Innocence

Genre
Pays
France (2004)
Date de sortie
mercredi 5 octobre 2005
Durée
115 Min
Réalisateur
Producteurs
Patrick Sobelman, Ex Nihilo, Les Ateliers de Baere, Blue Light
Scénaristes
Lucile Hadzihalilovic d’après une nouvelle de Frank Wedekind
Compositeur
Leos Janacek
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires

Prix du Meilleur Premier Film au Festival de San Sebastian
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Non
Non
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
115 min
Nb Dvd
1


L'histoire :

Quelque part, dans une forêt, une école.
Isolées du monde, de très jeunes filles y apprennent la danse et les sciences naturelles.

Critique subjective :

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Lucile Hadzihalilovic a choisi d’adapter une nouvelle du dramaturge allemand Frank Wedekind intitulée Mine-Haha, ou l'éducation corporelle des jeunes filles. Bien qu’écrite en 1888, l'intrigue a été transposée dans les années soixante qui correspond à l’enfance de la réalisatrice.

Compte tenu de la distribution dont les rôles principaux sont tenus par des petites filles, la production a eu besoin pour assurer un montage financier efficace du film, que des acteurs confirmés rejoignent le projet. La réalisatrice s’est donc offerte la présence de Hélène de Fougerolles et Marion Cotillard qui avaient déjà jouées ensemble dans L'histoire du garçon qui voulait qu'on l'embrasse (1994), premier film de Marion Cotillard qui avait co-écrit le scénario et un des premiers rôles de Hélène de Fougerolles. Elles ont été choisies parce qu’elles ont un visage assez classique et qu’elles se connaissaient déjà ce qui permettait une forme de complicité évidente.

Innocence est un film à ambiance toujours sur le fil du rasoir entre la perspective d’une issue sordide ou perverse mais assurément surprenante. Les nombreuses histoires de pédophilies et les films relatant des histoires perverses, nous dictent une lecture paresseuse des films comme Innocence où une forme d’étrangeté est constamment à l’œuvre. On ne peut que recommander de voir ce film avec un regard d’enfant que la petite Zoé Auclair décrit avec un accent de vérité extraordinaire dans les bonus. On ressent fortement à quel point Innocence est un film dans lequel il faut pénétrer comme un monde enchanté ce qui semble conforter par une illustration que regarde Iris dans une des maisons du parc. On y voit un château au milieu d’un dédale de cour d’eau serpentant entre les arbres d’une forêt. La dimension symbolique et initiatique d’Innocence est évidente bien que les situations décrites soient tout à fait plausibles.

De toute évidence, l’inspiration personnelle de la réalisatrice a imprimé à cette adaptation un ton particulier. Lucile Hadzihalilovic a découvert le cinéma vers treize ans avec les films de Dario Argento qui s’était lui-même déjà inspiré de la nouvelle de Wedekind pour son film Suspiria (1977). On comprend mieux d’où provient l’ambiance si étrange d’Innocence quand on connaît ce détail et quand on sait que Gaspar Noé (son compagnon dans la vie) est aussi un grand fan de Dario Argento et de sa fille Asia dont Le livre de Jérémy laisse échapper un peu de cette vision fantastique plus au moins sombre que la famille Argento semble cultiver de père en fille. L’érotisme très sombre des films du réalisateur italien et la référence à Pique-nique à Hanging Rock (1975) de Peter Weir associé au côté fantastique sous-jacent lié au monde de l'enfance présent dans le film L'Esprit de la ruche (El Espíritu de la colmena, 1973) de Victor Erice servent de base pour l’ambiance d’Innocence.

Lucile Hadzihalilovic a eu la bonne idée de ne pas montrer les filles embrigadées dans une sorte de programme qui viserait à former une sorte d’élite de danseuses classiques entraînées pour servir la vision d’un individu. Au contraire elle a imaginé une forme de petit spectacle de danse plus libre que la danse classique ce qui permet de conserver à la danse des petites filles une forme de fragilité et d’innocence. Pour superviser les cours de danse et le petit ballet du théâtre, Lucile Hadzihalilovic a fait appel aux services du danseur et chorégraphe Pedro Pauwels.

Comme le suggère le titre de la nouvelle du dramaturge allemand Frank Wedekind, Innocence parle de l’éducation des jeunes filles à une époque où diverses tentatives d’éducation avaient été tentées en Allemagne. Le système hiérarchique selon lequel sont éduquées les jeunes filles, réparties dans des maisons par petits groupes composés de tranches d’âge différents et repérés par des rubans de couleurs dans les chevaux reflète une forme de modèle éducatif qui évoque des utopies visant à libérer les enfants tout en les mettant en contact avec la nature. Les plus grandes s’occupent des plus petites selon un cycle initiatique mystérieux qui rappelle les passages initiatiques de la vie des jeunes enfants passant à l’adolescence. La vision de ces jeunes filles réunies pour apprendre la danse et les sciences naturelles met en avant leur rôle de futures reproductrices de l'espèce humaine dans un environnement où on leur enseigne que les chenilles vont devenir des papillons. C'est la perspective que cette vision soit la seule vérité qui rend Innocence vertigineux. Au-delà de cet aspect on peut voir dans cette histoire imaginée à la fin du 19 ème siècle l’évocation de mouvements éducatifs qui conduiront autant à des projets bénéfiques pour la jeunesse que le scoutisme qu’à des formes d’embrigadement comme les jeunesses hitlériennes.

Verdict :

Innocence est un film d’ambiance qu’il convient de regarder avec un regard d’enfant voire en essayant de se glisser dans la peau d’une fillette. La dimension symbolique et initiatique d’Innocence est évidente bien que les situations décrites soient tout à fait plausibles. Innocence et la nouvelle à partir de laquelle a été adapté le film constituent des illustrations du passage initiatique de l’enfance à la vie de jeune adulte, parfois difficile et souvent crucial.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1

Le master est très propre et on peut dire que le transfert sur DVD est parfaitement maîtrisé. La photo du film a été confiée à Benoît Debie dont Lucile Hadzihalilovic avait apprécié le travail sur Irréversible (2002) de Gaspar Noé qui n’est autre que son compagnon avec lequel elle a monté la société de production, Les Cinémas de la zone en 1991. Benoît Debie a aussi travaillé sur la photo de Calvaire (2004) juste avant avant Innocence. La réalisatrice l’a choisi pour sa capacité à travailler vite compte tenu d’une distribution comprenant surtout des enfants et parce qu’il aime les couleurs et les ombres bien noires.
On retrouve cette ambiance lumineuse étrange qui hésite entre une lumière diurne et la torpeur d’un sous-bois. Selon les termes de la réalisatrice on obtient l’impression d’un crépuscule qui n’en finit pas ce qui maintient la sensation d’une atemporalité relative. Pour des raisons économiques, la production a utilisé le format Super 16  gonflé en 35 Scope afin de profiter du format élargit du cinémascope, permettant d’ouvrir le cadre tout en cadrant beaucoup de personnages.
La lumière est très belle et sa magie provient probablement du fait qu’il n’y a pas eu d’éclairage à base de projecteur. La réalisatrice et son équipe ont préféré se limiter à la lumière du jour et à quelques sources présentent dans la scène comme les lampes qui éclairent les sentiers ou l’éclairage du théâtre qui nécessitait un éclairage spécial. Au final la compression se comporte très bien. On a une bonne définition et un bon piqué d’image qui profite du contraste marqué.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
2.0
Français
5.1

Cette édition et proposée avec deux pistes audio Dolby Digital 5.1 (448 Kbps) et 2.0 (192 Kbps) en version française. La piste audio Dolby Digital 5.1 a un niveau sonore un peu faible et oblige de pousser quelque peu le volume d’écoute afin d’entendre les voix des petites filles par moment faibles. La bande son est de toute façon assez sobre puisqu’on ne trouve que quelques morceaux de musique classiques et surtout des bruits étranges provenant de n’environnement naturel et du sous-sol de la maison. Les bruits provenant du parc où évoluent les fillettes sont nombreux (cris d’animaux, le vent, la cascade et les écoulements d’eau, la pluie, le tonnerre, etc.). Les surround sont sollicités sur les deux pistes entre lesquelles les différences ne sont pas flagrantes donc autant regarder le film avec la piste audio Dolby Digital 5.1 avec un niveau d’écoute légèrement supérieur à celui que vous adoptez en général. Il est nécessaire d’avoir la meilleure écoute possible avec ce film dont la bande son joue un rôle important dans l’ambiance d’étrangeté général.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
16 min
Boitier
Amaray


Bonus :

- Présentation du film par la réalisatrice Lucile Hadzihalilovic (6 mn 14): un document court mais qui permet d’obtenir quelques clefs de lectures pour des interprétations diverses de ce film qui semble sans cesse entraîner le spectateur vers des scénarios perverses où la sexualité en serait pas étrangère. La réalisatrice n’explique pourtant pas le film, ce  à quoi elle se refuse car cherchant à éviter de livrer au spectateur un cadre établit.
- Le film expliqué par Zoé Auclair (10 mn 15) : Zoé qui interprète le rôle d’Iris dans le film commente des photos du tournage et délivre finalement un des meilleures témoignage d’expérience cinématographique qu’il soit. La vérité sort de la bouche des enfants mais c’est probablement par ce qu’ils oublient d’omettre ce qu’ils ressentent vraiment.
- Bio-Filmographie
- Bande-annonce
- Bandes-annonces de la collection Regards d’Auteurs
- Lien Internet

Menus
Le DVD bénéficie d’un beau design graphique qui suit la charte graphique de l’affiche. L’interface a un comportement un peu inutile à mon avis après validation d’un choix.

Packaging
Un très beau packaging soigné.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Le film expliqué par Zoé Auclair