Suite des aventures du commandant X, authentique officier des services secrets ! Partir à la recherche d’un chef de réseau Nazi en Amazonie, arrêter un assassin, échapper à la justice de la collaboration, traquer les anciens officiers de la Gestapo ou démasquer un espion ennemi : rien n’arrête le Commandant X ! Une plongée dans les coulisses du renseignement, à l’époque la plus trouble de l’histoire.
Réalisée entre 1962 et 1965, « Commandant X » est une série d’espionnage qui se démarque de toutes les productions télévisuelles par un scénario qui se basait sur d’authentiques récits d’espionnage. Resituons d’abord le contexte, nous sommes en 1962, seulement 17 ans, après la fin de la seconde guerre mondiale, l’Europe panse encore ses blessures et même si les stigmates physiques s’effacent peu à peu, la psychologie et les rancœurs sont encore bien présentes. La télévision s’efforcent quant à elle, d’innover, de passionner, et lorsque l’on parle d’espionnage, les ennemis restent toujours intimement liés à la seconde guerre mondiale. C’est dans ce contexte que Guillaume Hanoteau et Jacques Antériou créent ce personnage de Commandant X qui se bat contre d’anciens nazis ou d’anciens membres de la Gestapo. Les archives du contre-espionnage aidant en cela à trouver les ennemis et les intrigues idéales.
Et sous la direction de Jean Paul Carrère (Aurore et Victorien), la série se révèle surprenante, pour nous qui sommes habitués à une télé complètement aseptisée, qui ne laisse plus de place à l’improvisation ni à la surprise, qui ne sait même plus s’inventer, car « Commandant X » était une série réalisée et diffusée en directe, un tour de force technique et artistique, qui ne laissait aucune place à l’approximatif, mais savait faire avec les imprévus. Pour nous qui voyons notre télévision se transformer petit à petit en catalogue de mièvreries et d’inepties à la chaîne, difficile d’imaginer qu’à une époque, la télévision prenait des risques, sondait son passé tout en se tournant vers son avenir, cherchait avant tout un programme culturel plutôt qu’une boucherie de masse.
Du coup, même les imperfections d’un jeu parfois approximatif comme dans « Le dossier Saint Mathieu » où le barman ne cesse de jeter un œil à la caméra, apparaissent comme peu de choses, tant on est subjugué par la qualité de l’ensemble. Impossible d’imaginer que l’ensemble soit en direct à la télévision. Les décors se succèdent comme dans une série tournée de manière classique, les effets de mises en scènes sont aussi troublants que subtiles et l’on en vient même à regretter que des producteurs actuels ne cherchent pas à renouer avec de tels programmes.
Michel de Ré (Angélique Marquise des Anges) met tout son talent d’acteur dramatique au service de la série et de son personnage. Acteur et metteur en scène de théâtre, il fut l’un des piliers de la scène théâtrale des années 50-60, et sa diction particulière donne à son personnage de commandant X un aspect incroyablement lyrique qui le rende à la fois sympathique, repoussant et inquiétant en même temps.
En conclusion, « Commandant X » est une série des années 60, qui avait la particularité d’être réalisée en direct et de s’appuyer sur d’authentiques récits d’espionnage. Du coup la série prend un visage remarquablement grandiose et simple en même temps. A découvrir pour se rendre compte que la télé peut-être un vivier de créations remarquables, pour peu que l’on s’en donne les moyens et l’envie. Expulsons les infectes programmes actuels qui abrutissent les téléspectateurs et regardons dans le rétroviseur pour réapprendre à créer.