Reniée par son mari et chassé du village, Katalin Varga s’engage avec son fils Orban dans un périple incertain, sur les routes de transylvanie. Au fil du trajet, les paysages se font inquiétant et les autochtones plus méfiants. Pourtant la jeune s’entête et poursuit son chemin. Elle sait que pour obtenir une rédemption, elle doit se confronter avec un passé qui fait mal et retourner là où onze ans plus tôt, sa vie à basculé.
Parfois au cinéma, on croise un moment de grâce, où le réalisateur crée une osmose avec son acteur ou son actrice principale. Ici, on a le droit, à ce petit moment de cinéma incroyable, sorte d’hommage assumé au réalisateur Andreï Tarkovski (Solaris), avec ses ambiances singulières, où la beauté des paysages et l’âpreté des situations plonge le spectateur dans une expèrience cinématographique hors du commun. Le réalisateur Peter Strickland signe une première œuvre surprenante de maturité, où chaque plan est soigné, où l’histoire se déroule comme une logique térrifiante. Le voyage de Katalin Varga devient toujours un peu plus évident à mesure que l’on avance dans l’histoire, son passé s’impose inévitablement et le spectateur y fait face avec une évidence désarmante.
Le scénario, d’ailleurs s’il ne fait pas l’exceptionnel, ni dans le spectaculaire, a le bon goùt d’emmener le spectateur dans une reflexion sur l’honneur, le pardon et la vengeance. Autant de sujets qu’il traite avec beaucoup d’intelligence et de pudeur. Peter Strickland, ne vient pas nous donner une leçon de vie en prenant un peuple qui vit sur ses croyances et sur ses coutumes ancestrales, comme tout ce que nous dénonçons avec plus ou moins d’hypocrisie, en stigmatisant systématiquement les hiérarchies familiales. Le réalisateur veut au contraire nous montrer qu’au cœur même d’une société fondée sur les traditions les plus anciennes, les valeurs que nous défendons ont une place importante et qu'une lumière sort toujours de ce qu’il y a de plus sombre dans notre histoire.
Et pour cela, Peter Strickland s’appuie sur une distribution particulièrement efficace, notamment la comédienne Hilda Peter qui transcende le rôle de Katalin, parfois envoutante, cruelle, elle se montre forte et pleine de dignité face à l’épreuve à laquelle elle doit faire face. Le voyage initiatique qu’entreprend son personnage prend tout son sens à mesure que sa composition se fait plus minutieuse. Et le duel qui l’oppose au comédien Tibor Palffy (100 Feet) est certainement l’un des plus beaux et des plus marquants de ces derniers mois.
Quand à la réalisation de Peter Strickland, il n’y a rien à redire. Le réalisateur magnifie les paysages des Carpates et leur rend l’aspect à la fois attirant et inquiétant. Il délivre une œuvre pleine de contrastes, utilisant l’environnement et le talent de ses acteurs pour mieux servir son histoire et en faire une œuvre puissante et marquante.
En conclusion, « Katalin Varga » est un film d’un rare puissance onirique, où les Carpates n’ont jamais été plus envoutantes et les comédiens livrent une composition impressionante de justesse. A ne pas râter !