La meilleure façon de marcher

Synopsis

 

Durant l'été 1960, Marc et Philippe sont moniteurs dans une colonie de vacances en Auvergne. Tout les oppose : le premier se veut viril, tandis que le second se montre beaucoup plus réservé et taciturne. Un malheureux concours de circonstances - Marc surprend Philippe habillé en femme - aidant, le premier soupçonne l'autre d'être homosexuel. Une relation ambiguë, mélange de sadisme et de vénération, s'instaure alors entre les deux moniteurs.

 

Critique subjective

 

La meilleure façon de marcher a beau être réalisé en 1975, il reste toujours d’actualité. Le premier long-métrage de Claude Miller nous montre comment l’homosexualité est refoulée et comment elle est considérée par la majorité des êtres humains. C’est un thème toujours choquant mais traité ici d’une manière magistrale par un futur grand maître du cinéma Français.

La grande réussite du film tient à ses deux personnages principaux joués avec brio par un Patrick Dewaere, extraordinaire, et par Patrick Bouchitey, interprétant sans nul doute le rôle le plus intéressant de sa longue carrière. Le personnage de Marc (Patrick Dewaere) est extrêmement complexe mais absolument passionnant : macho, viril, parfois ringard, parfois magnifique, s’occupant du football à la colonie, Dewaere montre une fois de plus qu’il est l’un des plus grands acteurs français. Quant à Philippe (Patrick Bouchitey), il incarne les stéréotypes de l’homme faible : Sensible, très efféminé, il lit et pratique le théâtre, discipline qu’il enseigne aux enfants du centre. Autant dire qu’ils sont totalement opposés. Pourtant, ces deux hommes vont se rapprocher pour le meilleur mais surtout pour le pire…

Entre désir et dégoût, haine et amour, Philippe et Marc essaient de se trouver vis-à-vis d’eux-mêmes mais aussi dans la société. Leur attirance est totalement tabou dans une France où on ne parle pas de sexualité (on pense notamment au renvoi de Deloux joué par Michel Blanc parce qu’il a des photos pornographiques dans sa chambre). Dewaere domine cette relation et cache beaucoup plus son attirance pour les hommes que Bouchitey (c’est lui qui vient le voir en premier après avoir été surpris déguisé en femme).

Le jeu tout en finesse des acteurs est formidablement filmé par Claude Miller qui ne se laisse pas écraser par les deux hommes. Il construit ainsi son film de manière cohérente ; Entre les jeux des enfants et les différentes interventions des personnages secondaires, le film est vraiment intéressant ; Tantôt triste, souvent marrant, les dialogues sont vraiment bien écrits. L’histoire  prend de l’ampleur lorsque la copine de Philippe, Chantal, intervient. Celle-ci est sujette à de nombreuses reprises de conflits. Aussi, la jalousie de Philippe n’est pas clairement expliqué : on ne sait pas s’il vise Marc ou Chantal.

Le final est plus que surprenant puisque le film ne se termine pas sur le clash inévitable entre les deux hommes. Miller a finalement décidé que la meilleure façon de marcher, c’était sûrement de se plier au conformisme et de suivre la pensée générale.

 

Conclusion

 Ce film est vraiment magnifique. A voir absolument pour les acteurs mais aussi pour les sujets brûlants qu’il traite!  

Côté visuel, ce dvd n’est pas techniquement parfait mais ce n’est pas autant gênant. L’image est parfois granuleuse (dû à l’époque sûrement), surtout à la fin du film. La définition n’est pas extraordinaire mais il ne faut pas oublier que ce film a plus de trente ans. Malgré cela, les couleurs sont vraiment bien restituées et le transfert bénéficie d’un excellent encodage.  

On n’a droit qu’à une seule piste audio et elle est encodée en dolby mono. Ici, le son présente quelques défauts : présence de parasites sur la piste et une mauvaise gestion des voix. Marquée par le temps, cela semble normal. D’autant plus que l’ensemble reste parfaitement audible.  

Entretien avec Claude Miller : Le réalisateur explique sans épargner les détails les raisons qui l’ont poussé à faire ce film. Il parle de la sexualité sans aucun tabou mais aussi de son maître cinématographique, Bergman.

 

Interview des acteurs et de Claude Miller : Cette interview est totalement différente de celle du réalisateur. Le Journaliste et les critiques cinémas présents ne parlent pas d’homosexualité et essaient même de caser le film comme une comédie.

 

Entretien avec Michel Blanc et Patrick Bouchitey : Les deux acteurs nous livrent plusieurs anecdotes sur la formation du casting et sur les carrières des personnages du film. L’interview n’est pas finalement pas si intéressante sauf si l’on aime bien ce genre de révélation.

 

Camille ou la comédie catastrophique (Court-métrage) : Le troisième court-métrage de Claude Miller traite déjà de la sexualité et du jeu de séduction. Le film bien qu’intéressant est présenté dans des conditions de sons et d’images déplorables. 

 

CONCLUSION

 Le dvd est très bien fourni en interactivité. Ici, il n’est nullement question de bonus en pagaille, juste quelques interviews et un court-métrage, complétant minutieusement un excellent film. Finalement, que demander de plus ?