L’histoire :
Un maniaque défie la brigade cybercriminalité de Portland en mettant en ligne un site Internet proposant des meurtres participatifs.
Critique subjective :
Honnête faiseur formé à l’école du petit écran (il a officié sur les séries Hill street blues et L.A. law), Gregory Hoblit est un réalisateur assez prolifique (six longs-métrages sur une petite douzaine d’années) qui affiche un solide attachement envers le thriller, qu’il soit de procès, fantastique ou policier (Peur primale, Le témoin du mal, Fréquence interdite, Mission évasion, La faille). Dernier titre en date d’une filmographie probablement appelée à devenir conséquente, Intraçable (Untraceable) s’inscrit encore une fois dans ce genre.
Chatons écrasés, journalistes égorgés, autopsies, suicides, accidents divers, mise à mort d’un ancien dictateur, etc. Formidable outil de connaissance et d’échange, Internet reste aussi un très bon moyen d’assouvir de vils penchants, notamment en matière de voyeurisme morbide (celui-là même qui fait ralentir les conducteurs lorsqu’ils ont l’occasion de contempler les dégâts causés par un accident de la route). C’est sur ce thème qu’est basé le scénario de Untraceable. Il y est plus précisément question d’un sadique féru d’informatique qui prend un malin plaisir à narguer les enquêteurs de la division cybercriminalité du FBI de Portland. L’objet du délit : le site killwithme.com qui propose des meurtres « participatifs ». Le schéma est simple : une victime est placée dans un piège qui ne devient létal qu’à partir d’un nombre élevé de connexions sur le site. Quand le voyeur devient complice de l’acte qu’il observe … Un pitch malheureusement crédible pour un scénario bien échafaudé (excepté les inévitables digressions peu passionnantes sur la vie privée des enquêteurs) qui avance ses pions un par un.
Fidèle à lui-même, Gregory Hoblit emballe son histoire de façon très classique. Mise en scène carrée entièrement dévouée au récit et scope soigné sont de la partie. L’écueil majeur, celui d’une réalisation plate qui aurait consisté à montrer des personnes en train de visionner des écrans d’ordinateurs, est esquivé la plupart du temps.
Tout aussi bien construit qu’il soit, Intraçable comporte néanmoins son lot de paradoxes, le moindre n’étant pas une certaine dose d’opportunisme (le métrage surfe clairement sur la vague du torture flick initiée par la franchise Saw). Force est de constater que le film, qui dénonce une certaine forme de voyeurisme, fait néanmoins des moments de torture ses passages clés (ce sont eux qui font avancer le récit et donnent le tempo). Visuellement, ces séquences sont aussi largement mises en exergue avec une imagerie faste qui contraste avec l’esthétique volontairement morne dont est empreint le reste de l’œuvre (la grisaille urbaine de Portland).
Verdict :
Malgré ces quelques contradictions, Intraçable s’impose comme un thriller plutôt bien ficelé, un divertissement qui remplit son cahier des charges.
Une image impeccable à tous les points de vue. Piqué parfait, master propre, colorimétrie idéalement gérée et compression invisible (malgré les nombreux passages obscurs). Du tout bon pour un pressage DVD particulièrement soigné.
Un son de qualité mais qui manque un peu d’ampleur. Si le rendu est cristallin, dynamique et bien spatialisé, les deux pistes Dolby Digital 5.1 manquent parfois d’amplitude. N’en demeure pas moins un confort d’écoute indéniable (particulièrement avec la piste VO, mieux mixée).
- Commentaire audio : Gregory Hoblit (réalisateur), Hawk Koch (producteur) et Paul Eads (décorateur) délivrent un commentaire assez complet, explicitant les différents choix opérés (scénario, casting, lieux de tournage, mise en scène) maints détails à la clé.
- Sur les traces d’Untraceable (16 minutes) : Retour sur la genèse du projet, le scénario (et ses ajustements) et les aspects techniques liés à Internet. Service après-vente standard (et donc fort peu convainquant …) assuré par l’équipe du film.
- Untraceable : les fichiers du personnel (15 minutes) : Coup de projecteur sur les personnages et le casting. Un supplément qui prend la forme d’un horripilant feu d’artifice de congratulations réciproques.
- Les plans du meurtre (14 minutes) : Un bonus éclairant consacré au choix et à la confection des décors, extérieurs et intérieurs.
- L’anatomie du meurtre (6 minutes) : Un supplément intéressant (mais trop succinct) consacré aux effets gore du métrage.