We Are Four Lions

Animé par des envies de grandeur, Omar est déterminé à devenir un soldat du Djihad en Angleterre. Avec ses amis, il décide de monter le coup décisif qui fera parler d’eux et de leur cause. Problème il leur manque le mode d’emploi.

Peut-on rire de tout ? Et Est-ce que tout peut nous faire rire ? Assurément oui, particulièrement dans ce film de Chris Morris qui, pour son premier long métrage s’attaque avec humour et intelligence au terrorisme islamiste. Pour cela il s’est assuré les services de Sam Bein et Jesse Armstrong, un duo déjà à l’origine de « Borat » et « Brüno ». Particulièrement efficaces, toujours aussi impertinents sans jamais être insultant, les scénaristes plongent le spectateur au cœur des méandres de ce petit groupe soucieux de vouloir à tout prix entrer en guerre contre l’infidèle. Venu d’un article que le réalisateur avait lu un jour sur le terrorisme islamiste, le film ne manque pourtant pas de cohérence, on ressent une certaine recherche dans le crédibilité du sujet, une certaine maitrise dans les clés d’un humour qui fait mouche à chaque fois.

Pourtant les scénaristes parviennent à ne pas sombrer dans les excès des films de Sacha Baron-Cohen, bien au contraire, ils amènent une véritable sensibilité aux personnages et le réalisateur leur amène une dynamique et une tendresse visible à chaque plan, sur chaque réplique du film. Nos compères ne sont pas simplement à côté de la plaque, ni aveuglé par une doctrine dont l’essence même est constamment remis en doute, par le héros lui-même, ils ont simplement envie de se rebeller contre une société qui les stigmatise de manière systématique. Jamais tout à fait dans leur pays, jamais totalement étrangers, ils se retrouvent dans des communautés qui supportent de moins en moins les attaques parfois violentes des anglais de souches.

Le réalisateur a d’ailleurs parfaitement compris que sa comédie ne serait intelligente et qu’elle ne toucherait le public qu’à la condition de ne pas faire dans l’outrancier, mais au contraire de dépeindre une situation parfois explosive, et la récupération parfois honteuse d’une naïveté qui se mêle à la souffrance par les cellules terroristes. Nos compères se laissent porter par un faux-idéal qu’ils ne comprennent pas forcément. Et ce décalage que le réalisateur a voulu ne fait que renforcer la tendresse que nous avons pour nos héros et rend les situations encore plus rocambolesques que l’on imaginait.

La distribution d’ailleurs est particulièrement inspirée, notamment Arsher Ali (Les graines de la colère) dont la prestation est d’une drôlerie hallucinante. Son personnage un peu lunaire est aussi celui qui donne toute la raison au film. Attachant et décalé, le spectateur ne peut qu’aimer le personnage d’Hassan. Bien sur le reste de la distribution est à la hauteur de l’entreprise du réalisateur et l’on aime suivre les tribulations de ces apprentis terroristes maladroits.

En conclusion une comédie réussit sur un thème difficile à traiter et réputé intraitable par le biais de la comédie. Le réalisateur parvient à un tour de force en nous faisant hurler de rire, et de nous émouvoir par une histoire minutieusement et intelligemment construite. A hurler de rire !

Une image de bonne qualité, les couleurs sont parfaitement retranscrites et les noirs donnent un léger relief bienvenue. Les contrastes permettent de mieux mettre en perspective l’ensemble. Le support se révèle efficace pour donner au film la texture voulue par le réalisateur.

Une piste 5.1, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance et l’on plonge aisément dans l’action. Malgré un léger surgonflage en basse, la piste 5.1 fait des merveilles. Une mise en relief efficace sans être toutefois surdimensionné aux besoins du film.

Des scènes coupées(18’) qui viennent compléter le film sans toutefois changer notre vision. Puis un petit making of (12’) où l’on voit le travail du réalisateur et de ses acteurs et cette ambiance si particulière au tournage en Grande-Bretagne, notamment en ce qui concerne le temps.

Mais la meilleur idée, vient surtout du reportage suivant : « Autour du film : Des garçons paumés » (9’) qui montre les rapports difficiles entre les « Packies », de jeunes adultes pakistanais et le reste de la population qui ne masque pas son rejet de cette communauté, un véritable décalage par rapport à l‘image qu‘avait pu donner l‘Angleterre. Puis un entretient avec Mohammed Alo Ahmad un homme emprisonné pour préparation d‘acte terroriste, mais qui fut finalement reconnut comme innocent, une manière d‘appuyer un peu plus le trait de cette méfiance de la population autour de ces jeunes musulmans. Et pour finir la présentation au festival de Bradford. Une édition complète et cohérente.