L'histoire :
Bangkok 2009, Kid Silencer, un tueur à gages expérimenté et toujours armé de deux revolvers à silencieux, est contacté pour assassiner Iron Cop, le chef de la police de Bangkok. De son côté, Buffalo Gun, autre tueur professionnel récemment sorti de prison, est lui aussi chargé d’éliminer Iron Cop. Manque de chance ou hasard cruel, les deux hommes choisissent le même jour et le même lieu pour exécuter leur mission. Seul hic : Kid Silencer reconnaît en Buffalo Gun l’assassin de ses parents !
Critique subjective :
Killer Tattoo de Yuthlert Sippapak est un polar qui relève autant des polars hongkongais de
John Woo (
Une balle dans la tête, 1990) que de ces fameuses situations burlesques qu’affectionne
Quentin Tarantino dans des films comme Pulp Fiction par exemple. Pour son premier film, le réalisateur Thaïlandais met en scène la plus improbable équipe de tueurs à gage qu’ait connu la Thaïlande et peut-être la sphère cinématographique de ces dernières années. Yuthlert Sippapak a eu le temps de subir de multiples influences pendant les deux années qu’il a passé à étudier à la Fine Art Student’s League de New York. Après trois années de préparation du film, ce nouveau réalisateur qui a réalisé depuis February (2003), Buppah Rahtree (2003) et Buppah Rahtree Phase 2 : Rahtree Returns (2005) est comparé au prolifique et diversifié Takashi Miike.
La plupart des acteurs sont peu connus hormis
Petchtai Wongkamlao qui incarnait le cousin de Tony Jaa dans Ong-bak (2003) où l’on assiste aux scènes de combats les plus hallucinantes depuis Bruce Lee. A l’image du personnage Elvis M 16 incarné par Pongsak Pongsuwan, Killer Tattoo a de quoi surprendre. Si la bande de tueurs de Reservoir Dog de Tarantino était peu recommandable, le gang de looser de Killer Tattoo a quelque chose de pathétique et de très comique. Il faut dire qu’avec une équipe composée d’Elvis M 16, un tueur sosie convaincu d’Elvis Presley, un sniper shooté et un artificier peu fiable, la fine équipe qui est embauchée parce qu’il n’y a pas eu de tueurs dignes de ce nom en Thaïlande depuis l’arrivé de la main-d’œuvre américaine conduit immanquablement à de grande moments d’humours. On retrouve d'ailleurs cet esprit dans d'autres productions thaïlandaises comme
Siamese Outlaws (2004) ou
Goodman Town (2002).
Le point fort de Killer Tattoo c’est sa galerie de personnages nommés Kit Silencer, Buffalo Gun, Ghost Rifle, Dog Badbomb ou Elvis M 16 et les situations burlesques qui en découlent. Cependant, l’action reste toujours présente bien que l’on puisse finir par se lasser du joyeux fourre-tout que Jean-Pierre Dionnet n’hésite pas à qualifier de Tarantinerie. En dépit de la dimension comique du film, les personnages aux noms évocateurs trimballent des blessures profondes comme Pae Buffgun (Suthep Pongam) qui veut retrouver sa fille alors qu’il sort de prison ou Kit Silencer (Somchai Kemglad) dont l’activité de tueur ne semble finalement motiver que par un sentiment de vengeance contre le tueur tatoué de ses parents qu’il recherche obsessionnellement (ceci explique le titre qui fait bien entendu allusion au tatouage porté par le tueur des parents de Kid Silencer). Nous sommes en face d’une des plus belles collections de loosers qui vaut tout de même un petit coup d’œil d'autant que la bande originale est assez pêchue.
Verdict :
Killer Tattoo est un polar déjanté qui semble issu d’une greffe entre une souche cinématographique Tarantinienne et le goût pour les scènes d’actions du cinéma hongkongais à la John Woo. On rigole autant que l’on apprécie les scènes d’actions nombreuses et plutôt bien rythmées. Cependant, si les amateurs du genre et du cinéma thaïlandais s’y retrouveront sûrement, les autres risquent de trouver Killer Tattoo un peu trop exotique et déjanté.