En 1961, Kempton Bunton, un chauffeur de taxi sexagénaire, vole à la National Gallery de Londres le portrait du Duc de Wellington peint par Goya. Il envoie alors des notes de rançon, menaçant de ne rendre le tableau qu’à condition que le gouvernement rende l’accès à la télévision gratuit pour les personnes âgées. Cette histoire vraie raconte comment un inoffensif retraité s’est vu recherché par toutes les polices de Grande Bretagne, accomplissant le premier (et unique) vol dans l’histoire du musée.
Roger Mitchell à qui l’on doit, entre autres, « My cousin Rachel » en 2017, magnifique drame, où un jeune homme tente de comprendre les raisons de la mort de son cousin, tout en découvrant Rachel, la veuve. Ou encore plus proche de nous en 2020, « Blackbird », un drame intense autour du choix de mourir dans la dignité, un film mené par une Susan Sarandon habitée par son rôle. Le réalisateur semble aimer les histoires faussement linéaires et le prouve une nouvelle fois avec « The Duke ». Un film qui relate les aventures d’un homme idéaliste, porté par ses valeurs et ses combats qui va mettre les autorités britanniques dans l’embarras et qui va lui permettre non seulement de rendre hommage à cet homme surprenant, sexagénaire, conducteur de taxi, mais toujours prêt à défendre les plus faible. Des combats qu’il va toujours mener sans jamais se défaire de son empathie, même si cela l’envoya en prison par deux fois pour non-paiement de la redevance TV, dont Bunton critiquait qu’elle soit payée par les plus âgés, alors qu’elle leur donnait une fenêtre sur le monde.
Sur un scénario dont il a confié l’écriture aux deux scénaristes : Richard Bean (Ima) et Clive Coleman, le réalisateur va ainsi pouvoir traiter plusieurs thèmes : Le combat de la classe ouvrière Britannique des années 60, la place des anciens dans la société et le deuil, en traitant avec beaucoup de justesse le rapport que Kempton Bunton avec la mort de sa fille, dont il se sent terriblement coupable. Comme un exutoire, le sexagénaire écrit ses doutes dans des pièces qui ne seront jamais jouées, il regarde sa femme survivre, sans comprendre qu’elle se noie également dans son chagrin de la perte de sa fille. Et puis il y a bien sûr le vol du tableau qui va ridiculiser définitivement les autorités noyées dans leurs préjugés et dans leurs certitudes qui vont les faire partir dans la mauvaise direction.
C’est d’ailleurs de là que le réalisateur va choisir le ton humoristique de son film dont se dégage une tendresse permanente. On rit beaucoup et on se laisse séduire par des personnages, à la fois complexes et attendrissants. Dans un rythme soutenu, le réalisateur s’approprie des sujets graves et leur apporte une certaine légèreté qui viennent mettre en relief toutes les nuances de cette histoire où les blessures d’un homme et son besoin de croire qu’il arrivera à faire changer les choses, comme une sorte de Robin des Bois, dont il fait souvent l’apologie. Jamais hors sujet, Roger Michell parvient à donner à son film une fraicheur bienvenue qui le font devenir Le « Feel Good » movie de l’année.
Et pour incarner Kempton Bunton, Roger Michell a choisi Jim Broadbent (Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé). L’acteur a su capter toutes les nuances de son personnage, ses bons côtés mais également ses paradoxes qui le faisait se démarquer des autres voleurs de tableaux habituels. Les secrets avoués après coups lui ont permis d’affuter sa composition et de rendre sa prestation tout en tendresse et en détermination. Face à lui Helen Mirren (The Queen) vient faire le contre point du personnage de Kempton, avec une femme plus froide, plus dure et plus fermée sur sa famille. Comme toujours, l’actrice trouve la tonalité juste pour venir porter son personnage au meilleur niveau. Enfin, pour compléter le trio, le jeune Fionn Whitehead (Roads). L’acteur qui a déjà un CV bien rempli incarne avec beaucoup de justesse, le rôle du fils dévoué au père.
Deux Modules sont proposés :
Le premier se concentre sur la véritable histoire avec la participation du petit-fils de Kempton Bunton, à l’origine du projet.
Le deuxième se concentre sur le tournage du film et la manière dont l’équipe à abordé le sujet.