Résumé
La nuit au collège de Saint-Agil, des choses étranges se passent. En effet, trois élèves qui préparent en secret leur départ en Amérique, disparaissent mystérieusement les uns après les autres après avoir surpris, une nuit, un homme étrange dans l’établissement.
Critique
Adapté du roman de Pierre Véry, avec Jacques Prévert en dialoguiste et un casting de rêve comprenant Michel Simon (Boudu sauvé des eaux, Le vieil homme et l’enfant), Eric Von Stroheim (Boulevard du Crépuscule), Robert Le Vigan (Goupi Mains rouges) et Marcel Mouloudji (L’enfer des Anges, Raffles sur la ville), Les disparus de St Agil est l’un des plus grands classiques Français. On y aperçoit même, en tant que figurant, Charles Aznavour et Serge Reggiani.
Outre le côté nostalgique, Pathé en nous offrant cette édition, nous permet de (re)découvrir un film réalisé par l’un des maîtres du cinéma français, à savoir Christian-Jaque, à qui l’on doit notamment des chefs d’œuvre tels que « Boule de Suif » ou encore « Lucrèce Borgia », mais aussi des films plus légers mais tout aussi marquants comme « François 1er » ou encore « Fanfan la Tulipe ».
Avec « Les disparus de St Agil », le réalisateur s’offre une mise en scène résolument novatrice pour l’époque, avec un ton moins littéral, moins lyrique que celui que nous gratifie le cinéma américain de l’époque. « Les Gosses », comme il les appelle, donnent le ton et nous emmène sans difficulté dans cette aventure mélangeant les codes du film noir et celui de l’aventure fantastique. « Film de gosses » par excellence, « Les disparus de St Agil » est un mélange savant de talents. D’abord ceux des enfants qui se veulent résolument crédible et parfaitement naturel, entraînant de ce fait le talent des adultes à s’associer à une telle crédibilité. Et l’on peut ainsi apprécier à sa juste valeur l’incroyable composition de Michel Simon, qui se révèle un prof alcoolique et rotor particulièrement crédible. Il en va de même pour la composition de Eric Von Stroheim, qui, même s’il continue de jouer un personnage résigné, comme dans la plupart de ses films, se voit par cette osmose qui règne sur le plateau, devenir un personnage autant inquiétant qu’attachant.
Le film est une réussite, car il sait adapter le jeu des acteurs à la situation de la trame. Jamais hors de propos, les scènes sont incroyablement jouissives tant elles passionnent le spectateur. Christian-Jaque, trouve dans le sujet des « Disparus de Saint Agil », tous les ingrédients qu’il affectionne, comme le surnaturel, que l’on retrouve très présent déjà dans « François 1er » qu’il réalisa en1937, ou encore une intrigue inspiré des films noirs qu’il reprendra ensuite dans « L’assassinat du Père Noël ». le tout associé à un amour immodéré pour ses acteurs, le réalisateur signe là un chef d’œuvre sans conteste, qui entraîne parents et enfants dans les méandres de cette histoire fantastique.
Aidé par un scénario qui mêle habilement codes du film noir et fausses pistes, porté par des dialogues savoureux de l’immense Jacques Prévert, « Les Disparus de St Agil » est d’une incroyable modernité et ne semble pas du tout avoir souffert du temps et de ses 69 printemps.
En conclusion
Un chef d’œuvre du cinéma français, qu’il faut absolument se procurer, pour sa modernité, son sens de l’intrigue et son jeu de comédiens incroyablement convaincants. Une nouvelle manière de voir les classiques du cinéma français que Pathé nous offre dans cette superbe édition. Un vrai régal !