Synopsys.
A 28 ans, Tom semble marcher sur les traces de son père dans l'immobilier véreux. Mais une rencontre fortuite le pousse à croire qu'il pourrait être le pianiste concertiste de talent qu'il rêvait de devenir, à l'image de sa mère. Sans cesser ses activités, il tente de préparer une audition...
Critique Subjective.
Un remake et un quatrième film.
"De battre mon coeur s'est arrêté" est le 4eme film de J. Audiard (Regarde les hommes tomber, Un héros très discret et Sur mes lèvres avec Emmanuelle Devos). Mais c'est aussi le remake de "Fingers" de J.Toback, "Mélodie pour un Tueur" en version française, sorti en 1978.
D'en faire une critique n'est point facile...
Tant ce film est étrange, l'histoire est assez banale et n'a rien de bien passionnant à la base. Tom (Romain Duris) est un simple gestionnaire de biens immobiliers parisien et utilise des méthodes peu recommandables avec ses associés pour récupérer des appartements. Cela va du lâcher de rats nocturne au tabassage de squatteurs pour vider des immeubles. Il effectue aussi le même genre de basses besognes pour son papa (Niels Arestrup) lui aussi gestionnaire de biens dont les associations sont de plus en plus douteuses voire dangereuses.
Pourtant à partir de ce postulat de base divers sujets bien plus graves vont être abordés à travers le personnage de Tom. Des sujets tels que les relations père-fils (thème de la filiation trés cher à J.Audiard) et ce moment où le fils passe à l'age adulte et le père lui semble retomber en enfance inversant alors cette relation.
On aborde aussi au travers du quasi rêve impossible de Tom de devenir pianiste concertiste (comme sa défunte mère), la notion de quête et du sens réel que l'on veut donner à sa vie.
On observe aussi le personnage devenir de plus en plus mature au travers de ses conquêtes féminines et de la relation qu'il peut avoir avec.
D'un sujet à priori banal, le film se révèle trés complexe et trés riche en réflexion sur la vie.
De la violence ordinaire.
J. Audiard réussit à mettre à cran des le début du film le spectateur à l'image de Tom dont on voit bien qu'il est un personnage à fleur de peau capable de basculer dans la violence à la moindre occasion. Accés de violence que l'on voit régulièrement au niveau physique lors qu'il passe à tabac des mauvais payeurs, mais aussi une violence mentale et intellectuelle dans ses rapports avec le piano lors de ses répétitions pour être fin prêt le jour de l'audition. A tout moment, on sent que cela peut basculer dans la démence et on retient son souffle jusqu' la fin bien que l'on se doute que ces personnages, tous un peu paumés, vont probablement mal finir...
Une ambiance irréelle.
Saluons aussi le compositeur musical qui a su alterner mélodie classique au piano et musique électro-pop planante pour donner une identité sonore et une ambiance unique au film. Rajoutons à cela la maîtrise du dialogue et de la caméra (sur l'épaule pour retranscrire la nervosité et le côté instable de Tom) alternant plans larges et plans serrés surprenants qui collent aux personnages. On tient là un film ciselé à merveille qui souffre d'une ou deux toutes petites longueurs mais qui a détonné à juste titre dans la paysage cinématographique français en 2005.
Et une fois n'est pas coutume, étant à 100% d'accord avec mon collègue Sébastien Kéromen sur l'appréciation de ce film je vous invite à lire de ce pas sa
critique cinéma.
Conclusion.Un film au postulat de scénario digne de la vie ordinaire de Monsieur Toutlemonde et qui pourtant s'avère être trés passionnant mélangeant à la fois volupté et violence enveloppés dans une bande son trés feutrée. Un film rare avec un style bien marqué taillé sur mesure pour un Romain Duris et dont le titre résume bien cette touche indescriptible qui plane tout le long du film.