuple entier est faux.

 

Annettte Wieviorka évoque, elle, le procès de Nuremberg : elle montre que les accusateurs ont plus insisté en 1946 sur les crimes contre la paix que sur le génocide juif et le crime contre l'humanité. En fait, l'importance du génocide juif ne sera comprise qu'en 1961 avec le procès du SS Adolf Eichmann.

 

Les spécialistes et passionnés de cette période seront comblés par ces entretiens de haute volée. Les plus néophytes devront s'accrocher mais seront intéressés par ces nouvelles idées.

 

Philippe Meyer, dans son entretien, explique bien sa démarche pour réaliser ce film : donner des faits, ne pas être indigné et moralisateur mais laisser le spectateur se forger un avis, montrer des destins d'individus qui se révèlent être des héros dans ces circonstances.

 

Mais comment ne pas être interpellé par sa dernière réflexion : le film était prêt fin 1987, il n'a été diffusé qu'en 1989, deux ans après. Pourquoi ? Il ne fallait pas diviser les Français ou sembler critiquer le candidat de l'extrême droite (Jean-Marie Le Pen) à l'élection présidentielle de 1988, lui a-t-on expliqué. Et enfin, dernier argument qui sonne comme un avertissement : "le nazisme, cela n'intéresse plus personne !" (!????) Cette réflexion devient d'une rare stupidité après le visionnage de ce DVD. Un chef d'oeuvre pour ne pas oublier.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage