En conquérant l’Egypte, César conquiert le cœur de Cléopâtre avec qui il revient triomphant à Rome. Il y est rapidement assassiné et Cléopâtre rejoint son pays. Peu de temps après le consul Marc Antoine succombe lui aussi à ses attraits, mais Rome se fâche.
Claudette Colbert la plus française de nos actrices américaines du siècle dernier s’était longuement illustrée dans une carrière aussi prestigieuse qu’impressionnante jonchée de légende comme Franck Capra, Ernst Lubitsch ou encore John Ford, mais aussi Sacha Guitry dont elle fut, entre autre, l’une des compagnes. Cette actrice âgée de 31 ans allait enfin connaître la véritable gloire grâce au talent d’un réalisateur de légende : Cecil B. De Mille (Les 10 commandements). Car jouer Cléopâtre n’est pas d’une simplicité en soit. Le personnage est un subtil mélange d’érotisme, de force et de détermination, qui offre à celle qui lui rend honneur la gloire certaine. Et Claudette Colbert (Si Versailles m’était conté…) ne s’y trompe pas. Elle donne un relief incroyable au personnage, use d’une sensualité hors norme pour l’époque, et fait naître une Cléopâtre plus vraie que nature. Si le jeu reste très marqué des influences de l’époque, avec des gestes très grands, des regards brûlants et une narration tragique évidente, la comédienne n’en demeure pas moins incroyablement juste et beaucoup moins naïve que les précédentes.
Cecil B. De Mille ne s’y est pas trompé d’ailleurs, en choisissant la comédienne, il trouve une Cléopâtre beaucoup plus proche de celle que l’imaginaire collectif a pu se créer. Pas si éloigné que ça de la future Cléopâtre de Mankiewicz, celle de Cecil B. De Mille met l’accent sur le véritable relation qui l’unie d’abord à César et ensuite à Marc Antoine tout en essayant de ne pas s’éloigner de la réalité historique. C’est d’ailleurs l’une des marques de fabrique du réalisateur de Péplum le plus célèbre. En effet ce dernier parvient à chaque fois, et « Cléopâtre » en est encore un exemple, à raconter une histoire importante de l’antiquité, en en faisant naître tout l’érotisme sans jamais choquer la bienséance de l’époque, mais surtout en n’oubliant de respecter au plus prêt les détails de l’histoire. La Rome et l’Alexandrie de Cecil B. De Mille ressemblent au hiéroglyphe prêt, à celles des livres d’histoires de l’époque. Même Claudette Colbert semble arrivée tout droit de l’antiquité en véhiculant une véritable sensualité particulièrement surprenante pour l’époque, mais si intelligemment tournée qu’elle ne finit jamais par choquer.
En conclusion, l’édition de ce chef d’œuvre du cinéma Hollywoodien des années 30, nous permet de découvrir l’un des sex-symbol de l’époque dans un rôle marquant et parfaitement mis en scène par un réalisateur de génie. Pas si éloignée de la prestation d’Elysabeth Taylor, vingt ans plus tard, Claudette Colbert parait même en avoir été le modèle.