Lila dit ça

Genre
Pays
France (2005)
Date de sortie
mardi 6 septembre 2005
Durée
89 Min
Réalisateur
Producteurs
Marina Gefter
Scénaristes
Ziad Doueiri d’après l’ouvrage de Chimo
Compositeur
Nitin Sawhney
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires
Image : John Daly
Son : Laurent Lafran, Sylvain Lasseur, Nicolas Naegelen
Critique Cinéma
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Non
Non
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
89 min
Nb Dvd
1


L'histoire :

Il n'a encore jamais parlé de "ça", comme ça, avec personne.
Elle n'a encore jamais trouvé personne à qui parler.
Elle ne pense qu'à ce garçon-là, il faut parler de ça pour s'en faire aimer.
Elle a 16 ans et lui 19.

Critique subjective :

Pour son deuxième film en tant que réalisateur et après West Berouth (1998), Ziad Doueiri a choisit d’adapter Lila dit ça, un roman qui est entré dans les annales de la littérature érotique et dont l’auteur, un certain Chimo reste jusqu’alors inconnu. La légende dit qu’en décembre 1995, Olivier Orban - PDG des Editions Plon - l’aurait reçu par le biais d’un avocat, sous forme de 2 cahiers Clairefontaine, rédigés à la main et signés d’un certain Chimo. Pourtant Lila dit ça a connu un franc succès dans plusieurs pays où il a été considéré comme un grand roman féministe.

L’adaptation a pris quelques libertés par rapport au roman mais avec beaucoup de justesse. L’histoire originale se déroule dans la région parisienne mais le réalisateur a préféré planter son film dans les décors et l’ambiance méditerranéenne de Marseille afin de se rapprocher des ambiances qu’il connaît lui-même c’est-à-dire celles de son enfance au Liban puis aux Etats-Unis où à 18 ans, il fuit la folie de la guerre civile qui sévit au Liban. Ziad Doueiri voulait également éviter de reproduire ce qui avait été fait dans La haine (1995) de Matthieu Kassovitz d’autant qu’il explique ne pas connaître l’univers de la banlieue parisienne. En cours de route et comme pour mieux coller avec la scène où la caméra suit le couple qui glisse sur les quais de Marseille, le vélo sur lequel se balade Chimo et Lila dans le roman devient un solex, véhicule quasi mythique que le réalisateur trouve fascinant avec son moteur posé sur l’avant. L’engin a subit un allongement de son cadre afin de permettre au couple d’y tenir tandis que la fin du film a été aménagée afin d’être moins tragique que celle du roman.

Lila dit ça fonctionne très bien en partie grâce à une distribution parfaite des deux rôles principaux interprétés par Vahina Giocante (Lila) que l’on a pu voir ou apercevoir dans Marie Baie des Anges (1997), Le cadeau d'Elena (2004) ou Blueberry (2004) et Mohammed Khouas (Chimo) dont c’était la première apparition au cinéma. Le réalisateur a pu affûter son sens de la réalisation et de la photo aux côtés de personnalités comme Quentin Tarantino (dossier Tarantino)  dont il a été premier assistant chef-opérateur pour Reservoir Dogs (1992), Pulp Fiction (1994) et Jackie Brown (1997). Naturellement on retrouve un certain sens de la lumière avec une photo qui rend le personnage de Lila solaire dans un environnement déjà très lumineux. La blondeur de Lila irradie et capte la lumière et l’attention pour le meilleur et pour le pire.

Afin de faire partager sa vision du film aux deux jeunes acteurs, Ziad Doueiri leur à fait visionner Rusty James (Rumble fish, 1983) de Francis Ford Coppola, pour la légèreté et l’insouciance des personnages, Léolo (1992)  de Jean-Claude Lauzon, un film très lyrique avec une voix off du début à la fin et de la musique partout et The Cement Garden (1993) d’Andrew Birkin qui est un film sensuel et étrange. Il en découle ce mélange très subtil et toujours maîtrisé qui permet à Lila dit ça de rester un drame érotique qui emprunte des propos pornographiques en les contenant dans le cadre d’un film sans vulgarité sur la difficulté d’aborder une relation amoureuse .

Le personnage de Lila peut être perçu comme une figure féminine agressive qui peut faire peur aux hommes comme le confirme l’acteur Karim Ben Haddou qui incarne un des amis de Chimo. Elle se définit cependant à partir d’une psychologie complexe qui se développe autant sur la base d’une enfance perturbée que sur des influences extérieures telles que les médias par exemple. Le discours amoureux de Lila a du mal à s’ancrer dans un langage policé et se manifeste par une expression pornographique qui surprend de la part d’une jeune fille. On retrouve la difficulté éprouvée par les jeunes filles (les garçons aussi par ailleurs) des banlieues à se dévoiler pour parler d’amour simplement, contraintes par le milieu machiste dans lequel elles vivent et exposées à la pornographie contemporaine qui a tendance à devenir la norme.
 
Chimo est un personnage qui est dépassé et décontenancé par Lila qui a une façon insolente d’aimer, s’exprime très librement et avec ambiguïté sur le sexe tout en étant très sincère. A propos de cette différence de discours entre les hommes et les femmes, le réalisateur pense que quand les femmes disent sensuel, les hommes disent sexuel mais ils parlent en fait de la même chose. Les deux personnages n’osent pas s’avouer mutuellement leur amour, lui par ce que c’est un garçon solitaire, sensible dans le milieu compliqué d’un quartier populaire et elle par ce qu’elle n’a pas d’autres modèles qu’une tante un brin dérangée qui entretien un climat incestueux et des coupures de presse sur la pornographie. Deux univers bornés par ce qu’il y a de moins flatteur pour une romance se rencontrent et se complètent. Chimo profitera pleinement de cette rencontre avec Lila dont il dit qu’il y a « une digue qui s’est cassé en lui ». Lila le choisi et lui trouve une muse grâce à laquelle « les mots lui sortent mieux » ce qui dans la réalité a permis l’écriture du roman écrit par le vrai Chimo et qui peut-être est devenu un grand écrivain.

Le réalisateur confie avoir une vision apocalyptique de la religion. Ce n’est pas le sujet du film mais il y a des moments où il s’est permis d’aborder la question religieuse mise en perspective par les affrontements au Moyen-Orient et les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, il fait dire au personnage de Chimo en voix off qu’entre sauver la Palestine et une chatte il choisit la chatte juste après que deux religieux musulman se soient avancés vers lui pour le saluer tandis que lors d’une descente de police un des personnages commente la scène en faisant remarquer que « depuis que ces connards ont fait péter New York, ici aussi ils y ont droit aux emmerdes policières ».

Verdict :

Lila dit ça présente une histoire moderne qui met en scène le désir et l’amour entre deux jeunes gens sans tomber dans les pièges d’un cinéma racoleur (contrairement à la bande-annonce). Il s’agit d’un drame érotique soft qui emprunte des propos pornographiques en les contenant dans le cadre d’un film sans vulgarité sur la difficulté d’aborder une relation amoureuse. De plus, ce très beau second film ménage quelques passages musicaux particulièrement réussis.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1

Le master comporte quelques petites taches blanches et noires, visibles surtout au début. L’image est très belle et on en peut lui reprocher que les striures qui apparaissent sur les arrêtes des formes. La compression se comporte très bien et la colorimétrie profite pleinement d’un étalonnage bien senti. La photo a été soignée car on le sait Ziad Doueiri a été premier assistant chef-opérateur de Quentin Tarantino et n’ignore rien de l’importance de la lumière et du choix de diaphragme. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à tourner souvent en contre-jours pour créer des ombres comme lors de la scène où le couple glisse le long des quais du port de Marseille sur le solex rallongé pour les besoins du film. On apprécie aussi la justesse de la luminosité adaptée pour chaque type d’ambiance qui découpe le film. La luminosité du personnage de Lila est accompagnée d’une lumière irradiante qui contraste évidemment avec celle plus fade dans le quartier populaire où évoluent les potes de Chimo. Le contraste marqué est bien dosé autant pour les scènes d’intérieurs que lors des grands travellings le long des quais de marseille.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
2.0
Français
5.1

Cette édition de Lila dit ça est proposée avec une piste audio stéréo PCM (1536 Kbps) et une piste audio Dolby Digital 5.1 (448 Kbps). Ces deux pistes sont très bonnes et exploitent les surround de manière très honorable. La piste PCM et cependant plus puissante que la piste Dolby Digital 5.1 dont les basses sont en dessous de celles de la piste PCM qui procure une très bonne expérience sonore. On peut donc passer d’une piste à l’autre avec un certain confort audio mais il nous semble que la piste sonore PCM est presque sans surprise plus intéressante et agréable à l’écoute. Sur la bande originale on retrouve pas mal de bons morceaux de Air ou de la chanteuse Vanessa Daou dont Chimo tient la pochette du disque Zipless à la vingtième minute (20 mn 42) tandis qu’il écoute un des morceaux. On entend également du William Orbit ou un bref passage de Natacha Atlas. Le réalisateur a délibérément évité l’utilisation clichée du rap, pour aller vers des groupes anglo-saxons.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
39 min
Boitier
Amaray


Par moment le son des interviews décroche un peu probablement à cause d’un problème de prise de son (problème négligeable). L’équipe s’exprime largement sur le film et leur travail respectif mais on aurait envie d’en apprendre un peu plus sur le travail du cadre et de la photo du film.

Bonus :

- Making-of (11 mn 38) : le making-of mélange des passages tirés des interviews avec des images du tournage. Donc pour les plus pressés, le making-of permet d’avoir un concentré d’information sur le film ; tous les acteurs du projet s’expriment.
- Interviews : Vahina Gociante (4 mn 52), Mohammed Khouas ( 3 mn 21), Karim Ben Haddou ( 4 mn 39 ), Ziad Doueiri  - partie 1 (7 mn 37), Ziad Doueiri  - partie 2 (5 mn 54)
- Bande-annonce (1 mn 11)
- Crédits
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
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Multi-angle
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Crédits