Gaspard Dassonville a 63 ans. Son style de vie en a la moitié : producteur de télévision réputé, il accumule les compagnes trentenaires et s’obstine à ignorer tout signe de vieillissement. Mais le grand âge lui tombe dessus avec fracas : Gaspard est contraint d’accueillir chez lui son père Hubert, devenu dépendant. Vieillard indomptable, Hubert vient perturber l’arrangement de son fils avec une jeunesse illusoire. Le duo se transforme en trio avec l’arrivée de Zana, aide-soignante aux références douteuses et à l’imagination débridée. Fascinés chacun à sa manière par cette femme peu conventionnelle, père et fils s’affrontent et se redécouvrent.
Faisons un premier constat évident : Ce film fut mal vendu ! Une bande annonce qui laissait imaginer une comédie débridée, pleine de grandes envolées de Jean-Pierre Marielle, d’une confrontation tendue entre le père et le fils, qui s’ouvrirait vers des gags drôles et attachants quasiment à chaque changement de plan. Hors mis que le résultat s’est inexorablement éloigné de ce constat, notamment par la tonalité de sa mise en scène. En effet, le réalisateur Nick Quinn parait avoir eu une grande tendresse pour son sujet et ne pas avoir voulu risqué de sombrer dans une certaine caricature qui aurait pu lui être fatal. Du coup, les gags ne sont en fait pas aussi assumés que l’on aimerait le voir. Et lorsque le personnage de Jean-Pierre Marielle pique ses colères que l’on imagine grandiose, elles sont systématiquement amorties par un plan trop contemplatif qui lui efface une bonne part de son effet comique.
Alors on peut éventuellement penser que le réalisateur ait fait le choix audacieux de ne pas jouer la carte du burlesque ni du gag trop facile, mais alors pourquoi une communication qui en donnait tout l’impression. En fait, le film de Nick Quinn déborde de tendresse, il dessine ses personnages avec une maturité évidente et s’interroge sur les affres de l’âge, qui s’invitent en bien des occasions, à bien des endroits de la vie. Et tout devient alors une sorte de miroir de l’âme et de l’âge qui progresse insidieusement. Que ce soit à plus de soixante ans ou à plus de quatre-vingt, le temps passe inexorablement. Et c’est là tout le charme du film, donner matière à une réflexion évidente, comment réagirons nous face à l’âge ? Le regard des enfants, des autres, celui de ceux qui ne croient plus en nos facultés et soudain la petite lumière qui vient de là où on ne l’attendait pas, imprévisible, attentionnée et douce.
Le scénario s’installe et laisse le talent des acteurs principaux, à commencer par le duo Marielle/Arditi agir. Les deux acteurs s’opposent et se complètent en permanence s’inscrivant dans la grande lignée des duos évidents du cinéma français. Et lorsque Julie Ferrier arrive, l’ensemble devient trio cohérent d’une composition magnifique sur la vieillesse et ses douleurs physiques et morales. Mais tout le talent de ces acteurs ne parvient pas à masquer toutefois la déception de n’avoir pas eu peu plus de folie dans la mise en scène qui aurait fait de ce film, une réussite totale.
Dans l’ensemble l’image est de bonne tenue avec des couleurs bien pesées et des contrastes qui donnent une véritable profondeur à l’ensemble. L'ensemble n'hésite pas à jouer sur les textures, les sensations pour renforcer le choc des générations. Le travail de David Quesemand (Parlez moi de la pluie) est remarquablement mis en valeur.
Une piste Dolby Digitale 5.1, totalement en accord avec le film et avec ses besoins. La répartition est minutieuse, et la texture des voix des deux acteurs principaux, remarquablement reconnaissables est parfaitement mise en valeur. La musique sait se maintenir en arrière pour venir trop envahir le terrain des dialogues.