Inspiré par l’histoire vraie du scénariste Oscar Torres, ce film relate l’histoire d’un enfant de 11 ans, Chava, au Salvador dans les années 80. Le pays est agité par des tensions internes et les forces armées gouvernementales sont en lutte contre les rebelles du FMLN. L’armée enrôle dans ses troupes des enfants dès l’âge de 12 ans. Pour Chava, il reste un an avant de devenir à son tour un soldat.
Inspiré par la vie de l’écrivain et scénariste Oscar Orlando-Torres (Urgences) le film s’intéresse au quotidien de ces enfants qui subissent inlassablement les ingérences de la guerre civile dans leurs vies. Des vies dans lesquelles les jeux les plus simples sont subitement interrompus par des tirs en rafales sans buts réels que celui de terroriser une population pour mieux l’affaiblir, des vies dans lesquelles des enfants dès l’âge de 11 ans commencent à craindre la mort au lieu de vivre dans l’insouciance permanente des instants de rires et de farces. Chava se retrouve dès son jeune âge chef de famille et redoute en permanence l’arrivée de soldats qui viendront l’enlever à sa famille pour en faire de la chair à canon.
La réalisation de Luis Mandoki (Angel Eyes) va d’ailleurs dans ce sens. Il met sa caméra à hauteur d’enfant, filme la guerre de leur point de vue, ne se cache pas derrière un discours biaisé, bien au contraire, il laisse les faits et le scénario (écrit par l’auteur du roman), faire le travail. On y voit des enfants insouciants puis subitement terrorisés par les déflagrations et les coups de feu. On y voit l’innocence s’évanouir pour laisser place à la survie permanente.
Impossible, évidemment de ne pas penser à ce que vivent actuellement les enfants de Syrie. Et les nombreux reportages en ce sens qui résonnent subitement en écho à ce film de presque 9 ans. Le réalisateur utilise des plans serrés pour mieux imprégner le spectateur de la détresse de ces populations. Car il faut bien le dire les mères souvent abandonnées dans les villages par des hommes fuyant le conflit ou enrôlés de force dans les rangs de l’armée salvadorienne. Elles luttent sans cesse pour leur survie et celle de leurs enfants, mais également dans l’insoutenable angoisse de voir leur fils emporter par les armes.
Et ce film prend en hauteur grâce à l’interprétation surprenante de maturité des jeunes acteurs, à l’instar de Carlos Padilla. Le jeune garçon fait preuve d’une étonnante justesse de ton et sait d’ores et déjà jouer avec la caméra pour rendre son personnage plus émouvant ou plus drôle suivant l’action. Et puis il y a bien sûr Léonor Varéla (Dallas) qui vient donner tout son sens à cette femme brisée par l’abandon de son mari et la peur incessante de perdre son fils.
En conclusion, « Innocent Voices » est une leçon d’histoire, pas si éloignée de nous, qui devrait logiquement résonner comme un écho à ce qui passe très près de nous. A voir pour la qualité du scénario, de la réalisation, et de son interprétation.