L'annonce d'un tournoi international de pétanque organisé par le célèbre Darcy, va bouleverser la vie de Momo, et réveiller ses rêves enfouis par les aléas de la vie: devenir champion et vivre de sa passion. Galvanisé par sa rencontre avec Caroline, Momo va faire la paix avec lui-même et affronter les préjugés. Déclassés, rejetés, cabossés, ils sont devenus : Les Invincibles.
Voilà typiquement le type de film que l’on a envie d’aimer autant que d’haïr. Pour de multiples raisons, « Les invincibles » inspire la sympathie à commencer par sa distribution chaleureuse, à défaut d’être généreuse. Depardieu, quoi qu’on en dise, fascine par un jeu sobre qui suscite en permanence l’adhésion du public. On aime ses moments de doute, ses envolées verbales et sa bonhomie presque tendre. Edouard Baer et sa gouaille trouvent ici un rôle calibré qui lui donne bien des occasions de nous faire plaisir, et Atmen kelif se fait plaisir en jouant sur un tableau faussement naïf. Et tout ça autour d’un sport qui respire le sud, la dilettante et la précision.
Mais on aime aussi haïr ce film, notamment pour les mêmes raisons que précédemment, parce Depardieu se semble plus décidé qu’à faire du Depardieu et rien d’autre, Edouard Baer se contente de faire le show et Atmen Kelif tente malgré tout d’exister au milieu d’une histoire dont il a eu lui-même l’idée pour donner une vision moins agressive des problèmes d’intégrations dans notre beau pays, encore moins décidé actuellement à en finir avec ses vieux démons. La mise en scène de Frédéric Berthe (Hollywoo) est d’ailleurs à l’image de sa distribution, sans prétention aucune, toute en sobriété, mais peut-être justement un peu trop, pour pouvoir nous emballer totalement. Le réalisateur ne prend aucun risque, accumule les plans sans chercher à éblouir, laisse ses comédiens partir en roue libre pour ne pas les brusquer, mais du coup perd tout de même l’énergie et le « Peps » que le spectateur attend tout au long du film.
Car, oui sa distribution sait y faire, leur talent n’est plus à prouver, mais cela ne suffit pas à faire un film ! Depardieu est un acteur magnifique, mais sans réelle direction d’acteur, il se contente du minimum, et si le scénario ne lui donne pas suffisamment de profondeur cet immense comédien se repose sur ses lauriers et laisse le public sur sa faim. Et dans « Les Invincibles » force est de constater, que le sujet, au demeurant bien sympathique, ne parvient toutefois pas à pousser suffisamment loin la métaphore, pour être réellement réussit. L’ensemble est dessiné au marqueur, alors qu’il aurait été plus malin d’utiliser un fusain pour mieux dessiner tous les contours de cette histoire d’intégration.
En conclusion, « Les invincibles » est un film sympathique, mais qui manque cruellement de générosité et de finesse pour être totalement emballant. Dommage, car le capital empathique des acteurs est une évidence !