L’histoire
À sept ans, Saïda aurait bien aimé jouer à la poupée, mais son père, marocain, lui a flanqué un gros accordéon dans les bras, pour en faire une vraie Française. Pendant plus de dix ans, elle supportera cette union arrangée où se mêlent obéissance, labeur, détestation, mais aussi découverte de la scène et de ses plaisirs. À vingt ans le divorce est consommé : elle range son accordéon sous son lit et se consacre à sa vraie passion, le théâtre…
Critique subjective
Produite par Gérard Jugnot et le théâtre du Splendid, cette pièce de Saïda Jawad est une autobiographie de l’actrice. Dans une mise en scène de Jacques Décombe et avec la complicité de son partenaire de scène Eric Laborie, elle revient sur sa vie dans le Nord (à Hem), élevé par une famille d’immigré marocain dont elle constitue la seconde génération. À travers sa pièce, l’actrice donne un message de tolérance, de réussite de l’intégration, avec ses hauts et ses bas. Elle parle aussi de la difficile émancipation en tant que femme par rapport à un père tout puissant dans cette famille issue de la culture magrébine. Tout au long de la pièce, elle ponctue les différentes étapes de sa vie avec des morceaux interprétés avec brio à l’accordéon, preuve qu’elle à tiré de son parcours imposé une grande maîtrise de cet instrument.
Cette pièce biographique, superbement interprétée par une actrice qui dévoile une grande présence scénique, est pourtant particulièrement barbante pour le spectateur. À moins d’être un fan d’accordéon ou de vous sentir vraiment touché par ce problème de l’intégration d’une jeune Française issue d’une famille marocaine, l’intérêt de cette biographie est bien maigre. Certes, on sourit parfois et la mise en scène avec l’accordéon géant, est amusante, mais que nous importe que cette jeune fille ait joué la Marseillaise devant Pierre Mauroy ou qu’elle ait obtenu un prix dans un concours d’accordéon belge !
Si vous n’êtes pas passionnés par les autobiographies d’une vie ordinaire, passez votre chemin et vous éviterez de perdre votre soirée. Dans le cas contraire, vous serez peut-être intéressé par cette pièce, même si on se demande parfois si Saïda Jawad n’a pas attiré plus de spectateurs sur son physique avenant, sa jolie robe d’été et la qualité de son jeu que sur le véritable contenu de sa pièce.