Dans ce « fenêtres sur cour» qui se déroule dans un petit immeuble parisien, tout un monde hétéroclite gravite, s'aime, s'observe sans toujours se voir. C'est là que vit Valentin, jeune homme mélancolique, charmant, partagé entre sa maîtresse au tempérament insatiable, les trois jeunes filles du cinquième étage qui tournent autour de lui, une gardienne démonstrative et une belle chinoise dont la présence dans la maison d'en-face l'intrigue et le fait rêver. A quoi pense-t-il ? Que dissimule-t-il ? Que cherche-t-il ? Valentin invite tous ses voisins à sa pendaison de crémaillère, sans se douter qu'il déclenche ainsi une spirale de violences...
Le dernier film de Pascal Thomas est une œuvre toute en simplicité et en complexité. Simplicité parce que le réalisateur prend son temps, pose une intrigue aux multiples personnages inspirés d’un livre de Ruth Rendell « La maison du lys tigré », sans toutefois perdre le spectateur dans des nœuds de sentiments trop prononcés. Ici tout gravite autour d’un personnage celui de Valentin, jeune homme beau, mystérieux et magnétisant, qui fait un effet à tout ceux qui le croise. Et il y a toutes les personnes de l’immeuble où vit le jeune homme, le couple de concierge, les jeunes colocataires et ainsi de suite. Et puis il y a la complexité de faire tourner ce petit monde sans sombrer dans le hors sujet, et de côté-là Pascal Thomas s’en tire à merveille, son film ne fait jamais dans le superflus, bien au contraire, il tisse une toile où les mystères paraissent si proches et en même temps si lointain.
Et le scénario est en ce sens, pas particulièrement linéaire ni trop complexe, il brosse les portraits d’une galerie de personnages tous en demi-teinte, tous complexes en paraissant si simple à la première vue. On a ainsi, le concierge pervers, la femme mariée qui trouve l’amour dans les bras de Valentin, le voisin d’en face mystérieux et observateur, qui cache un passé surprenant, ou encore la vieille femme alcoolique qui cache une douleur plus profonde. Toujours avec une précision quasi chirurgicale, le scénario ne dresse jamais un portrait à moitié, il s’appuie sur les zones d’ombre et s’évertue à faire des personnages un ensemble gravitant autour de son héros, tout en les impliquant dans l’intrigue posée dès le départ : Qui a tué Valentin ?
Et côté distribution si l’ensemble est peut-être un irrégulier, particulièrement dans les seconds rôles, Vincent Rottier (La Marche) surprend avec ce personnage un peu dandy, captivant et mystérieux, tout en douceur qui se laisse porter par les intrigues qui tourne autour de lui. Le comédien se révèle dans un genre qu’il n’avait, jusque-là jamais réellement exploré. Et c’est dans le cercle proche que le meilleur est à prendre,
Arielle Dombasle (Un indien dans la ville), si elle ne semble plus décidé à jouer autre chose que les mères bourgeoise, un peu barré, n’en demeure pas moins convaincante. Même constat pour
Marilou Berry (Joséphine), la comédienne e révolutionne pas son jeu mais reste suffisamment convaincante pour nous faire adhérer à son personnage. Dommage en revanche que
Géraldine Chaplin (The Impossible) ne se soit limitée qu’à une seule scène remarquable, car le reste de ses apparitions manquent terriblement de justesse.
En conclusion « Valentin Valentin » est une comédie sentimentalo-policière assez bien construite qui entraîne le spectateur dans une intrigue à la fois simple et complexe, que seule la fin pourra éventuellement laisser dubitatif, tant elle ressemble à une pirouette de manque d’inspiration.