Critique SubjectiveLe personnage historique.Gaston III, comte de Foix (1331-1391), plus connu sous le nom de Gaston Phébus qu'il devait à ses cheveux blonds dorés, est le type même de ces grands féodaux du Midi de la France dont les moeurs violentes ont laissé un souvenir dans les annales.
Fils de Gaston II et d'Éléonore de Comminges, il succéda à son père à l'âge de 12 ans. Chevalier d'une grande bravoure — mais d'un caractère emporté : il tua son fils dans un accès de colère —, protecteur des lettres et des arts (il est lui-même l'auteur d'un célèbre
Livre de la chasse), il fut le type même du grand seigneur féodal. Au service de Philippe VI de Valois, il prit part à l'expédition de Calais (1347), mais sa rivalité avec les Armagnacs dans la question de Bigorre lui valut l'inimitié de Jean II le Bon. Gaston partit alors pour la Prusse, où il combattit les Slaves avec les chevaliers Teutoniques (1356) ; de retour en France, il contribua à réprimer la jacquerie, puis s'allia aux Grandes Compagnies pour lutter contre son rival, le comte Jean d'Armagnac, qu'il battit et fit prisonnier près de Launac (1362); sa rançon permit à Gaston de Foix d'entretenir à Orthez une cour fastueuse. Charles V reçut sa soumission et le fit lieutenant-général du Languedoc (1377). N'ayant pas d'héritier, Gaston légua à sa mort ses domaines à la Couronne. Gaston III de Foix meurt à Orthez en 1391, au retour d'une chasse à l'ours.
Jean Froissart, qui séjourna à la cour d'Orthez entre 1388 et 1389, nous en a laissé dans sesChroniquesun remarquable portrait et raconte par le menu les circonstances tragiques qui avaient amené le bouillant seigneur à tuer son propre fils au cours d'une altercation (il tue son fils unique, hémophile, en l'égratignant avec son couteau en voulant lui faire peur... ) C'est peut-être à la suite de ce drame, que Gaston Phébus composa son
Livre des oraisons, recueil de prières, toutes rédigées en français sauf les trois premières. Mais le comte de Foix est plus connu dans l'histoire littéraire à cause de son Livre de la chasse , un des meilleurs traités médiévaux consacré au sujet, et dont on conserve un grand nombre de copies. Une traduction provençale anonyme du
Liber de proprietatibus rerum de
Barthélemy L’Anglais fut également dédiée à ce grand seigneur cultivé.
Mais retourons plutôt à quelques faits plus historiques et moins télévisuels : Bon, il était aussi plus connu pour ses nombreuses maîtresses (pauvre Agnès de Navarre, sa femme) et ses accès de colères (pauvre frère qu'il a fait assassiner). Une petite anecdote ? Il entretenait une meute de plus de 600 chiens...Sa devise était la suivante : " Toque-y si gause" en clair "Touches-y si tu l'oses".
La fiction.Gaston Phébus est une fresque historique flamboyante qui prend le temps d’installer son intrigue. EN 6 épisodes, il nous montre à quel point la soif de vengeance peut détruire un homme, une contrée, un pays. La reconstitution historique se veut fidèle dans l’ambiance, les costumes et la retranscription des mœurs violentes de l’époque. Quant aux acteurs, on y retrouve de futures grandes pointures comme Nicole Garcia, délicieuse dans le rôle d’une salope intégrale sans scrupules. Gaston Phébus est une fresque qui peut surprendre parce qu’elle est loin des contraintes scénaristiques actuelles. Pas de manichéisme, pas de personnage noir et blanc, un reflet exact d’une humanité médiévale peu reluisant faite de conflits , de crime, de parricide. Les personnages sont attachants et intéressants et l’intrique nous donne envie d’aller au bout de ces deux DVD et de ces 5h26 de programme.
Un dernier mot ?Un DVD à acheter plus pour le fond que pour la forme, ce qui est de tout évidence un paradoxe monumental.