Hannibal

L’histoire

Hannibal nous propose de découvrir le destin du général carthaginois célèbre pour avoir défié Rome sur son propre territoire.

Critique subjective

Produit par la BBC et mis en images par Edward Bazalgette, Hannibal (Hannibal Rome’s worst nightmare) est un projet ambitieux qui brosse le portrait d’un personnage réel ayant accédé à un statut mythique : Hannibal Barca (247 - 183 avant JC), l’homme qui osa défier Rome. Trois actes peuvent être discernés dans ce documentaire, le premier est constitué d’un périple qui est entré dans l’Histoire (la traversée des Alpes par Hannibal), les deux autres ont pour point d’orgue deux batailles gigantesques aux issues radicalement opposées.

Enfant lorsque la première guerre punique s’achève par la victoire de Rome sur Carthage, Hannibal décide, adulte, de laver l’affront jadis subi par son peuple. Persuadé d’être vaincu si le combat se déroule sur les eaux méditerranéennes (la flotte romaine est invincible), il fait le choix d’attaquer ses ennemis sur leur propre territoire. Longue (2 500 kilomètres), la route vers Rome est clairement tracée : Espagne, Gaulle puis Italie. Après avoir levé une armée conséquente (des dizaines de milliers de fantassins et de cavaliers, 37 éléphants), Barca amorce son périple en 218 avant Jésus Christ. Après plusieurs affrontements avec d’hostiles tribus gauloises, la troupe carthaginoise arrive enfin au pied des Alpes. Nous sommes au début de l’hiver et parcourir les 200 kilomètres de montagnes glaciales sera un vrai calvaire, les pertes seront lourdes. Lorsque Hannibal pose le pied en Italie, son armée a fondu comme neige au soleil. Désertions, embuscades et conditions extrêmes (faim, froid) ont eu raison de la moitié de l’effectif.

Après une première victoire sur les romains, le général carthaginois accroît ses forces en recrutant parmi les tribus du Nord de l’Italie. Il multiplie ensuite les victoires et se rapproche de Rome. Au sein du sénat italien, on refuse d’aller au combat jusqu’à un changement politique en 216 avant JC. A cette date, c’est une armée romaine de 85 000 hommes qui est déployée pour affronter Barca (qui dispose de moins d’hommes). Fin tacticien, Hannibal écrase l’adversaire à Cannes en Italie, pas moins de 60 000 soldats romains tomberont lors de la bataille. Se considérant comme l’indéniable vainqueur, il refuse de mettre Rome à feu et à sang et attend une reddition qui ne viendra jamais. Cette décision scellera à jamais le destin de l’empire carthaginois.

Décrié par les dirigeants de Carthage, Hannibal passe plusieurs années en Italie. Rome met ce temps à profit en remettant d’aplomb ses forces militaires. Adoptant la stratégie qui fut celle de Barca, Scipion lève une armée et, plutôt que d’affronter les troupes d’Hannibal en Italie, il inflige de sévère défaites aux carthaginois en Espagne et en Afrique. Ne pouvant laisser les siens se faire écraser par Scipion, le général aux éléphants revient finalement au pays. Il essuie alors sa première défaite contre Rome en dépit de sa supériorité numérique. Ironie du sort, c’est en faisant sienne la stratégie de Barca que Scipion triomphe de son adversaire. Quelques temps plus tard, Hannibal, traqué par les romains qui ne peuvent être tranquilles tant que leur plus farouche adversaire est en vie, se suicide plutôt que de se laisser prendre.

Intéressant, le documentaire d’Edward Bazalgette nous permet de connaître en détail des faits dont tout le monde a entendu parler dans les grandes lignes. Si l’on excepte une introduction qui dévoile trop la suite, Hannibal est bien agencé. Fidèle à son objectif, le documentaire nous brosse le portrait d’un homme exceptionnel, tacticien hors pair doublé d’un général capable de galvaniser ses troupes comme personne (dommage que la traversée des Alpes, révélatrice du caractère du personnage, soit vite expédiée). Formellement, le métrage s’inscrit dans la vague actuelle des documentaires à grand spectacle (figuration imposante, effets spéciaux numériques) mais l’on déplore une réalisation télévisuelle (cadrages beaucoup trop serrés) et un montage saccadé.

Verdict

S’il accuse de petites imperfections narratives et formelles, Hannibal s’impose néanmoins comme un documentaire maîtrisé, un métrage à la fois instructif et spectaculaire.

Une qualité d’image correcte mais perfectible. Loin d’être scandaleux, le rendu vidéo n’en accuse pas moins plusieurs défauts notoires. L’image manque en effet de piqué et le rendu des couleurs de panache. La compression s’invite parfois à l’écran.

Un Dolby Digital 2.0 qui manque de finesse et d’ampleur. Si l’ensemble est indéniablement énergique, le mixage est peu précis et les voix trop en avant. A noter que seule une piste VF est disponible, piste sur laquelle le commentaire est assuré par Samuel LeBihan.

 

- Le making of (49 minutes) : Making of, une appellation erronée puisqu’il s’agit en réalité d’un second documentaire approfondissant certains points évoqués dans Hannibal. La tactique utilisée par le stratège lors de la bataille de Cannes est parfaitement expliquée, la composition de l’armée carthaginoise détaillée, les différentes armes passées en revue et ce n’est pas tout. Un supplément passionnant