La commune détient tous les records en matière de chômage, trafic de stupéfiants et criminalité. Après 20 ans passés en prison, Isham Amadi, jeune délinquant converti à l’Islam et devenu leader d’un mouvement, décide de réintégrer son quartier d’origine où il retrouve son ami d’enfance et caïd de la cité Housmane Daoud.
Avec « La commune », on peut être soit réellement agacé, soit complètement sous le charme. Alors réellement agacé parce que finalement après avoir plongé dans l’univers sombre et volontairement glauque, on finit par se poser une seule question : N’y a-t-il donc rien de bon dans une cité ? N’y a t-il pas d’amour au cœur de ces tours ? Ne peut on pas trouver des instants de grâce ? Il y en a marre de voir toujours ces cités constamment montrées du doigts, inlassablement noircies de violences et de sang. Oui la violence existe dans ces ghettos, moins misérables qu’aux Etats-Unis, mais aussi sordide parfois que le doigt qui nous serre à les montrer, oui il y a de la corruption autour de ces tours, aussi honteuse que la pauvreté qui nous entoure, et pourtant, il y a des sourires dans les allées qui les bordent, il y a de l’amour entre les gens qui y habitent. Les couleurs et les nationalités ne connaissent aucune frontière, sinon celles que l’on s’imposent par crainte ou par honte. Il n’y a pas de honte à vivre dans une cité, cela ne réduit pas les esprits, et il est temps d’en prendre conscience. Il n’y a aucune honte à s’appeler Rachid, Mamadou ou François. Les cités sont des lieux d’échanges hors du commun, méprisées, souvent par ignorance, mais aussi par crainte de ceux qui utilisent la violence comme outil de communication à l’intérieur de ces quartiers. Pour que la violence disparaisse totalement de ces quartiers, il faut plus lui donner une crédibilité en arrêttant créer des héros baignés de violence et d’injustice. La cité doit changer son image et rappeler au monde qu’elle existe dans toute sa beauté, avec ses fragilités et ses talents, pour que ce monde qui l’a créé ne lui tourne plus le dos. En cela « La Commune » agace car elle en remet une couche. Pourquoi ne pas re-faire la même histoire, mais cette fois ci à Neuilly, où la violence est aussi malsaine et destructrice qu’à St Denis ? Pourquoi les héros charismatiques, ne seraient pas issus de la grande bourgeoisie ? Arrêtons une bonne fois pour toute de taper sur les même et essayons ensemble de construire une véritable utopie.
Pour l’aspect artistique, « La commune » est séduisante, car le jeu des acteurs est en réelle retenue et certains dialogues font mouche. Après une ouverture un peu mystique, qui tente de planter des jalons un peu nébuleux pour l’ensemble, on plonge assez facilement et on se laisse totalement happer par cet univers volontairement glauque. Francis Renaud que l’on connaissait déjà notamment pour sa participation remarquable au film « 36 quai des Orfèvres », offre ici l’une de ses meilleures compositions, tout en retenue. Son personnage charismatique et torturée ne cesse de prendre de l’ampleur au fur et à mesure des épisodes.
L’autre grand intérêt reste le choix des créateurs Jean-Francois Boyer à la production, Abdel Raouf Dafri au scénario, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé à la réalisation, de créer un espace neutre pour qu’aucun lieux ne soit réellement identifiable et en même temps totalement assimilable avec des cités existantes.
En conclusion, une série réussie en bien des points, mais qui insiste encore beaucoup trop lourdement sur l’aspect glauque d’une cité. Vivement un film sur les couleurs et les bonheurs d’une cité sans cliché ni tabou.