L'histoire :
Hanzo the Razor (2) : l'enfer des supplices (The Snare - 1973)
Réalisé par Yasuzo Masumura – Avec Shintaro Katsu
Dans ce deuxième épisode de la série Hanzo the Razor, une banale affaire d’avortement clandestin va conduire l’Inspecteur Hanzo aux portes d'un mystérieux couvent : de riches marchands s'y réunissent pour assouvir leurs fantasmes sexuels les plus refoulés avec des jeunes vierges endormies. Hanzo emprisonne la Mère supérieure et lui fait subir le fameux supplice du filet. Celle-ci passe vite aux aveux : un haut dignitaire du château d’Edo (Tokyo) est l’instigateur de ce trafic. Hanzo va alors mener l’enquête, contre l’avis de sa hiérarchie…
Hanzo the Razor (3) : la chair et l’or (Who’s Got Gold ? - 1974)
Réalisé par Yoshio Inoue – Avec Shintaro Katsu
Depuis quelques nuits, les douves du château d’Edo sont le lieu d'étranges apparitions qui font fuir les passants. Alerté par ses deux fidèles lieutenants, l’Inspecteur Hanzo met bientôt la main sur un faux fantôme – une femme bien en chair - chargée de veiller sur un tas d'or caché au fond de l'eau. Sous la torture, la femme finit par lui avouer l'existence d'un réseau crapuleux dans lequel l'intendant aux finances du château est impliqué. Mais ce grand corrompu va donner du fil à retordre au justicier Hanzo…
Critique artistique :
Le sang ça tâche et le sabre de l’inspecteur Hanzo est tranchant. Hanzo the Razor est la troisième série phare produite par Katsu Production, avec Baby Cart et les derniers épisodes de
Zatoïchi. Dans le premier volet des aventures de l’inspecteur Hanzo, dans Hanzo the Razor 1: Sword of Justice (1972) de Kenji Misumu (1921-1975), on retrouvait
Shintaro Katsu, l'enfant terrible du cinéma japonais sous les traits d'un inspecteur de police d'Edo aux méthodes d'investigation inavouables. Le personnage a de quoi frapper l’imagination tant par son caractère sans compromission que par son habilité à manier le sabre et son sexe d’une taille démesurée. Pourvu de ces deux appendices dissuasifs, l’inspecteur Hanzo tel Durty Harry ou John Shaft, arpente les rues d’Edo flanqué de deux acolytes geignards et peureux, qu’il a sorti de la prison, afin de faire régner l’ordre et la justice. On a d’ailleurs droit à un petit bout de musique Shaftienne à la 45ème mn de L’enfer des supplices. Sans concupiscence bourbeuse, le justicier intransigeant entend bien débusquer la vérité, usant du sabre avec les hommes et de tortures dont il a le secret avec les dames. Car l’inspecteur Hanzo s’entraîne au maniement des armes afin de maintenir son aptitude au combat mais comme on le voit au début de L'enfer des supplices dans une suite de plans ébouriffants, muscle également son sexe en le frappant à coup de bâton ou en l’enfonçant dans un sac de riz, y mettant beaucoup d’application et de sérieux masochistes qui affirme le caractère impératif de sa mission.
Le personnage d’Hanzo the Razor a été créé par le mangaka Kazuo Koike, et fut d’abord publié sous la forme d’un manga de type Jidai-Gekiga intitulé Goyoukiba. Kazuo Koike à plusieurs talents et on le connaît aussi en tant qu’écrivain, poète, présentateur de show télévisés, éditeur de magazines et scénariste pour la télévision et le cinéma pour lequel il a adapté la série des
Baby Cart. En tant que scénariste, il a notamment collaboré avec Ryoichi Ikegami en signant Crying Freeman. L’esprit du manga Goyoukiba transparaît à l’écran mais c’est surtout grâce au jeu de l’acteur
Shintarô Katsu que l’on avait déjà vu dans la
série des Zatoichi, intéressé par des personnages vu peu de temps auparavant dans des films aux Etats-Unis comme Shaft ou L'Inspecteur Harry qu’il trouva des ressources supplémentaires à son propre talent pour interpréter un tel rôle. Il faut songer que le rôle de l’inspecteur Hanzo, lui offre la possibilité de se glisser dans la peau d’un type qui excelle dans les arts martiaux et le maniement du sabre tout en se donnant le beau rôle, imposant de surcroît une image hyper virile. La mise en scène de l'enfer des supplices est signée
Yasuzo Masumura à qui l’on doit quelques beaux films dont
La Femme de Seisaku (1965), L'Ange rouge (1966),
Tatouage (2004) ou La Bête aveugle (2005) tandis que Yoshio Inoue, son assistant réalisateur attitré pendant sa période nouvelle vague s’est vu confier la réalisation du dernier volet. En dépit du changement de responsable de la photo et de réalisateur, Kazuo Miyagawa et Chikashi Makiura, respectivement responsables de la photo des deux derniers volets ont réussis à conserver une forte cohérence aux deux films qui nous gratifient de couleurs très subtiles et d’une image magnifique.
On comprend que l’inspecteur Hanzo n’est pas un rigolo, préférant mourir plutôt que se suicider. Lors du combat final contre le samouraï Junai qui lui adresse un BRAA...VO en mourant après s’être fait Seppuku (comprendre Hara-kiri) pour marquer sa défaite sur le pont Edo, Hanzo le traite d’imbécile en partant et laissant son corps cul par dessus tête au milieu du passage car il est comme ça l’inspecteur Hanzo, il préfère mourir plutôt que se suicider. Dans le même esprit, il simule de se faire Seppuku devant ses supérieurs, déjà jubilants de voir enfin cet inspecteur insolent se soumettre à l’autorité. Le personnage n’écarte aucune méthode pour démasquer les tricheurs, allant jusqu’à défier l’autorité du shogun, torturant une prêtresse avec sa fameuse technique du filet dans laquelle est attachée la torturée qu’il entreprend avec sa botte secrète et pénétrante et autour de laquelle il la fait tourner jusqu’à ce qu’elle lui promette de passer au aveux à condition qu’il n’arrête pas la douce torture ; le paradis après l’enfer. On comprend que le justicier d’Edo ne connaît aucun tabou, se faisant volontairement enterrer afin de pouvoir s’infiltrer dans un repère de bandits. Hanzo the razor apprait comme un crossover entre film policier et cinéma érotique, une sorte de hentai policier en costumes, film de sabre gore, sado-masochiste proche du pinku eiga (Le genre pinku eiga, cinéma rose regroupe des films à teneur plus ou moins érotique, sans que l'érotisme soit nécessairement l'objet central du film).
Dans la chair et l’or, toute la dimension humoristique de la série apparaît à l’écran quand après que les deux sbires de l’inspecteur Hanzo aient fait la rencontre d’un fantôme féminin près du lac et qu’ils courent avertir leur chef que l’on retrouve en train de se frapper le sexe avec rigueur et vigueur à tel point que l’on voit la marque laissée par l’engin sur une planche de bois, la première question du justicier au sexe d’acier consiste à leur demander si la femme fantôme était bien roulée car il aimerait coucher avec un fantôme. Et de rajouter que comme tout fantôme, elle doit être fraîche et humide et assurément une affaire au lit. L’inspecteur Hanzo est probablement le personnage de film de sabre le plus tonitruant, déconcertant et hilarant, en particulier quand il capture le dit fantôme et lui confirme en regardant entre ses cuisses, qu’elle est un fantôme avec un sexe et un beau ! Ce troisième volet de la saga nous gratifie aussi d’une séquence de torture par la méthode du filet sur la femme fantôme avant qu’elle ne soit tuée et que l’inspecteur Hanzo, attaqué chez lui, règle leur compte à ses ennemis qui tombent sous l’habilité du maître et les nombreux pièges dissimulés dans les parois de son repaire. La technique du filet est un peu la marque de fabrique de la trilogie de Hanzo the Razor puisqu’on la retrouve déjà dans le premier volet Sword of Justice (1972). Cette série étonnante mêlant humour, action et assumant une part conséquente de virilité n’est pas sans rappelé la dimension sado-masochiste d’une autre trilogie cette fois hongkongaise, la saga du Sabreur manchot dont l’artisan principal,
Chang Cheh s’ingéniait à montrer l’action tranchante du sabre, ouvrant les ventres et laissant s’envoler des gerbes sublimes et écarlates de sang sur des ciels bleus.
Verdict :
L’éditeur Wild Side vidéo a eu la bonne idée de proposer une édition DVD d’une partie de la trilogie Hanzo The Razor avec des master restaurés mais il est dommage que l’on ne dispose pas de l’intégalité de la trilogie. Il faut donc se contenter de L'enfer des supplices et La chair et l’os, les deux derniers volets de la trilogie qui s’avère autant étonnante qu’hilarante à la fois pour le caractère ineffable de l’inspecteur Hanzo que pour ses particularités anatomiques. Le trio formé par Hanzo et ses deux sbires n’est pas non plus étranger au comique de certaines scènes. Un coffret DVD qui restera l’un des plus amusants et étonnants, placé sous l'empire du sabre à moins que ce soit sous l'empire du sexe.