France Télévision redonne la part belle au répertoire classique avec en avant première le DVD de L’avare, réalisé par Christian de Chalonge avec Michel Serrault dans el rôle d’Harpagon. Essai réussi ?
Synopsis
Harpagon, l'avare, veut organiser pour ses enfants Cléante et Elise des mariages d'intérêts. Il se réserve, quant à lui, le droit d'épouser la jeune et charmante Mariane. Mais Cléante, qui est amoureux de la jeune fille, et Elise, qui s'est fiancée en secret avec Valère — le faux intendant de la maison —, refusent d'obéir à leur père. Le trésor de l'avare, volé puis rendu à son propriétaire, permettra d'exercer un chantage… et l'amour sortira vainqueur.
Critique Subjective
L’origine de la pièce
Fortement inspiré par La Marmite, une pièce de Plaute, un auteur latin du 3
ème siècle avant JC, l’Avare est sans doute une des pièces les plus jouées du répertoire de Molière. Fou de théâtre, Molière est un jeune bourgeois que tout conduisait à embrasser la confortable profession paternelle se jette sur les routes, et de tréteaux en salles de province se forge une belle réputation d'amuseur. Quelques années plus tard, nous retrouvons le pitre sous l'habit du poète officiel chargé de fournir en divertissements la cour du jeune Louis XIV. De 1662 à la fin de sa vie, Molière s'attaque aux ridicules et aux vices de son temps et investit la comédie d'une dignité nouvelle. Bouffon, chef de troupe, courtisan, inventeur de la « grande comédie », Molière a nourri, ou plutôt a été contraint de nourrir des ambitions en apparence inconciliables. A peine remis de l’échec de Tartuffe, du à la pression des dévots et de l’église catholique, Molière enchaine avec un nouveau succès : L’ Avare
Cet avare là
Confier le rôle d’Harpagon à un acteur est toujours un défi, celui de rentrer dans la légende des incarnations successives et méritantes d’un rôle classique. Michel Serrault s’y colle à son tour.
Christian de Chalonge :"
L’Avare est pour moi l’une des pièces les plus ambiguës, étonnantes et intéressantes de Molière. Elle se prête, non pas à une interprétation moderne, ce qui ne veut rien dire, mais à quelque chose de naturellement contemporain — tant par le conflit des générations que par la société gangrenée par l’argent et l’intérêt — qui se décode très facilement. »
Et donc ?De beaux costumes, de beaux acteurs,, un beau texte. Certes, tout était réuni pour une belle réalisation. Mais que tout ceci est institutionnel c'est-à-dire pesant. Les acteurs ont tellement de respect pour ce texte qu’ils le déclament et ne le vivent pas. Le rythme est lent, et l’ensemble souffre de longueurs de mise en scène assez éprouvante. Où est la farce, la comédie dans cette adaptation ? Serrault nous joue un Harpagon clown triste et les seconds rôles se mettent au diapason. J’ai eu l’occasion d’aller voir récemment une version de l’
Avare mis en scène par Michel Dezoteux qui bouscule certaines règles mais qui a au moins deux mérites, le premier est de dépoussiérer considérablement l’approche théâtrale d’un classique et le deuxième est de retourner au cœur même de la comédie : le rire et la farce.
Un dernier mot
Cette adaptation filmique de L’avare est d’une tristesse à pleurer. Elle va laisser les classiques à la poussière des bibliothèques. Quel gâchis.