L'histoire :
De sa naissance en Russie en 1903 à sa mort par suicide à New-York en 1970, la vie et l'oeuvre de Mark Rothko, l'un des plus grands artistes américains du XXe siècle.
Critique artistique :
Il ne faudra point s'étonner si la critique qui suit est aussi courte qu'hargneuse. Le film d'Isy Morgensztern est un brillant exemple de gauchisme caviar imbu de lui-même fustigeant la bourgeoisie des galeries d'art parisiennes tout en étant soi-même la résultante d'une éducation propre à la classe susmentionnée. Ne nous attardons pas sur la réalisation, elle est ici synonyme d'amateurisme et de non connaissance technique, que l'on ne retrouve guère que chez Catherine Breillat. En 4/3, aux couleurs délavées, comme un hommage à une certaine série allemande des années 1970/80 (suivez l'inspecteur), le documentaire est en opposition totale avec son sujet. Je trouve honteux que le travail esthétique, quand on parle d'un artiste plastique, et à fortiori d'un peintre tel Rothko, se limite à un photo-montage mal fait, apparemment effectué sur le logiciel grand public de la marque à la pomme. S'il est vrai que le spectateur déserte aujourd'hui les chaînes à vocation culturelle telles France 5 et consorts, cela me semble mérité au vu de la déplorable volonté de production de ces dernières. N'en déplaise à certains critiques cités sur l'arrière du boîtier, le film n'a rien de remarquable ni passionnant. Le journaliste du magasine télévisuel qui note ses critiques avec un petit bonhomme à houppette, ose même louer la réalisation et l'accompagnement musical, ce qui me semble un tant soit peu (sic) exagéré. Travaillant moi-même régulièrement sur des films d'entreprises, j'avoue avoir entendu des mélodies en midi, au synthétiseur, à la fois plus agréables et mieux construites (et pourtant dieu sait que je déteste ça).
On pourrait peut-être se rattraper sur la narration, certes intéressante; mais pour refaire référence au feuilleton allemand dont je parlais un peu plus tôt, disons que la tonalité vocale est largement aussi soporifique. Il est quand même grave qu'à l'heure où les musées accusent une baisse d'affluence des jeunes générations, on ne fasse pas d'effort pour rendre accessible, tout en restant sérieux, la culture complexe et multiple de l'art pictural du XXe siècle - d'autant plus que le mouvement abstrait, dont fait partie Rohtko, n'est ni des plus ludiques ni des plus grand public. Encore une fois, ce genre de film démontre la volonté d'une certaine classe de la population de conserver pour elle (et elle seule) l'exclusivité de la connaissance et de la maturité culturelle tout en se gaussant d'un ego boursouflé.
Devrais-je encore m'attarder sur la longueur et le rythme (absent) du documentaire ? Pour élément de réponse, j'ai du regarder au moins une quinzaine de fois ma montre pendant la première demie heure... Ce fut bien la première fois qu'un 52 minutes me parut durer une éternité. Il est amusant de constater que ce film fut diffusé à la National Gallery de Washington et dans d'autres musées célèbres. C'est un peu comme les vidéos de présentation d'outils dans les magasins de bricolage, on passe devant, sans trop le noter.
Verdict:
Un film exécrable, abrutissant, fatigant, sur un sujet qui aurait pu être intéressant. La faute à une réalisation amateur, à une musique accablante et un montage ahurissant de médiocrité.
Si l'on peut imputer le fade des couleurs au système NTSC, on ne peut néanmoins oublier les cadrages méprisables et l'éclairage hasardeux, sans compter le tremblement des peintures dans leur intégration (sûrement dû à une mauvaise connaissance des logiciels de montage utilisés). Qu'on ose présenter ça au public est stupéfiant. La qualité d'image du DVD est à la hauteur de son contenu.
Sur une bande originale éreintante, 51 minutes de torture auditive, néanmoins bien rendues sans particularité aucune. On entend bien le narrateur, on entend bien la musique, et c'est horrible à dire, mais c'est dommage.