Coffret Guru Dutt - Une légende de Bollywood

L'histoire
L'assoiffé.
Poète classique et malheureux, Vijay ne parvient pas à se faire publier. Il doit subir le mépris de ses frères qui ont vendu son cahier de poésies pour une demi roupie. Une nuit, il rencontre Gulab, une prostituée au coeur d'or qui admire ses textes et le soutient...

Le maitre, la maitresse et l'esclave
Un vieil architecte parcourt les ruines d'un palais et se souvient de ce lieu tel qu'il l' a connu, à la fin du XIXème siècle. Le palais est alors agité par les vies scandaleuses de deux maitres décadents. Tout juste arrivé de son village, le jeune et candide Bhootnath est engagé par un producteur de vermillon dont la fille, Jaba, le prend sous sa coupe...

Critique
Quand on parle de cinéma indien, on pense immédiatement au cinéma de Bollywood avec des images très colorées, une ambiance joyeuse, des femmes et hommes en belles tenues colorées, chantant et dansant sur des chorégraphies complexes, et des histoires d’amour ultra romantique et romanesques…. C’est sans compter sur les films de Guru Dutt et plus précisément sur deux films en particuliers, L'assoiffé et Le maître, la maîtresse et l'esclave qui proposent exactement l’inverse de l’image tradionnelle qu’a le public occidental du cinéma indien.

Ces deux films sont sombres, tristes mélancholiques, tournés en Noir et Blanc (une très belle photographie).  L’histoire d’amour est présente mais ce n’est pas le thème central des films. A travers ces deux films le cinéaste porte un regard critique sur la société indienne,  et exprime également son mal être (qui se traduira par plusieurs tentatives de suicides dont l’une est malheureusement réussite. Guru Dutt est mort  jeune à l'âge de 39 ans).

C’est aussi à travers la mise en scène que le cinéaste se distingue. D’abord, les scènes musicales font parties intégrantes de l’histoire. Elles ne sont pas là en tant que pause dans l’intrigue, mais elles le font avancer. Il faut donc être attentif aux paroles des chansons pour suivre l'intrigue. Deuxième particularité, les comédiens ne dansent/chantent pas forcément. Les paroles peuvent être chantées en "Off" et le personnage peut se contenter simplement de marcher, ou être assis sur un banc dans un état pensif.
Guru Dutt se démarque aussi des autres réalisateurs à travers ses cadrages avec l'utilisation des gros plans ou des très gros plans sur les visages, le regard, un geste de la main d’un personnage. Ce qui ne se faisait pas dans le cinéma indien en son temps. Il était le précurseur.

Guru Dutt c’est aussi des personnages torturés, marginaux : poète maudit, fauché, une protituée (L'assoiffé) , un  architecte qui était autre fois un jeune homme issu d’une famille pauvre (Le maître, la maîtresse et l'esclave). Les décors sont comme les personnages, des taudis, des ruines, et non des palais de roi.

Et enfin, Guru Dutt c’est aussi un comédien talentueux qui joue dans ses propres métrages, interprétant des personnages torturés, triste à l'image du réalisateur. Il sait très bien aussi choisir ses partenaires féminins à l’écran, qu’il sait bien mettre en valeur.

Conclusion
Le cinéma indien ne se résume pas aux films Bollywoodiens qu'on a l'habitude de voir, et L'assoiffé et Le maître, la maîtresse et l'esclave en sont la preuve. A découvrir.

L'image est présentée en Noir et Blanc au format d'origine 1.33:1 respecté, encodée en MPEG 2 pour les deux films. L'éditeur a trouvé les meilleures sources possibles pour ces deux films, mais hélas la qualité n'est pas au rendez vous.
L'image est instable et tremblante, surtout le générique de début. Elle présente également de nombreuses traces d'usures : rayures, poils, poussière... C'est sur Le maitre, la maitresse et l'esclave que ces traces sont les plus visibles et accentuées. Il reste malgré tout de nombreux plans en assez bon état. La compression est de bonne facture pour une image DVD.
Faute d'une restauration minutieuse, c'est le meilleur résultat qu'on puisse espérer pour le moment.

Les deux films proposent un mixage audio mono en Dolby Digital respectant le mixage d'origine. Tout comme l'image, la qualité sonore des deux films est problématique, avec de nombreux parasites : grésillements, niveau sonore variable, et autres anomalies sont présentes en fond, mais qui restent malgré tout discrets.

 Disque 1:
- Préface : de Charles Tesson qui nous présente le réalisateur, ses études, son parcours professionnel. Le tout entrecoupé de quelques photos du réalisateur.

- A la recherche de Guru Dutt - Partie 1 : Un documentaire réalisé par Nasreen Munni Kabir consacré au cinéaste. De proches et collaborateurs de Guru Dutt racontent ses premiers pas au cinéma, de son arrivée aux studios de Bombay à l'élaboration du style unique qui le conduit à ses premiers succès.

Disque 2
- Préface : de Charles Tesson qui revient sur l'historique du film et propose une analyse concise du film "Le maitre, la maitresse et l'esclave".

- A la recherche de Guru Dutt - Partie 2 et 3 : les deux dernières parties du documentaire consacré au cinéaste indien Guru Dutt. Ses proches et collaborateurs se souviennent de L'assoiffé, le chef d'oeuvre qui a marqué l'apothéose de sa carrière, de son film-testament, Fleurs de papier, ainsi que des derniers rôles qui ont précédé la fin tragique du cinéaste.