L'histoire :
Lana (Maho Nonami) et Nozomi(Eiko Koike) partagent le même appartement. Toutes les deux appartiennent à une agence de tarento. Rana, la senpai, tente de percer dans el métier d’actrice, tandis que Nozomi débute dans une carrière d’aidoru. Un beau jour, les deux jeunes femmes passent uen audition pour le même rôle dans le film Gokudo no Nyouboutachi. La veille du résultat, une violente dispute éclate entre elles après que Nomozi ait retrouvé des cheveux de Rana dans la baignoire …
Critique artistique :
Le Duel Project est né en 2003 d’un défi lancé par le producteur Shinya Kawai aux deux réalisateurs japonais Ryuhei Kitamura et Yokihiko Tsutsumi après qu’ils aient rendus leurs courts-métrages pour le projet Jam Films (2002) en un temps record. Ce défi était de réaliser chacun un long métrage selon cinq règles, c’est-à-dire en une semaine, un décor unique avec seulement deux acteurs, moyennant un budget minimaliste et se clôturant par la mort de l’un des protagonistes. Ce projet fut nommé Le Duel Project pour lequel
Ryuhei Kitamura (
Versus - l'ultime guerrier (2001),
Azumi (2003)) a donc réalisé
Aragami, Duel Project 1 et Yokihiko Tsutsumi 2LDK, Duel Project 2 (2002). Yukihiko Tsutsumi est un créateur très occupé et impliqué dans des projets personnels pour le cinéma dont une sorte de Lord of the ring japonais (
Seigneur des anneaux), deux films proches de
Zatoichi, il réalise par ailleurs des épisodes pour des séries Télévisés dramatiques, a son propre groupe de rock et reçoit des propositions diverses comme celle de faire une grande pièce de théâtre. Il confie ne s’interdire aucun support pour s’exprimer. Il a par ailleurs réalisé l’adaptation télévisée du manga
Black Jack en trois épisodes (2000-2001).
Pour coller à la règle de décor unique, Yukihiko Tsutsumi conçoit son film comme un concept presque architectural que résume le titre 2LDK qui correspond au numéro de l'appartement où se déroule l'action mais désigne également un type d’appartement dans la classification des logements au Japon. En effet, les appartements sont classés en trois catégories en fonction de leur taille : 1DK (1 chambre, salle à manger, cuisine), 1LDK (1 chambre, salon, salle à manger, cuisine), 2DK (2 chambres, salle à manger, cuisine). L'appartement dans le film est plutôt luxueux et permet aisément d’articuler un ensemble de scènes indispensables pour faire évoluer l’intrigue en fonction des possibilités offertes par les différentes pièces. La cuisine est une des pièces stratégiques de l’appartement où peuvent facilement s’exprimer une forme de tension liée à la délimitation d’une zone réservée aux réserves alimentaires de chacune des jeunes filles. On voit ainsi Nozomi appliquer des marques sur ses œufs sous les yeux de Lana que l’on sent agacée. Cette scène rappelle forcément les difficultés liées à la vie en communauté ou collocation notamment. A ce titre 2LDK est très intéressant et fait une incursion dans le registre sociologique même si cet aspect aurait pu être d’avantage fouillé.
Le réalisateur a creusé une autre idée pour créer un contraste entre les deux personnages qui n’ont pas la même origine sociale en citant de nombreuses références de marques. Il fait allusion à une forme de fétichisme des marques qu’il explique comme une tendance des japonais qui ne savent pas ce qui est beau ou intéressant et préfèrent se définir par rapport aux marques et aux films qu’ils voient. Il considère que les deux filles ne savent pas qui elles sont et a pris le parti de le montrer de manière à la fois violente et comique. 2LDK contient de la violence un peu comme un manga ce qui explique pourquoi on y retrouve une forme d’humour grinçant selon le réalisateur. La situation est d’autant plus ridicule qu’elle repose sur un énorme quiproquo ce qui fait de 2LDK une sorte de grosse farce existentielle, pointant le doigt sur la bêtise associée aux désirs de réussite et d’accéder à une forme de célébrité par exemple puisque ici les deux jeunes filles s’affrontent pour obtenir un rôle dans un film. Finalement, 2LDK perd le Duel Project à cause de longueurs et d’un ensemble de règles qui ont conduit une équipe, ralentie par les actrices malades notamment à tourner de nuit et dans l’urgence afin de boucler un tournage déjà serré.
Verdict :
Les règles du Duel Project étaient très contraignantes et tourner un film en une semaine reste compliqué, aussi ne peut-on s’étonner de constater que les deux réalisations, Aragami de Ryuhei Kitamura et 2LDK de Yukihiko Tsutsumi laissent à désirer. Cependant, il faut saluer la performance même si Aragami semble remporter le duel face à un 2LDK intéressant mais pas assez développer pour justifier son existence en tant que long-métrage. 2LDK aurait sans doute profité d’un tournage un peu moins serré qui a nécessité de travailler de nuit.