L’histoire :
Au cours d’une sortie mouvementée en voilier, des amis vont tomber sur un étrange paquebot, l’Aeolus.
Critique subjective :
Creep (2004), Severance (2006), Triangle (2009), Black death (2010). En quatre films, l’Anglais Christopher Smith s’est imposé comme un nom incontournable du cinéma fantastico-horrifique. Une trajectoire exemplaire balisée de métrages très différents mais tous réussis. Une qualité exponentielle aussi, chaque film étant supérieur au précédent. Plus original, plus ambitieux.
Dans notre belle contrée, les deux dernières œuvres du monsieur (les meilleures donc) ont fait les frais d’une politique de distribution aberrante, sortant en vidéo sans même avoir connu les honneurs d’une diffusion en salles. Au Festival du film fantastique de Gérardmer, Triangle concourra d’ailleurs dans la catégorie « inédits vidéo » (il remportera le meilleur prix) alors qu’en compétition officielle, il aurait sans doute ravi le grand prix à Bedevilled (Blood island) qui, lui aussi, finira par sortir … directement en vidéo. Triste ironie du sort. Grossière injustice aussi.
Ecrit par Christopher Smith, le scénario de Triangle s’attache à suivre Jess (Melissa George), jeune mère élevant seule un enfant autiste et qui voit dans une journée en mer l’occasion de s’aérer l’esprit. Au large de Miami, l’équipage (Jess et quatre amis) sera confronté à des phénomènes météorologiques troublants, essuyant notamment une violente tempête qui fera chavirer le voilier. Sains et saufs mais perdus au milieu de l’océan, nos moussaillons du dimanche croiseront la route d’un vieux paquebot vide, l’Aeolus, une sorte d’Overlook flottant, un Titanic désert et inquiétant. A bord, les naufragés deviendront les proies d’un tueur cagoulé. Mystérieusement épargnée, Jess fera une découverte tétanisante, mais n’en disons pas plus afin de ne pas éventer une intrigue passionnante.
Subtil et original, Triangle va jouer la carte d’une temporalité distordue et adopter un procédé narratif frais (effleuré par l’espagnol Timecrimes / Los cronocrimenes), une variante maline des films de voyage dans le temps. Une mécanique narrative redoutable et rigoureuse (cf. les détails qui tuent). Des boucles temporelles qui interagissent entre elles (donnant lieu à un jeu machiavélique sur les points de vue) et un ensemble qui exhale un côté « disque rayé » absolument terrible. Evoquant les meilleures histoires de La quatrième dimension, Triangle s’offre aussi une belle relecture du mythe de Sisyphe. Chapeau bas. Fidèle à lui-même, Smith signe une réalisation qui transcende le propos. Une mise en scène au cordeau, ample et significative.
Verdict :
S’imposant comme le Un jour sans fin du film horrifique, Triangle démontre à nouveau que Christopher Smith a de l’or dans les mains.
Des visuels d’excellente facture. Le format scope est respecté, tout comme la photographie du métrage, fortement saturée, quasi-surexposée lors des scènes en extérieur et très sombre lorsque l’action se déroule dans le ventre du paquebot. Master propre, définition précise et compression invisible valident le sans faute. De très bonnes conditions pour découvrir le film.
Trois pistes au choix avec une VO en 5.1 et une VF en 5.1 et DTS. A chaque fois, la qualité est au rendez-vous avec un rendu cristallin, bien spatialisé et très dynamique. Immersion garantie. Si le format DTS offre un surplus de puissance et d’ampleur, on regrettera que les doublages français soient trop en avant (même constat sur la version française en 5.1). A l’arrivée, c’est donc la piste anglaise en DD 5.1, mieux équilibrée, qui décroche la palme.
- Making of (42 minutes) : Un making of émaillé de nombreuses interviews (réalisateur, acteurs, producteurs, techniciens) et qui dépasse parfois le simple exercice promotionnel (les problèmes rencontrés lors du tournage sont évoqués sans détour). Plus intéressant que la moyenne donc.
- Bande annonce (1 minute).