Jour et nuit

Synopsis
Dans une petite ville au bord de la rivière jaune, Maître Zhongmin et son apprenti Guangsheng descendent tous les jours dans la mine, qui fait vivre toute la région, tandis que sa femme et leur fils vont vendre des légumes au marché. Chaque nuit, la femme du Maître Zhongmin quitte son mari, affaibli et vieillissant, pour rejoindre Guangsheng dans son lit, où ils font l’amour. Jusqu’au jour où un coup de grisou secoue la mine et cause de nombreuses victimes...
Le réalisateur
Wang Chao est né  en Chine en 1964. Il travaille pendant plusieurs années dans une usine de sidérurgie et suit des cours de journalisme le soir. C’est un passionné du 7ème art, de philosophie et d’écriture de romans et de poésies. Il sort diplômé en 1994 de l’Académie de film de Pékin. Il devient assistant réalisateur de « Adieu ma concubine », « L’empereur  et l’assassin ». Il réalise d’après son roman, son premier long métrage « l’Orphelin d'Anyang ». Ce film est sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs Cannes 2002. Son deuxième long métrage « Jour et Nuit » est primé en 2004 au Festival des Trois Continents. Ce film parle des bouleversements socio-économiques de la Chine contemporaine.
Analyse
Le film, tourné en Mongolie, est un diaporama d’images ou nous avons un plan statique en décor et au centre un personnage en mouvement ou un visage en lumière. Ces instants durent plusieurs secondes. Vers la fin de l’histoire, la caméra effectue un de ses premiers mouvements. C’est un travelling qu montre la neige entrain de tomber sur la montagne. Cette image pourrait être comparée à l’évolution de l’individu dans le temps. Suite à cela, on à l’impression que la caméra cherche les personnages mais cela reste très discret et très lent. Dans le film, nous avons souvent les mêmes scènes qui se répètent. Il faut chercher l’intrus comme un avant et un après, le jour et la nuit, la pauvreté et la richesse ou la tristesse et  la joie.

Les acteurs n’ont pas beaucoup de dialogues. Des arrêts sur images sont fréquents comme pour montrer les portraits de visages inanimés pendant de longues secondes. Ils ne montrent pas d’émotions, rien ne se passe puis les sourires et les pleurs apparaissent enfin. "Jour et Nuit" est un film philosophique et poétique sur la vie d’un homme dans lequel tout s’inverse comme le jour et la nuit. L’histoire est très lente, on ne voit pas forcément ou le réalisateur veut en venir puisque on a tendance à s’endormir mais cela vaut la peine de s’accrocher.

Les couleurs sont fades dans une grande partir du film sauf vers la fin ou un rouge éclatant  prédomine. Les paysages sont prépondérants mais assez insipides. C’est un  film réalisé sans trucage. La lumière est toujours naturelle, ainsi nous avons des visages éclairés par la lumière du feu ou encore la lueur de la lune dans la nuit. C’est une volonté du réalisateur. Coté défauts, des fourmillements sont présents en arrière plan.

La musique est très discrète dans le film et quand elle est présente elle est douce et à peine perceptible. L’unique piste stéréo convient tout à fait au film qui ne contient pas d’effets particuliers. Les voix sont claires, ce qui est satisfaisant.

Entretien avec Wang Chao (réalisé par Stéphanie Haski)
Un long entretien séparé en plusieurs parties. On retrouve dans sa façon de parler une vision philosophique de son film, il se pose des questions ontologiques sur la mort, les sentiments, la réincarnation...
Guangsheng, d’ouvrier à patron
Le réalisateur nous parle de la relation maître disciple qu’il compare à la relation père fils. Il nous explique son choix de parler de l’économie minière, un monde qu’il connaît bien grâce à ses origines et à ses parents ouvriers.
La contemplation comme un art
Le réalisateur est un perfectionniste acharné.
Les ombres poétiques
Il utilise la lumière naturelle de l’aube, du crépuscule d’où le titre jour et nuit.
2004 : Chine, Cinéma et Bureau de la Censure
Il est difficile de parler de l’économie du pays sans que la censure ne s’en mêle.

Bande annonce du film