Sex is comedy

Présenté à Cannes en 2002 en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, Sex is comedy nous fait passer de l’autre coté de la caméra et nous plonge de le huis clos des tournages du film.  Ce film met en scène Jeanne (Anne Parillaud), réalisatrice de Scènes Intimes. Sans être la copie de Catherine Breillat, Jeanne est un de ses portraits. Donc revenons sur la personne de Catherine Breillat avant de passer au personnage.

 

En 1968, Catherine Breillat débute comme écrivain avec un ouvrage dit libertin, « l’homme facile ». Sa première réalisation date de 1975 avec  une vraie jeune fille ,  puis elle tournera 8 films dont le contreversé Romance  et A ma sœur et participera à celui de Virginie Despentes  baise moi . Catherine Breillat cultive donc un goût certain pour la provocation le sulfureux et la polémique.

 

Donc le spectateur ne sera pas étonné que le thème du making off  de Sex is comedy porte sur la réalisation d’une scène de dépucelage inspirée de celle d’Helena dans   A ma sœur . La réalisatrice est interprétée merveilleusement par Anne Parillaud : elle se fond parfaitement dans le rôle de Jeanne, réalisatrice autoritaire, déterminée et qui doute.  Ashley Wanninger joue l’assistant de Jeanne, il est étonnant de naturel. Les prestations des acteurs (Roxane Mesquida , Grégoire Colin) sont moins remarquables, Mais on peut leur accorder des circonstances atténuantes si on prend en compte le coté schizophrène du film : Roxane Mesquida  joue le rôle de l’actrice qui tournait Helena et qui n’est autre qu’elle-même. Quant à l’équipe des machinistes et techniciens tournent à la fois le film et sont dans le film… quel casse tête !!!

 

L’ambiance du film est assourdissante, on est embarqué dans le flot de paroles de Jeanne, dans ses explications, et ses états d’âme. Elle est imbuvable, agressive, brutale et bavarde. Ce film montre sans complexe son obsession du sexe, son goût pour le pouvoir (image castratrice de la prothèse du sexe de l’acteur manipulée par l’accessoiriste) et la manipulation des acteurs. Jeanne entretient une relation d’amour et de haine avec son acteur et ment à son actrice pour arriver à la phase finale du film. Ce film parle des relations entre le réalisateur  et acteurs mais aussi sur la difficulté de mettre en scène, de capter l’émotion.

Par contre, difficile de capter l’attention du spectateur et, même si certaines scènes sont cocasses, comme les scènes de la prothèse, on est noyé par la volubilité de Jeanne. Trop dense, trop énergique, on en capte la moitié, le message ne passe donc pas entièrement. Et pourtant il y a des choses intéressantes, des répliques clés : « s’il y a plus ça à filmer, il n’y a plus rien » ou encore « cette violence, ce rapport au pouvoir, qu’il y a en dessous de ça, c’est masculin…Et c’est toujours au moment où tu les massacres qu’ils font des choses éblouissantes, comme s’ils avaient besoin d’être soumis ». Ces extraits montrent bien les relations que possède Jeanne avec ses acteurs et ses opinions.

 

Sex is comedy ne permet donc pas au spectateur d’éprouver une émotion qui lui soit sienne. Il est sur le même plateau que les autres et doit suivre le capitaine, Jeanne / Catherine Breillat. Tout est bien orchestré, digéré. On ne peut pas s’en échapper.  Cependant, ce film est un bon témoignage sur la difficulté de la mise en scène.

Bien que le fond fourmille un peu sur les scènes extérieures au lever du jour, l’image est de bonne qualité. Les couleurs sont bien restituées, il n’y a pas d’effet de pixellisation.

L’édition ne présente qu’une piste audio  Dolby stéréo en VF : les voix sont parfaitement claires et audibles ; il n’y a pas d’effet stéréo remarquable. La bande originale composée de la musique de Madredeus est bien restituée.

 

 

La présentation est très fonctionnelle et minimaliste, pas d’écran de menus inutiles, une sélection simple et une navigation sommaire.

 

Les bonus sont peu nombreux et pas riches de nouvelles informations : le classique chapitrage et la présentation de deux bandes annonces des précédents films de Catherine Breillat : Romance et A ma sœur.  Pourquoi pas un making of du making in ?