L’histoire :
Regards sur les existences de cinq femmes, impactées par la mort d’une jeune fille.
Critique subjective :
Le film dit « choral » (dans lequel les destins de nombreux personnages s’entrecroisent) est un sous-genre qui ne souffre pas la médiocrité. Sans un scénario au millimètre et des personnages parfaitement caractérisés, l’entreprise cours à sa perte. Pour un Magnolia, un Collision (très surestimé), un Babel (sûrement le titre le plus abouti du genre et indéniablement le plus ambitieux) ou un Bobby, combien de boursouflures honteusement bancales ?
Avec son second long-métrage (après Blue car en 2002), la réalisatrice Karen Moncrieff (ancienne actrice de séries TV) décide d’apporter sa pierre à l’édifice. Elle signe ainsi The dead girl (dont elle assure l’écriture et la mise en scène) en 2006. Sorti la même année sur le territoire américain, le film ne sera projeté qu’en 2008 dans les salles françaises, ceci après un passage remarqué au Festival de Deauville (il y raflera le Grand prix).
L’intrigue de The dead girl s’articule autour de la découverte du cadavre d’une jeune femme. Sur ce schéma, la réalisatrice brode une histoire en cinq segments (chacun étant titré en fonction du point de vue : « L’étrangère », « La sœur », « L’épouse », « La mère », « La fille morte »). Point commun entre chaque sketch : un personnage principal féminin oppressé, affecté par un trauma lié à son entourage (une mère acariâtre, une sœur disparue, un mari soupçonné du pire, un mari incestueux et une fille disparue, une fillette de trois ans plus ou moins abandonnée). Des femmes brisées, des oubliées du rêve américain qui se débattent pour tenter de rompre avec les malheurs qui gangrènent leur existence.
D’emblée, The dead girl fait mouche et s’impose comme un film choral réussi. Aidée par une pléiade d’acteurs très concernés (Tony Collette, Giovanni Ribisi, Marcia Gay Harden, Brittany Murphy, Josh Brolin … pour n’en citer que quelques-uns !), Karen Moncrieff installe une ambiance lourde et triste, imprègne à son second long-métrage un ton assez déprimant. Une coloration assez désespérée qui le place dans la liste des films à ne pas visionner un soir de blues, même si quelques touches d’optimisme (modéré) viennent parfois sourdre ça et là. A l’arrivée, les différents segments se révèlent plutôt poignants et seuls deux petits bémols (le liant entre les sketchs est léger et la forme s’avère quelque peu maniérée) empêchent le film de se hisser vers de plus hautes sphères (sans jamais véritablement le plomber cela dit).
Verdict :
Propulsant Karen Moncrieff au rang de réalisatrice à suivre, The dead girl s’impose comme une comédie dramatique réussie.