The Road to Guantanamo

Résumé

En 2001, quatre britanniques d'ascendance pakistanaise se rendent au Pakistan pour le mariage de l'un d'entre eux. En chemin, ils prennent conscience de la détresse d'une population afghanne déchirée par les bombardement américains faisant écho aux attentats du 11 septembre.

Quelques repères historiques

Situé sur le site de la base navale militaire américaine à Cuba, Guantanamo « accueille » des prisonniers de guerre, pour la plupart des Talibans capturés en Afghanistan. Une longue procédure a été engagée par Amnesty International et l’ONU pour garantir les droits des prisonniers, voire démanteler cette prison militaire, perçue par l’opinion publique comme un goulag moderne.

Un docu-fiction de très bonne facture
Focalisé sur la triste infortune de quatre ressortissants britanniques, The Road to Guantanamo prend le parti de la focalisation interne plus qu’il ne vise à l’omniscience. Trop peu de données ont en effet suinté des camps pour se risquer à une analyse en profondeur dudit complexe. Le spectateur suit donc la plongée aux enfers de ce petit groupe dans ce tout ce qu’elle contient d’inhumain. Pour autant, le réalisateur ne verse pas dans le larmoyant. S’appuyant sur le témoignage de nos trois témoins, ce dernier alterne les séquences d’actions (bombardements en Afghanistan, séquences confuses d’évacuation) avec des résultats certes divers sur le plan technique, mais toujours réussis sur le fond. La DV à l’épaule, Winterbottom nous propose ainsi un docu-fiction dont le principal ressort reste l’adhésion du spectateur. A plusieurs reprises, on peut ainsi s’interroger sur les motivations des personnages principaux. Le documentaire nous renseigne sur le casier judiciaire déjà bien fourni des compagnons que nous suivons. A plusieurs reprises, nous pouvons ainsi douter de leurs bonnes intentions. Mais jamais de la déchéance dans laquelle la première puissance militaire a versé depuis un certain 11 septembre 2001.

Ce documentaire est précieux pour plusieurs motifs. Il nous interroge sans tenter d’abuser de notre impressionnabilité, et déroule ce fil de la raison d’état toute-puissante que rien ni personne ne semble pouvoir contredire. Il pointe aussi le doigt sur la fragilité de simples citoyens pris dans les rêts d’une culpabilité présumée. Ce sont des questions d’ordre morales que Winterbottom pose ici. Le poids d’une blessure immense, celle du 11 septembre, s’accompagne d’une responsabilité à assumer. Elle en appelle à un ordre moral qui a depuis longtemps cédé sa place au profit et autres conflits d’intérêts politico-économiques.

Si la fermeture de Guantanamo n’est désormais plus qu’une question de temps, on peut désormais s’interroger et faire le lien avec les nombreux vols US secrets vers les pays est-européens, notamment la Pologne. Le déplacement de ces zones de non-droit en territoire européens nous engage davantage dans un processus de responsabilité qu’il faudra bien assumer un jour : car c’est dans les périodes historiques les plus malsaines qu’il incombe au citoyen d’apporter des réponses.

Plus loin

On peut percevoir des corrélats avec Loose Change et Une Femme à Abattre. Ceux qui voudront développer les implications et autres compromissions politico-financières se tourneront avec beaucoup d'intérêt vers ces sources d'information, voire d'affabulation, selon la sensibilité de chacun.