En toute bonne foi

L’histoire

Jonas Nightengale (Steve Martin) dirige un « spectacle » religieux itinérant qui se produit dans toutes les grandes villes américaines. Lorsque l’un de ses camions tombe en panne dans une petite ville texane, le prédicateur ambulant décide de monter la tente et de produire quelques spectacles pour payer son personnel et ne pas trop puiser dans sa maigre trésorerie.

Durement touché par la crise économique et une sécheresse qui dure depuis plusieurs années, la petite ville n’est pas le lieu idéal pour accumuler les dons généreux. D’autant que le shérif (Liam Neeson) du comté voit d’un très mauvais œil l’arrivé de cet escroc venu prendre le peu qu’il reste à sa population…

Critique subjective

A sa sortie, ce film a beaucoup choqué les américains car il est l’un des premiers à dénoncer les abus des prédicateurs de foire qui utilisent des méthodes très sophistiquées et de haute technologie afin de fabriquer des « miracles ». Le film insiste d’ailleurs très bien sur cet aspect, puisque nous suivons une « messe » complète depuis la récolte des informations utiles auprès de la population (relations, disputes en cours…), jusqu’à la mise en place du public par des « ouvreuses » professionnels et le duplex entre la salle vidéo qui donne des informations au prédicateur via un minuscule récepteur placé dans son oreille.

Le film va tellement loin dans la dénonciation de ces pratiques qu’on est à la limite entre une comédie et un drame. Le thème majeur du film est d’ailleurs de savoir si le prédicateur vole la population en lui racontant des mensonges (thèse du shérif) ou s'il leur apporte un bon spectacle et un peu d’espoir, ce qui mérite salaire (thèse du prédicateur). Le débat reste tranché, mais il est vrai que le spectacle donné par Nightengale et sa troupe est de toute première qualité, avec en particulier des gospels absolument magnifiques.

Steve Martin joue le rôle principal à la perfection, avec un début de film où il parvient à être réellement ignoble par son cynisme grinçant : un vrai délice ! Homme de spectacle, il est parfaitement à son aise lors de ses spectaculaires sermons et ses danses et mimiques délirantes ne laisseront personne de marbre. L’acteur tient d’ailleurs le film, car ses partenaires ne sont pas follement expressifs. Liam Neeson semble avoir du mal à revenir de Naboo et est particulièrement apathique en policier qui essaie de s’opposer au « mal », tout en restant dans la légalité et en tombant amoureux de l’assistante du prédicateur. Les deux vedettes féminines ne font d’ailleurs pas beaucoup mieux.

Heureusement, la mise en scène est meilleure et Steve Martin est au top de sa forme. Ce n’est toutefois pas réellement l’un de ses rôles comiques et la fin du film démontre qu’il est capable d’un jeu d’une grande sensibilité et de beaucoup de subtilité. Cela fait de ce film un spectacle à voir et non dénué d’une intéressante réflexion de fond sur la foi.

A ce propos, DVDcritique va maintenant passer parmi vous avec des paniers, vous donnez ce que vous voulez, mais souvenez-vous : « la générosité est la preuve de foi la plus appréciées de Jesus ! Alléluia ! ».

Le transfert numérique de ce film de 1992 a été très bien réalisé. A part un très léger tremblement de l’image, surtout perceptible au moment des génériques, cette image est très belle. La définition est bonne, dans tous les plans de l’image. Les couleurs sont assez belles, même si on note parfois un léger manque de saturation. Les ciels sont parfois un peu trop surexposés mais ne fourmillent pratiquement pas. L’ensemble nous permet donc de profiter du film dans les meilleures conditions.

Plusieurs pistes sonores sont offertes, dont une piste Dolby Surround française et une piste en Dolby Digital 5.1 anglaise. La piste française est satisfaisante dans l’ensemble, avec un doublage de bonne facture et une spatialisation soignée. On regrette tout de même que la dynamique de cette piste ne soit pas très bien réglée car on passe son temps à jouer avec la télécommande pour saisir les dialogues et ne pas abrutir le voisinage avec la musique. Les effets surround sont par ailleurs assez peu marqués sur la piste française.

La piste anglaise est de bien meilleure qualité, avec un son très enveloppant, ce qui se ressent particulièrement lors des cérémonies où l’on apprécie pleinement les magnifiques gospels qui agrémentent le film. A ce propos, je recommande chaudement la magnifique mélopée A Capella qui ponctue le montage de la tente au chapitre 3.

Pour ce DVD, l’éditeur Paramount ne nous propose pas d’autre supplément que le chapitrage complet du film. Il est à noter que le film démarre automatiquement sans passer par le menu, qui est complètement statique et muet.