Gladiateur, la comédie musicale

Après les « Dix Commandements », Elie Chouraqui s’intéresse encore aux blessures de l’histoire. Et cette fois çi, c’est dans celle de Spartacus qu’il a trouvé l’inspiration. Hors donc cette fois ci, pas de Pascal Obispo, mais Maxime Le Forestier,  pas de Daniel Levy, mais Jérome Collet, tout semble annoncé un spectacle aussi réussi que le premier, voir même plus époustouflant, en tout cas, il nous fut vendu comme tel, avec des vrai combats de gladiateurs, des effets sonores ahurissants, etc…

Pourtant la sauce ne prend jamais vraiment tout a fait. Et cela est certainement du à la mise en scène d’Elie Chouraqui, qui semble donner trop de liberté à ses artistes, laissant certain minauder au lieu d’exprimer l’oppression, d’autres et particulièrement le maître des gladiateurs, ponctuent leur arrivée et leurs chansons par des grognements vite lassant, même l’empereur finit par se déformer le visage pour exprimer la colère. Tout cela dans un même spectacle finit par lasser plus que passionner. Seul l’enfant mourrant du début arrive à nous toucher, même si là aussi la mise en scène est hésitante. Le faisant passé de bras en bras, revenir à son point de départ et repartir et ce jusqu’à la mort (On comprend d’ailleurs son épuisement), le tout ponctué de visages et de regards qui se jettent les uns aux autres avec la grâce d’un robot.

La musique aussi est décevante, car Maxime Le Forestier, plus habitué à écrire des chansons qui seront mise bout à bout dans un album qu’à composer des comédies musicales, semble avoir oublié les transitions. Ici donc une succession de chansons plus ou moins accrocheuses, mais un manque indéniable de morceaux de transitions, laissant libre cours à l’imagination à première vue réduite des artistes sur scène.

Quand au combat de gladiateurs, ils n’arrivent jamais à vraiment impressionner. Peut être à cause d’une certaine retenue, ou simplement à cause du mélange avec les comédiens et les danseurs, qui eux ne sont pas vraiment à l’aise dans ce rôle.

Pourtant certains passages donnent le frisson, comme la voix du jeune Maxime Baudoin, qui joue l’enfant du début avec une voix aussi cristalline que celle de Jean Baptiste Mounnier, ou encore Alain Chennevière (Crassus) dont la voix basse et puissante font trembler les murs de la salle de concert. Le décor aussi qui joue le gigantisme avec ses murs de 8 mètres de haut. Tout cela aurait pu donné un spectacle vraiment impressionnant.

Alors même si le clin d’œil au film de Ridley Scott est évident avec Draba (Moïse N'Tumba) le gladiateur noir, ami fidèle et protecteur de Spartacus, ou encore la scène d’entrée dans le Colisée, le résultat est quand même loin de sa référence et surtout très loin des ambitions affichées.

Un spectacle qui aurait pu être magnifique, mais qui manque cruellement de rigueur, pour lui donner du corps.

Une belle image nette, même si la faiblesse reste le mélange d’images de scène et d’images des écrans de fond de scène (Toujours la scène d’entrée dans l’arène). Un résultat malgré tout satisfaisant.

Des Pistes 5.1 et DTS, surgonflées pour vraiment plonger le spectateur dans le spectacle, et pour tenter de redonner les mêmes impressions que ceux qui étaient dans la salle. C’est efficace, et même si le résultat est décevant, la sensation sonore elle ne l’est pas

Tout est centré autour d’Elie Chouraqui. Tout d’abord la préparation ou Making of, avec des bouts d’essai des chanteurs, puis les répétitions en studio ou sur scène avec les conseils prodigués par le metteur en scène, tout au long du processus. Ensuite la construction du décor dans laquelle on découvre un surprenant comparatif entre les murs de huit mètres et la taille du grand concepteur. Puis les clips vidéos des chansons titres. Et pour finir une interview d’Eli Chouraqui, himself sur sa conception de la mise en place d’un spectacle de l’envergure de « Gladiateur ».