L’histoire :
Cuisiniers dans un centre de détention psychiatrique, quatre amis vont devoir prêter main forte aux gardiens suite à une coupure de courant.
Critique subjective :
Emballé en trente jours et pour moins de deux millions d’euros, The incident marque les débuts au cinéma d’Alexandre Courtès, clippeur reconnu ayant notamment travaillé pour U2, Air, Noir désir, The white stripes et Daft punk.
L’écueil est connu. Lorsqu’un talent du vidéoclip réalise son premier long-métrage, on redoute toujours un formalisme outrageusement esthétisant. Heureusement, Alexandre Courtès ne tombe pas dans le piège. A des années lumière de la bande démo poseuse, The incident n’est jamais victime d’une mise en scène trop démonstrative, bien au contraire. Conscient du danger, Courtès a justement tenu à éviter tout côté « clippeur », préférant privilégier simplicité et efficacité. Une démarche modeste qui s’avère payante à tous les niveaux.
Réussite esthétique totale, The incident bénéficie d’une mise en scène carrée directement héritée du cinéma de genre des années soixante-dix et quatre-vingt. Le scope topographique et la capacité à générer une ambiance rien qu’en filmant un décor évoquent irrémédiablement le cinéma de John Carpenter. La chose est confirmée par Alexandre Courtès, qui mentionne Assaut parmi les principales influences de son film. Précis (superbes « cadres dans le cadre »), Courtès nous livre une mise en place exemplaire, puis cultive savamment une ambiance fantastique anxiogène (des fous déambulent dans un asile plongé dans le noir), une atmosphère lourde ponctuée d’éclats de violence bien douloureux. Du bel ouvrage, magnifié par une photographie tranchée (noirs profonds) et une direction artistique soignée (les décors ont de la gueule).
C’est un même souci d’efficacité que l’on retrouve au niveau narratif. Totalement premier degré, l’intrigue est dégraissée au maximum. Prenant le temps de soigner l’exposition (belle présentation de personnages simples, crédibles et attachants), le script nous réserve ensuite une sacrée montée en puissance tout en conservant son côté direct. Sorte de version horrifique de Vol au-dessus d’un nid de coucou, le scénario de The incident brasse des thématiques chères à Big John (l’enfermement, la folie, le chaos). On y revient. A noter toutefois que le métrage ne tombe jamais dans l’hommage appuyé. Si l’influence est là, c’est cependant sous une forme parfaitement digérée.
Verdict :
A la manière de l’excellent The house of the devil, The incident ressemble à un inédit miraculeusement exhumé. Une bonne vieille série B à l’ancienne, simple et efficace. On appelle ça une petite perle.
Une qualité vidéo décevante. Si la texture visuelle du métrage est bien retranscrite et que son identité chromatique s’avère respectée, le rendu global est toutefois loin d’être parfait. On déplore en effet un piqué décevant et surtout une compression médiocre, un défaut d’autant plus rédhibitoire que la majeure partie du métrage se déroule dans une obscurité quasi-totale. Fort dommage.
Un son qui, heureusement, s’en sort beaucoup mieux que l’image. Ici, rien à redire. On est plongé dans le film grâce à un Dolby Digital 5.1 (VO et VF) clair, pêchu, ample et précis. Version originale à privilégier.
- Entretien avec Alexandre Courtès (32 minutes) : Sympathique, le réalisateur répond aux questions de Fausto Fasulo (rédacteur en chef du magazine Mad Movies) et évoque notamment son parcours, la genèse du projet, ses références, le casting et les conditions de tournage. Un entretien intéressant.
- Bande annonce (1 minute).