Dans l’arrière-pays Australien, à la fin du XIXème siècle,
deux hommes, situés aux deux extrémités de la loi passent un accord secret et
décisif. Le capitaine Stanley s’est juré de civiliser le pays sauvage Australien,
Charlie doit retrouver son frère ainé Arthur, pour obtenir le pardon du
capitaine et sauver la vie de son jeune frère, Mike, retenu prisonnier par les hommes du soldat.
A mi-chemin entre les films de John Ford et les
inspirations de Terence Mallick, John Hillcoat plonge le spectateur dans un
western hors du commun, violent et magnifique en même temps. Le réalisateur
signe une œuvre parfaitement maîtrisée, dans un contexte rarement exploité au
cinéma américain, la colonisation parfois extrême des régions sauvages de l’Australie.
Une colonisation qui donnait aux hommes une vision différente de la loi et qui
les tendait vers les deux extrêmes. L’obsession de la supériorité des blancs et
la volonté acharnée d’imposer une domination par la violence.
Le réalisateur nous entraîne dans une quête dérangeante
et acharnée où chacun des personnages s’acharne à vouloir dominer l’autre, où
la proposition dont il est question suscite bon nombre d’interrogation sur la
marche à suivre. Sans prendre jamais position pour l’un ou pour l’autre, le réalisateur se laisse
porter par le scénario incroyablement inspiré de Nick Cave et amène le
spectateur à lui-même prendre position. La
trame se fixant sur un sujet souvent éluder comme celui de la colonisation
souvent violente des grands espaces australien, le film de John Hillcoat en
profite pour s’éloigner des stéréotypes Hollywoodiens, où les bons portent une
étoile et les méchants chiquent du tabac. Ici tout est sale, chaque personnage
est ciselé de paillettes et de boue. Ils ont grands dans leurs ambitions et
petit dans leurs moyens.
La distribution joue d’ailleurs beaucoup dans ce succès,
à commencer par le duo Guy Pearce (Prometheus)/Ray Winstone (Hugo Cabret) qui
fonctionne à merveille. Chacun se sentant particulièrement inspiré par son
personnage et jouant beaucoup des nuances de tons que leur talent respectif
leur permet d’explorer. Les deux comédiens sont éblouissants et l’alchimie qui
résulte de la direction d’acteurs et de leur jeu transpire à chaque plan.
En conclusion, « La proposition » confirme tout
le bien que l’on pouvait penser de John Hillcoat. En effet le réalisateur,
signe là une œuvre intense oscillant entre violence et voyage initiatique, avec
parfois des accents un brin contemplatifs. Une manière de plonger le spectateur
au cœur d’une œuvre riche et originale qui se pose sur un scénario ciselé de
main de maitre par un Nick Cave particulièrement inspiré.
Une image minutieuse avec des couleurs bien pesées et des
contrastes qui donnent une véritable profondeur à l’ensemble. Le film est
marquant par ses grands espaces et la beauté de la photo, il aurait dommage que
le support ne soit pas à la hauteur de l’entreprise.
Les nuances sont remarquablement marquées et l’on souvent éblouit par le
travail minutieux du directeur de la photo Benoît Delhomme
Une piste 5.1 qui manque un peu de précision dans sa
répartition. La voix off est très (trop !) en avant, et les dialogues
perdent en volume, dès lors que les effets sonores environnants se font plus
présents. On a tendance à jouer un peu trop avec la télécommande. Côté
dynamique pas grand-chose à dire, les basses savent résonner lorsque cela est
nécessaire.
Un making qui a le bon goût de s’intéresser au sujet
avant de se lancer dans la promotion à proprement parler. Construit un peu de
la même manière que le film, lui-même, il alterne les grands plans
contemplatifs, les images du tournage et les interviews. Intéressant
particulièrement dans sa première partie, le making of reste à la hauteur des
attentes du spectateur.