Et si cet infatigable pourfendeur du mensonge et de la manipulation, et souvent considéré comme un exemple de contre-pouvoir et de probité, n’était pas aussi honnête qu’on le croit ? Et si lui aussi manipulait pour avancer ses idées ?
Michael Moore est certainement l’un des idéalistes les plus populaires du monde particulièrement depuis ses documentaires « Bowling for Columbine » qui revenait sur la libre circulation des armes aux Etats-Unis et sur les effets néfastes que cela peut avoir sur la population, et surtout « Fahrenheit 9/11 », magistrale brûlot critiquant ouvertement l’accession au pouvoir et la politique guerrière de Georges Bush Jr. Fervent défenseur de l’opprimé, manipulant les bonnes idées, pourfendeur des idées nuisibles à la grandeur de son pays, Michael Moore ne se fait pas que des amis.
Les canadiens Rick Caine et Debbie Melnyk viennent donc, avec « Michael Moore : Polémique système », se faire l’antithèse des déclarations du polémiste et de ce fait dénoncer ses manières parfois douteuses.
Pour commencer il faut se rendre à l’évidence, Michael Moore détourne volontairement des faits pour accentuer son propos et ainsi donner plus de force à ses déclarations, qu’il s’agisse d’une mise en scène ou simplement d’un fait sorti de son contexte. Il serait réducteur de ne pas reconnaître que cela est la base même et de la politique et du journalisme. Combien de scandale naquirent de fait sortis de leur contexte ? Il n’en demeure pas moins, que ses documentaires atteignirent leurs buts ultimes faire réfléchir la communauté internationale sur les biens fondés de décisions prisent au niveau le plus haut de la hiérarchie américaine. Une manière détournée d’amener le peuple américain à regarder ses faiblesses en face.
Ainsi sur une base, volontairement assassine, et ouvertement opposée aux idées de Michael Moore, les deux journalistes n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur le polémiste. Utilisant ses propres méthodes, mais en assénant d’un coup une vision plus négative encore de la politique américaine. Ainsi, on s’offusque que Michael Moore ait mis en scène la remise d’une arme par une employée de banque après l’ouverture d’un compte, mais pas de l’idée même d’offrir un fusil en cadeau pour devenir client d’une banque. On crie au scandale de l’interview de Charlton Heston, mais pas de ses idées. Ou encore d’un soldat qui montrait ses plaies après la guerre en Irak, mais pas de l’absence de vérité dans ce conflit.
On le comprendra aisément « Michael Moore : Polémique système » est la réponse républicaine aux attaques médiatiques du polémiste le plus célèbre des Etats-Unis. Intéressant mais beaucoup moins passionnant que leur victime.