Little Odessa

Genre
Pays
Etats-Unis (1995)
Date de sortie
jeudi 5 décembre 2002
Durée
94 Min
Réalisateur
Producteurs
Paul Webster
Scénaristes
James Gray
Compositeur
Dana Sano
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Anglais
Non
Non
Non
Français
Oui
Non
Non
Le Film
Critique de Maxstar
Editeur
Edition
Simple
Label
Zone
2
Durée Film
94 min
Nb Dvd
1


Voilà des années que Joshua Shapira, tueur professionnel, n'a pas mis les pieds à Brighton Beach, le quartier russe de New York, où il passa jadis son enfance. Et pour cause : son père Arkady, modeste vendeur de journaux juif, l'en a banni quand il a découvert quel genre de métier exerçait son fils. C'est donc à contrecoeur que Joshua accepte de d'aller y exécuter un bijoutier, d'autant que la mafia ukrainienne se déclare prête à lui faire la peau. Mais quand il apprend que sa mère, Irina, est atteinte d'une tumeur au cerveau, il décide de lui rendre une dernière visite. Son jeune frère voit très vite en lui une idole...

 

30 secondes chrono! 30 petites secondes, c'est le temps qu'il aura fallu à ce qui reste aujourd'hui le meilleur film de James Gray pour présenter l'un de ses personnages principaux, sinon le principal. D'abord un regard, perdu dans l'obscurité. Puis le choc. Un homme est assis sur un banc public, il lit le journal. Un deuxième homme s'approche d'un pas rapide, dégaine, et tue le premier de sang froid. Le personnage est posé. 30 secondes... le film est lancé et il ne s'arrêtera que 90 minutes plus tard, ayant emporté avec lui des hommes et des femmes qui n'avaient plus d'emprise sur leur propre existence. Voilà ce qu'est très certainement Little Odessa : non pas une descente aux enfers, mais la lente, triste et douloureuse agonie d'une famille qui finira par s'éteindre dans un dernier sanglot utopique, à l'image de la tumeur qui ronge la mère de famille de l'intérieur, pourtant seul élément de rapprochement et de construction dans un cercle familial où les rapprochements ne sont qu'affrontement et destruction.

 

Ce premier plan succède à quelques longues secondes de chants russes sur fond noir, qui plongent le film dans une atmosphère à la fois onirique et oppressante, aussi langoureuse que cet hiver russe en plein New York. Ce "climat" glacial, il ne s'estompera pas au cours du film, bien au contraire. A l'image de la neige qui s'accumule jour après jour, l'atmosphère devient plus dense, de plus en plus épaisse et étouffante, en même temps que les personnages comme les spectateurs ne peuvent s'empêcher de glisser vers un dénouement semble-t-il inéluctable. Le hasard faisant parfois bien les choses, les affreuses conditions climatiques durant le tournage auront d'ailleurs donné au film un aspect quasi-surréaliste, alors qu'il prend en même le temps un parti pris assez réaliste, presque documentaire. Le quartier russe de Brighton Beach paraît ainsi complètement isolé du reste de la ville, et devient un personnage à part entière, aussi replié sur lui même que le sont ses habitants. On pensera d'ailleurs à ce sujet à Martin Scorsese qui lui a depuis longtemps lié le destin de ses personnages à différents quartiers de la Grosse Pomme.

 

Cette entrée en matière (chants + premier meurtre), très rapide, témoigne d'une maîtrise du sujet assez folle, surtout pour un premier film. Le cinéaste américain réussit d'ailleurs, sur l'ensemble de son film, à imposer une limpidité exemplaire. Rien de semble superflu, et cette exposition rapide et sans détour des personnages en est d'ailleurs assez troublante. Très vite, également, on va se rendre compte que Little Odessa est un film sur l'injustice; un film où des hommes (le père, et son fils Joshua) détruisent ceux avec qui ils vivent au nom de l'amour. L'un comme l'autre incapables de faire le bien, le deuxième probablement par révolte contre le premier et ce qu'il lui a fait endurer étant jeune (en est-il plus excusable pour autant?), ils mènent une guerre qui n'épargnera que deux personnes : eux-mêmes. Est-ce que tout cela est volontaire? On peut logiquement penser que non... Mais la haine qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, notamment celle du fils qui revit à travers son cadet les souffrances passées et les coups de ceintures essuyés comme seul moyen de communication avec l'autorité paternelle, sont paradoxalement constructives pour ces deux hommes, qui ne semblent vivre plus que dans l'optique de rabaisser l'autre (plus que de le tuer).

 

"Il y a un diction qui dit :
Un enfant de 6 ans dit que son pere sait tout faire. Quand il a 12 ans, qu'il sait presque tout faire. A seize ans, que c'est un idiot. A vingt-quatre, il dit que son père n'était peut-être pas si idiot que ça. Puis à quarante ans, il dit : si seulement je pouvais demander à mon père... J'ai bien peur que mes fils ne me disent jamais ça."

 

Il est à ce propos assez intéressant de remarquer que dans Little Odessa, les grandes paroles ne sont en général qu'hypocrisie, et cette scène montre parfaitement l'ironie de ces situations. Ces mots, c'est le père de famille qui les prononcera, se confessant sur l'oreiller de... sa maîtresse... Ne pourrait-il pas se les appliquer à lui même? Lui qui semble rejeter à jamais un fils qu'il n'a pas voulu apprendre à aimer? Il serait facile de reporter les responsabilités sur l'un ou l'autre en particulier, et c'est ce que font ces deux individus, qui refusent d'admettre leur implication respectives dans ce drame familial... Amour? Non, orgueil et complexe de supériorité... Un jeu mortel (pour les autres) où l'on ne vaincra que dans l'humiliation de l'autre. En refusant de tuer son père dans la neige, en choisissant à la place de lui retirer l'autorité dictatoriale dont il avait fait preuve jusqu'ici, il le tue... littéralement.
Et pourtant, pourtant, il y avait un rêve derrière tout ça... Le rêve américain, pas forcément. Le rêve d'une famille unie, sachant combiner traditions et nouvelles aspirations, plutôt. Le climat oppressant de cet appartement familial, à la rusticité presque organique, filmé dans un cinémascope cassé dans son élan par les plans serrés et en même temps terriblement froids, permet à James Gray de donner quelques éléments de compréhension quant à cet échec qui coûtera la vie aux plus faibles. Cette opposition entre aspirations premières et destruction qui en aura finalement résultée, on la retrouve dans chaque plan du film, dans chaque variation du thème musical qui ne laissera à aucun moment place à l'espoir. Les deux derniers plans viennent nous rappeler que rien n'a finalement changé : le rêve est resté rêve (les deux frères et la mère réunis), et Joshua reste Joshua : visage figé, encore remplit d'une haine qui l'empêche de se rendre compte du drame dont il a été acteur et qu'il ne pourra à l'avenir déplorer qu'en témoin...
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
Une image plutôt correcte, bien qu'elle ne soit pas forcément très éclatante. Elle présente néanmoins des qualités que son homologue zone 1 n'avait pas forcément. La définition n'est pas affûtée comme on l'espérerait, mais elle est suffisamment bonne pour que l'on puisse apprécier les détails des superbes cadres de James Gray. Les couleurs respectent quant à elles à merveille la photographie originale du film, et s'il subsiste quelques défauts d'image (quelques taches de pellicules et autres saletés), Opening peut au moins se targuer d'offrir une excellente compression et une image très naturelle. Sans atteindre des sommets, cette image est donc tout à fait correcte et permet de (re)découvrir le film dans de bonnes conditions.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
5.1
Français
5.1
Anglais
5.1
Anglais
5.1
Je n'ai regardé le film dans son intégralité qu'en VO sous-titré, avec la piste DTS. Que dire de cette piste remasterisée et remixée si ce n'est qu'elle a la bonne idée de ne jamais trop en faire. On pouvait en effet craindre une volonté de spatialisation à tout prix (procédé Arkamys oblige...), il n'en est heureusement rien... Je n'ai jamais eu l'occasion d'écouter la piste 2.0 surround d'origine (que le dvd zone 2 oublie magistralement d'inclure... mais c'est une habitude des éditeurs...), je ne pourrais donc pas parler d'éventuelles différences... Ce qui est à retenir, c'est que les surround, sauf cas rare, savent se taire et laisser la place à une scène sonore frontale de très bonne facture. Les voix sont parfaitement claires, les montées musicales se font sans accros et avec une excellente présence... Bref, il n'y a à mon avis pas grand chose à y redire. Le film ne se prêtait de toute façon pas à un déluge d'effets... Concernant les autres pistes, notamment la Dolby Digital en VO, les passages que j'ai pu tester amènent à un constat maintes fois établi : pourquoi insérer 4 pistes son sur un même DVD alors que cela annihile toute éventuelle supériorité technique que le DTS peut apporter? Bref, elles sont elles aussi plutôt bonnes, et les différences sont suffisamment minimes pour que personne ne soit lésé...

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
20 min
Boitier
Amaray


On perd l'excellent commentaire audio du dvd zone 1, au profit d'une interview du metteur en scène français Mathias Ledoux à propos d'Edward Furlong. C'est bien maigre pour un tel film...

 

Interview : Edward Furlong par Mathias Ledoux (17 minutes)
Le cinéaste français parle de manière assez hagiographique d'Edward Furlong (avec qui il a tourné récemment), ce qui pourrait sembler un peu dommage. Néanmoins, il dit des choses relativements justes et intéressantes, donc l'ensemble passe plutôt bien... Il est juste dommage que ce supplément soit le seul sur le disque...

 

Bande annonce du film en version originale anglaise sous-titrée en français, format respecté non anamorphique.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage