L'histoire :
Sorti vainqueur d’un duel humiliant, Chingkuo, le chef d’un groupe d’épéistes renégats prend, pour récompense, le fils de son adversaire déchu. Il élève ainsi Wang Ning comme son propre enfant, faisant de lui un expert dans le maniement du sabre. Son éducation terminée, il le charge de tuer Kukuo, son véritable père. Mais le jeune homme, sa mission accomplie, découvre la terrible vérité. Ivre de douleur, il jure de se venger de l’usurpateur …
Critique subjective :
Ce film s’inscrit dans la lignée des films de sabre qui sont inspirés du film du réalisateur Chang Cheh (1934-2002), The New One Armed Swordsman (La Rage Du Tigre, 1971) qui reste le film de sabre référence ultime pour Quentin Tarantino. La rage du Tigre est le troisième volet de la fameuse trilogie du sabreur manchot, illustre exemple du cinéma de cape et d'épée de Hong Kong (appelé le Wu Xia Pian). Dans les années 60 et 70, ces productions du cinéma Wu Xia Pian étaient très nombreuses.
L’histoire de cette trilogie a donné naissance à toute une dynamique de création opposant les deux grosses société de production de l’époque (la Golden Harvest et la Shaw Brothers). Suite au succès des deux premiers volets de la trilogie Un seul bras les tua tous (one-armed swordsman, 1967) et Le Bras De La Vengeance (The return of the one-armed swordsman, 1968),
Wang Yu qui incarne le sabreur-manchot décide de quitter la Shaw Brothers pour aller rejoindre la toute jeune société de production Golden Harvest (la Shaw Brothers, la plus puissante société de production à l'époque, eut la mauvaise idée de laisser partir Bruce Lee chez la Golden Harvest, épisode d’ailleurs relaté par
Wang Yu lui-même dans les bonus du
DVD du Boxeur manchot dans la saga du kung Fu volume 4).
Wang Yu reprendra à son compte le personnage du sabreur manchot et créera, pour la firme concurrente,
The One-Armed Boxer en 1971 (il en sera même le réalisateur) avant de réaliser le talentueux
Le Dieu de la Guerre (Beach of the War Gods - 1972).
En réaction, Run Run Shaw demandera à Chang Cheh de se réapproprier la série à l’occasion d’un New One-Armed Swordsman mettant en vedette David Chiang dans le rôle titre. Ce dernier épisode connu sous le titre de La Rage Du Tigre est peut-être le plus impressionnant de la série et plutôt qu'une suite (contrairement aux deux premiers volets qui se suivent), ce troisième volet revisite le mythe du sabreur manchot.
Frères d’armes (What Price Survival) qui se veut une sorte de mise à jour expérimentale de l’œuvre de Chang Cheh et notamment sa trilogie du sabreur-manchot, montre cette fois l’acteur Wu Hsing Kuo, interprète du héros se couper le bras droit à l’aide de son sabre à la fin du combat final.
Cette fois donc, david Chiang joue le rôle du père de celui (Wu Hsing Kuo) qui se privera d’un bras.
Daniel Lee réussit là un hommage au film de sabres et à Chang Cheh en modernisant le genre. Il allie combats de sabre et affrontement entre le maître incarné par David Chiang et un groupe de motards par exemple. Le coup du bras coupé est reprit et celui des sabres que le sabreur envoie en l’air au dessus du pont dans le film de Chang Cheh est réinterprété grâce à une astuce inédite. Le sabreur dissimule un sabre dans une pièce de bois sur laquelle est gravée l’épitaphe suivante « la tombe de mon père ». Il faut comprendre la mort de son père adoptif qui l’a utilisé pour faire tuer son vrai père.
Cependant, Frères d’armes m’est apparu d’une qualité légèrement inférieure à celle de La rage du Tigre et des films hommages récents au Wu Xia Pian tels que Tigre et dragon ou Hero. La différence tient plus de la virtuosité de la mise en scène, de la maîtrise du cadre et de la photo qu’à un problème de scénario ou même d’acteurs. Il suffit de comparer les performances de jeux d’acteurs comme Tony Leung et Andy Lau dans des productions différentes (Tony leung dans La rose noire et Andy Lau dans Running out of time comparés à Infernal Affairs) pour se rendrent compte de l’importance de la mise en scène.
Mais, Daniel Lee permet d’inscrire le film de sabres dans un contexte plus moderne ce qui après réflexion n’est pas évident si on considère qu’il est plus difficile de trouver un contexte où placer des affrontements aux sabres dans le monde moderne sauf à faire highlander ou à s'appeler Quentin Tarantino.
Verdict :
Frères d’armes reste le meilleur film de la sélection de la collection Asian connection jusqu’à preuve du contraire ou que de nouveaux films viennent la compléter. Si vous aimez les film de Wu Xia Pian foncez l’acheter.