L'empire des sens

Titre Original
Ai no corrida
Genre
Pays
Japon (1976)
Date de sortie
vendredi 25 avril 2003
Durée
105 Min
Réalisateur
Producteurs
Argos films - Oshima productions
Scénaristes
Nagisa Oshima
Compositeur
Minoru Miki
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Japonais
Non
Non
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Frédéric Deschryver
Editeur
Edition
Edition prestige
Label
Zone
2
Durée Film
105 min
Nb Dvd
1


L'histoire

Sada, une ancienne geisha est employée comme servante dans une auberge à Tokyo, dans les années 30. Remarquée par Kichi, le mari de sa patronne, elle devient rapidement sa maîtresse. Les deux amants vont alors vivre une passion charnelle effrénée, et se couper du monde.

 

 

 

 

Critique subjective

 

Oshima

Oshima Nagisa est l'une des figures les plus connues du cinéma japonais. Après avoir été assistant de réalisateurs comme Oda Hideo et Nomura Yoshitaro durant une période de 5 ans, il passe lui même à la réalisation en 1959 avec "Le quartier de l'amour et de l'espoir". C'est avec son second film, "Contes cruels de la jeunesse" qu'Oshima rencontre un certain succès. Il y aborde l'un de ses thèmes favoris: la désillusion de la jeunesse dans le Japon de l'après-guerre. Oshima réalise "Nuit et brouillard au Japon" dont la distributions se voit interrompue par la compagnie cinématographique Shochiku,  à cause des prises de positions politiques du réalisateur. Celui-ci continue de tourner grâce à sa propre maison de production qu'il fonde en 1965, et ce jusqu'en 1972, période durant laquelle il produit une dizaine de films plus personnels, comme "la cérémonie", une critique acerbe de la société japonaise ou "la pendaison", un réquisitoire contre la peine de mort. Au terme de cette période, il pense abandonner le cinéma. Survient alors la rencontre avec le producteur français Anatole Dauman, grâce auquel il réalise "l'empire des sens" en 1976, qui sera l'un de ses plus grands succès internationaux. Suivent "l'empire de la passion" (1980), puis "Furyo" (1982). En 1999, Oshima revient au cinéma, après de longues années d'absence avec Tabou, qui traite de l'homosexualité chez les samouraïs, avec Takeshi Kitano.

 

 

La naissance d'un projet

C'est lors d'un voyage à Paris qu'Oshima, venu présenter son film "une petite sœur pour l'été", fait la rencontre du producteur français Anatole Dauman, qui avait déjà travaillé avec Alain Resnais et distribué en France quelques uns des films d'Oshima, et qui lui propose de réaliser un film à caractère érotique, avec pour ambition de donner des lettres de noblesse à ce genre, et de se démarquer de la production courante, grâce à une réalisation soignée. Dauman qui a entièrement confiance en Oshima, fournit les fonds et laisse carte blanche au réalisateur. Oshima décide de s'inspirer d'un réel fait divers survenu dans le Japon de 1936, l'histoire de l'ancienne geisha Sada Abe et son amant Kichizo. En 1975, débute le tournage. Ce genre étant interdit au Japon, c'est dans le plus grand secret qu'Oshima se met au travail. Les prises de vues sont envoyées en France pour y être développées. Oshima tourne un film sans pouvoir connaître à l'avance le résultat des prises de vues, et confiant dans son travail, il tourne même, en dépit de l'inquiétude des producteurs, chaque scène en une seule prise.

 

 

Le scandale

En 1976, "L'empire de sens" sort sur les écrans japonais, et provoque les foudres de la censure. Juillet 1976: la police perquisitionne dans les locaux de la maison d’édition San’ichi shobo et au domicile du cinéaste Nagisa Oshima. Le livre L’Empire des Sens, comprenant le scénario du film et plusieurs photos de plateau est saisi. L’éditeur Takemura Ajime et Nagisa Oshima, accusés d’obscénité en vertu de l’article 175 du code pénal japonais, sont poursuivis par le Parquet, pour être finalement relaxés en 1982. Extraits du plaidoyer prononcé par Nagisa Oshima en 1978, lors de son procès à Tokyo: " S’agit-il d’art ? S’agit-il d’obscénité ? C’est-à-dire que je ne soutiendrai absolument pas l’opinion selon laquelle s’il s’agit d’art, il n’y a pas d’obscénité. À mon sens, ce qu’on appelle obscénité n’existe pas originellement. Si l’on considère que l’obscénité existe, il faut préciser qu’elle n’existe que dans la tête des procureurs et des policiers chargés de la poursuivre. II semble que la conscience des policiers, des procureurs et d’une partie des juges ait forgé une sorte de définition de l’obscénité". L'Allemagne à son accuse le film de pornographie, et ce n'est qu'un an et demi plus tard que le public peut enfin le découvrir sur les écrans, débarrassé de toute forme d'interdit.

 

 

Un film sulfureux

Avec "l'empire des sens", Oshima réalise un film à la frontière de la pornographie si l'on s'en tient à une simple observation des images. Effectivement, le réalisateur fait le choix de montrer des scènes explicites, des actes non simulés. Mais s'il se place ainsi à la frontière des genres, en transgressant les interdits et les tabous de l'époque, Oshima n'est en aucune façon provoquant ni racoleur, et ne sombre jamais dans le scabreux. Les actes sexuels ne sont pas montrés gratuitement. Le journal L'humanité voyait dans l'Empire des sens: "... Un poème sur la gestuelle amoureuse. (...) C’est un très grand film dans un genre qui, le plus souvent, n’est que le lieu d’accueil du pire mercantilisme", Le Point constatait que "Le cinéma érotique entre enfin dans l’âge adulte" et on pouvait lire dans L'Express: "... On y voit, une heure et demie durant, un homme et une femme faire l’amour. Pas un instant pourtant l’œuvre ne prend un caractère pornographique... Les images sont, de la première à la dernière, rigoureuses, tragiques et superbes". " Les images des corps étendus sur les nattes, m’ont fait penser à des toiles de Mantegna. Noir, rouge, or: telles sont les couleurs de ce théâtre, cerné par la neige et la pluie dehors. L’érotisme n’est pas ici paré de couleurs mièvres. L’érotisme a les couleurs de la tragédie. Il n’est pas un divertissement mais une souffrance" pouvait-on encore lire dans Le Figaro. Oshima délaisse avec ce film ses préoccupations revendicatives en racontant simplement une histoire d'amour, une passion terrible et extrémiste, vécue jusqu'au bout, dans sa tragique conclusion, menée de main de maître, filmée presque exclusivement en intérieurs. Oshima y montre les deux amants comme sur la scène d'un théâtre, avec son public, auquel est associé malgré lui le spectateur, qui assiste à cette incessante recherche du plaisir. Un film indispensable.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.66:1


L'image comme le son a subi un procédé de restauration. Le résultat est assez convainquant pour un film de cet âge. Sans problème de taches ou griffures, l'image est comme neuve, bien définie, on n'y décèle à peine quelques problèmes liés à la compression. On note toutefois un fourmillement dans les arrières plans. Les couleurs, dans leurs dominantes rouges offrent un bon rendu.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
1.0
Japonais
1.0


Cette édition de "L'empire des sens" bénéficie d'un son restauré. Les deux pistes française et japonaise, en mono, sont très claires, aux dialogues bien détachés, sans aucun problème de souffle. La version originale intègre plus d'informations sonores de par son enregistrement en direct, intégrant mieux les dialogues aux sons d'ambiance.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
38 min
Boitier
Amaray avec fourreau cartonné


Scènes inédites (6mn)

On peut visionner le film dans une version intégrant 6mn de scènes supplémentaires.

 

Autour du film (38mn38)

 

Une aubaine pour les admirateurs d'Oshima et de "L'empire des sens" en particulier, ce documentaire fort bien réalisé rassemble des interviews de multiples personnages ayant participé au tournage, à la production ou à la distribution du film. Chacun y va de sa petite histoire et livre bon nombre d'anecdotes. Koji Wakamatsu (directeur de production) explique par exemple que ''L'Empire des sens n'est pas un film japonais mais français. C'est de cette façon que nous avons réussi à contourner la loi. Le plateau n'était pas classé ''territoire japonais'', mais ''territoire français''. Comme il s'agissait d'un film français, aucun journaliste n'était autorisé sur le tournage. Seule l'équipe du film avait accès au plateau. C'était comme si on tournait en France. On ne pouvait pas développer la pellicule au Japon. On avait envoyé toutes les bobines en France. L'équipe n'avait presque pas vu de rushes. Personne ne pouvait nous taxer d'illégalité. Si on avait développé la pellicule au Japon, le laboratoire aurait pu être accusé d'outrage à la pudeur". Les discussions tournent également autour du fastidieux choix des acteurs, des souvenirs cocasses du tournage, et des démêlés avec la censure.

 

Crédits

 

Arte video

Bandes annonces de:

- Le tambour

- La planète sauvage

- Paris Texas

 

Livret

Un livret de 20 pages accompagne le DVD. On y trouve:

- un extrait des écrits d'Oshima

- des extraits du plaidoyer d'Oshima au cours de son procès

- une interview d'Oshima

- la fiche du fiml

- les biographies des intervenants

- la filmographie d'Oshima

La quasi-totalité du contenu de ce livret est disponible en ligne sur le site d'Arte.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
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