Naked weapon

L’histoire :

Kidnappées par une organisation des jeunes femmes sont transformées en assassins de charme.

Critique subjective :

Pour le spectateur occidental lambda, le nom de Tony Ching Siu-Tung évoque tout au plus le chorégraphe de Shaolin soccer et des dernières fresques martiales estampillées Zhang Yimou (Hero, Le secret des poignards volants, La cité interdite). L’étiquette est bien sûr très réductrice. Aux yeux du féru de cinéma asiatique, Ching Siu-Tung (alias Chang Xiaodong) est le réalisateur à qui l’on doit entre autres la trilogie Histoire de fantômes chinois et le film Dr Wai. Pour le cinéphile un tantinet déviant, Siu-Tung est irrémédiablement attaché à Naked weapon, une œuvre à part qui s’est forgée une petite réputation depuis sa sortie en 2002.

Affichant clairement son cocktail commercial « action + érotisme », Naked weapon fleure bon le cinéma d’exploitation (cf. le matériel promotionnel du métrage où l’on voit invariablement deux belles jeunes femmes asiatiques nues et armées de couteaux). Le pitch : Madame M. kidnappe des fillettes, les séquestre sur une île pour en faire des machines à tuer puis les relâche des années plus tard afin qu’elles assassinent des cibles aux quatre coins du monde. Dans sa première partie, le film évoque un WIP (le sous-genre « Women In Prison ») : des jeunes femmes emprisonnées subissent un entraînement inhumain dans sur une île / prison. Et les incohérences narratives de renforcer le côté résolument bis de la chose. On se demande en effet quel intérêt peut avoir Madame M. à faire s’entretuer ses pensionnaires (il ne doit théoriquement n’en rester qu’une seule par « promotion ») après les avoir formées pendant six années. Même constat pour le viol, ultime étape de la formation pour les rares recrues qui auront survécu aux épreuves précédentes. Déjà bordélique à ce niveau du métrage, Naked weapon part encore plus dans tous les sens lorsque trois tueuses sont libérées pour effectuer leurs premières missions. Le scénario mélangera alors allègrement action, érotisme (très sage), enquête policière, romance niaise (voir la scène du camion frigorifique) et touches humoristiques. Si l’intrigue manque indéniablement de rigueur, cela participe au charme d’un métrage qui demeure, malgré tout, distrayant de bout en bout.

Naked weapon a aussi le mérite de nous rappeler que Ching Siu-Tung vaut bien mieux qu’un simple chorégraphe de bastons esthétisantes au service d’un cinéaste spécialisé dans les œillades appuyées aux bobos de festivals (Yimou donc). Dans Chek law dak gung, le réalisateur, c’est lui. Notre homme en profite pour s’en donner à cœur joie avec des scènes d’action pêchues en diable. Avec un vrai sens de la mise en scène physique et visuelle des combats, Siu-Tung nous délivre une bonne poignée d’affrontements nerveux et violents. De quoi ravir l’amateur de galipettes made in HK. Dommage qu’une photographie très artificielle, et surtout une bande originale tapageuse (grosse techno dans les scènes d’action …) viennent quelque peu gâcher la fête.

Verdict :

Au final, Naked weapon n’a pas d’autre prétention que de divertir. Il y réussit plutôt bien.

Une image qui tutoie la perfection à quelques artefacts compressifs près. Si la compression s’invite donc parfois à l’écran (mais seulement au niveau de quelques arrière-plans et dans de rares scènes), le reste s’avère de haute volée avec un master propre, un piqué parfait et une colorimétrie soignée.

Trois pistes d’excellente tenue. Au menu, Dolby Digital 5.1 en cantonais, anglais et français. A chaque fois, le rendu est optimal avec un son extrêmement dynamique et très enveloppant. Une petite préférence pour la version chinoise, plus riche et davantage énergique. A noter que la VO est la piste en cantonais même si cette dernière contient une majorité de dialogues dans la langue de Shakespeare.

- Making of : sexe, gunfights et arts-martiaux (23 minutes) : Un making of divisé en cinq thèmes (l’histoire, les personnages, le réalisateur, les combats, les scènes érotiques). Un supplément « à l’américaine », autrement dit très promotionnel. Subsistent tout de même quelques images prises sur le vif qui nous dévoilent un Ching Siu-Tung souvent bourru et criard sur le plateau.

- Interview de Maggie Q : Maggie Q & A (17 minutes) : La jeune actrice évoque ses débuts et le tournage du film. Quelques informations intéressantes sur le système de production très particulier de Hong-Kong.

- Bandes annonces (6 minutes) : Naked weapon, Typhoon, Dragon squad.