Ciao Manhattan

L'histoire

Butch (Wesley Hayes) est un jeune homme désoeuvré qui parcourt la côté est des Etats-Unis à bord de son seul bien : une vieille Mercedes. Un soir, il ramasse, au bord de l’autoroute, une jeune autostoppeuse, Susan (Edie Sedgwick) dénudée qui s’effondre dans ses bras. Il découvre sur elle son adresse et la ramène chez elle. Il s’avère que cette junkie est la fille d’une riche bourgeoise et qu’elle a installé sa ‘chambre’ au fond de la piscine vide de la propriété.

Entre deux délires dues à l’alcool ou à la drogue, Butch va petit à petit découvrir ce que fût la vie de la belle Susan lorsqu’elle était à Manhattan, aux côtés d’Andy Warhol et de sa Factory…

Autour du film

Edie Sedgwick naît en 1943 dans une famille bourgeoise de la côte Est des Etats-Unis. Sa beauté lui permet de devenir mannequin et de voyager à travers le pays. Son charme lui permet de se faire remarquer par Andy Warhol, le célèbre artiste adepte du Pop Art. Elle tourne dans plusieurs films de celui-ci (Kitchen, Poor Little Rich Girl…), pose pour lui et devient un élément déterminant de la Factory (mouvement artistique initié par Warhol).

Malheureusement, la drogue et les excès vont finir par la consumer. Elle se drogue avec des substances de plus en plus puissantes. Ses mouvements d’humeur fréquents vont finir par provoquer une rupture avec Warhol avant que ses parents ne la place en cure de désintoxication. Pour un temps, Edie semble guérie et participera au tournage de « Ciao ! Manhattan » qui est une sorte d’autobiographie. Mais peu après le tournage, elle replonge dans la dépression et meurt en novembre 1971 d’une overdose de barbituriques.

« Ciao ! Manhattan » a été réalisé par John Palmer et David Weisman et tourné de 1967 à 1970. Sommet du cinéma expérimental, le film mélange des scènes en noir et blanc, des images de caméra de surveillance et des scènes en couleur. Ce film emblématique du cinéma ‘underground’ américain devait initialement être un polar noir sur fond de Factory. Mais le scénario, écrit sous l’emprise de stupéfiants, était bancal et les deux réalisateurs ont décidé de transformer le film en conservant néanmoins une partie de la trame initiale.

Critique subjective

Véritable fourre-tout autour de la vie d’ Edie Sedgwick, ce film est un O.V.N.I. dans le paysage cinématographique. La trame de l’histoire est difficile à suivre, surtout qu’on ne sait pas toujours si on est dans le réel ou le délire d’un ‘trip’ aux amphétamines. Le film nous permet tout de même de percevoir le charme et la beauté de ce mannequin qui a fait tourner la tête à de nombreux hommes de son époque. Celle-ci parvient même à jouer son rôle de junky de façon extrêmement convainquant. Tellement convainquant qu’on en vient à se demander si elle joue vraiment un rôle !

Si vous êtes un adepte du Pop Art et de la mouvance ‘Factory’, ce film culte, pour ce mouvement, est indispensable. Les autres spectateurs, hormis l’image forte des ravages causés par la drogue, risquent de fortement s’ennuyer et de bénir la présence de la touche ‘stop’ de la télécommande !

Le film a été très bien restauré. La définition est précise et les couleurs sont belles et assez vives pour un film de cette époque. Les passages en noir et blanc bénéficient également de très bons contrastes. Les effets de lumières sont soignés et le réalisateur utilise les éclairages pour des effets très créatifs. Il subsiste tout de même quelques tâches et de très légères rayures à certains moments du film, mais ces défauts sont minimes et ne viennent aucunement gâcher le spectacle.

Ce qui est plus gênant c’est que le film soit proposé dans une version 1.85 non anamorphique dans un cadre 4/3. L’éditeur aurait vraiment pu faire un effort à ce ne niveau.

Le DVD ne propose qu’une seule piste sonore en Dolby Digital 2.0. anglaise sous-titrée. La dynamique de cette piste est très satisfaisante et les voix sont claires et précises, même si l’accent américain ne les rend pas toujours faciles à comprendre. La spatialisation est en revanche pratiquement inexistante, même pour la musique de fond. Le film n’a jamais été doublé en français et l’éditeur nous propose donc par défaut un sous-titrage qui déborde malheureusement trop souvent sur l’image.

Pour cette édition, l’éditeur Carlotta nous offre un coffret de toute beauté et très original. En effet, un premier boitier, surmonté d’une belle photo d’Edie et qui se sépare en son milieu, recouvre un digipack aux couleur Pop Art et couvert de dessins de Warhol et de photos du mannequin. La section des bonus du DVD est bien fournie et contient les documents suivants :

Entretiens

Tous les entretiens présentés ici sont en VO sous-titré et apportent un éclaircissement intéressant sur le film.

Georges Plimpton (éditeur de la biographie d’Edie Sedgwick)

L’auteur raconte comment il a connu Edie, la façon dont il l’a vu évoluer et comment il a rassemblé les documents et interviews pour écrire sa biographie. L’entretient est agrémenté de nombreuses photos d’époque.

Betsey Johnson (styliste et costumière du film)

Celle-ci revient sur la création des costumes pour le film et sur ses relations avec Edie.

David Weisman (co-réalisateur)

Le réalisateur revient sur la genèse du film, depuis l’influence de la ‘Factory’, jusqu’au montage final.

Wesley Hayes (acteur principal)

L’acteur explique comment il s’est retrouvé dans ce film par hasard et la façon dont s’est déroulé le tournage (de la partie en couleur). Il nous donne aussi une vision intéressante de la personnalité Fascinante d’Edie.

Bande annoce orriginale

La classique bande annonce de film. Celle-ci à le mérite d’être aussi déjantée que le film lui-même.

Ciao ! Manhattan retrouvé

En 1999, David Weisman découvre 90 boîtes de rushes de « Ciao ! Manhattan », dont la plupart, en noir et blanc, datent de 1967. Ces images ont presque toutes été filmées par John Palmer. Malheureusement, la bande sonore de ces scènes a disparue. Ce document permet de découvrir ces images avec ou sans le commentaire audio de David Weisman.

 

Commentaire audio

Commentaire entier du film par les co-réalisateurs David Weisman et John Palmer et de l'acteur Wesley Hayes