Two hands

Un jeune australien est poursuivit par les hommes de main d’un gangster local après la disparition d’une importante somme d’argent.

Après avoir joué dans plusieurs séries, et avant de devenir l’un des sex-symbol d’Hollywood au destin tragique, Heath Ledger (The Dark Knight) décrocha un premier rôle marquant dans ce film décalé où tout est fait pour déstabiliser le spectateur. Le comédien fait déjà preuve de beaucoup d’assurance dans son jeu, parvient à jouer de son physique pour donner ce qu’il faut de volupté à son personnage, un peu comme Roméo torturé par l’amour de sa Juliette, et s’autorise une véritable performance d’acteur en faisant preuve d’une finesse de jeu rarement égalé chez un acteur débutant. Bien sur, on peut parler d’élégance post-mortem, d’une certaine complaisance suite à l’impressionnante composition de l’acteur dans « The Dark Knight », mais il n’en n’est rien, Heath Ledger est réellement saisissant dans le rôle de ce jeune homme, un peu lunaire, perdu entre l’amour qu’il éprouve pour une jeune femme qu’il croise un jour au détour d’une soirée, et l’instinct de survie qui fait de lui une proie facile. L’acteur fait en finesse et sait exploser à l’écran comme Martin Sheen dans « Apocalypse now ».

Pourtant difficile de s’y retrouver dans ce film brouillon de Gregor Jordan (Ned Kelly) qui réalisa là son premier film. Un histoire qui se déroule lentement vers une caricature des films de gangsters . Alors que la scène d’ouverture semblait plutôt annoncer un film proche des « Affranchis » de Scorcese, le réalisateur décide finalement de rendre plus burlesques les personnages secondaires et donne une sorte de peinture amusante d’une époque dont on ne parvient pas tout à fait à cerner la période, si ce n’est une antériorité aux téléphones portables et autres ordinateurs totalement absents de l‘action.

La réalisation de Gregor Jordan, souffre d’ailleurs de ce manque de linéarité dans la construction de son scénario, car même si parfois certaines répliques résonnent comme du cultissime, on ne peut éviter parfois une certaine longueur dans le déroulement de l’histoire dont on ne sait plus finalement où le réalisateur a décidé de nous emmener. Il serait pourtant injuste de ne pas parler de scènes particulièrement bien pensées comme le Hold-up, ou encore l’accident de la route. Chacune de ces scènes laissent présager un grand réalisateur qui a besoin de plus d’expérience pour mieux maitriser son art et rejoindre la sphère des réalisateurs Tarantinesque, tant le style est proche de l’auteur de « Pulp Fiction ».

« Two Hands » est un film à découvrir pour se rendre compte à quel point Heath Ledger ne pouvait qu’être destiné à devenir un grand acteur, avec un jeu particulièrement travaillé, une finesse de ton et un véritable sens de l’émotion. Pour le reste du film, malgré plusieurs scènes remarquables, la réalisation de Gregor Jordan ne parvient pas à totalement convaincre son auditoire et le laisse un peu sur le carreau.

Une image soignée avec des couleurs particulièrement bien tenues. Les contrastes donnent une véritable profondeur à l’ensemble Le support est d’une grande efficacité pour donner un véritable volume aux ambiances, et tout son sens à l‘animation, notamment sur les textures particulières.

Une piste 5.1, qui tient ses promesses, mais qui souffre d’un léger surgonflage en basse, particulièrement dans les scènes d‘actions. Pour le reste la spatialisation reste cohérente, même si les dialogues sont parfois un peu en retrait. La dynamique reste brillante et l’on prend beaucoup de plaisir à suivre les aventures de nos héros.

Un entretient à lire du réalisateur. Aucun intérêt !