Antoine Leconte est un homme de pouvoir arrogant et dominateur, tant dans son milieu professionnel que dans sa vie privée. Au terme d’une journée particulière oppressante, il est plongé dans le coma. À son réveil, plus rien n’est comme avant : Rêve ou réalité ? Complot ? Cauchemar ?… Il est K.O.
Le réalisateur de la série événement « Les revenants », Fabrice Gobert, revient au cinéma avec un thriller sur fond de pouvoir et de manipulation. Fort d’un scénario qui s’intéresse principalement à la violence en milieu professionnel, à toutes les errances que cela provoque, et surtout à la détresse que peuvent ressentir ceux qui sont mis sur la touche, ou licenciés. Un milieu difficile, parce que forcément soumis à la compétition, parfois aux coups bas, et aux amitiés bien fragiles. En situant leurs personnages dans le milieu de la télévision, un milieu réputé pour être particulièrement compétitif, dans lequel comme on le dirait dans le film « On ne demande pas, On obtient ». Le réalisateur et sa coscénariste Valentine Arnaud ont su trouver un cadre d’évolution de leur intrigue, et un milieu particulièrement austère pour leurs personnages.
Mais il aurait été peut-être un peu trop facile, de décrire le milieu de la télévision ou du cinéma, sous le prisme simplement de l’entreprise et de ses employés carriéristes et avides de pouvoir. Le réalisateur et sa coscénariste, ont décidé de pimenter l’ensemble avec une histoire teintée de surnaturel, dans laquelle un haut cadre d’une société de télévision, arrogant et dominateur dans son milieu professionnel et dans sa vie privée, est plongé dans un coma qui, lorsqu’il se réveille, retrouve un quotidien totalement modifié, dans lequel il est redescendu au bas de l’échelle, ou sa réussite n’est plus aussi éclatante qu’il n’y paraissait et où il va devoir réapprendre à se faire connaître, à se faire apprécier, mais surtout et particulièrement apprécier les autres, et à reconnaître les qualités des uns et des autres autant que leurs défauts. Mais loin d’être simplement un scénario un peu classique dans lequel le méchant se doit de redevenir gentil pour pouvoir retrouver une vie stable, le scénario pousse le mystère jusqu’à questionner le spectateur sur la réalité ou la fiction, et notamment sur ce que vit le héros si tant est qu’il en soit un.
Et dès les premières minutes du film, la mise en scène de Fabrice Gobert n’est évidemment pas sans rappeler l’atmosphère un peu oppressant, sombre et forcément irréel de la série « Les revenants ». Le réalisateur apprécie particulièrement les villes quasiment vides, qui ne sont pas sans rappeler des séries anglaises des années 60 comme « Chapeau melon et Bottes de cuir », qui viennent en contraste avec l’entreprise qui semble fourmiller de collaborateurs tous plus stressés les uns que les autres et plus avides de vouloir faire leurs preuves. Un besoin de reconnaissance, qui est parfaitement marqué par des plans soignés qui n’hésitent pas à utiliser l’espace pour rendre plus oppressant une rencontre, un entretien, ou en rebondissements. La lumière y est évidemment particulièrement travaillée, car elle vient apporter tout l’habillage à l’atmosphère que veut donner le réalisateur a chacun de ces plans.
Et pour incarner cette dualité permanente que vit ce héros, le réalisateur ne pouvait bien évidemment compter que sur un acteur comme Laurent Lafitte (Papa ou Maman) qui sait à merveille jouer l’arrogance, et la domination. Et l’acteur de se révéler particulièrement touchant lorsqu’il voit sa vie complètement effacée, que le doute s’installe et qu’il semble dans l’obligation de tout reprendre à zéro. Face à lui Pio Marmaï (Ce qui nous lie) et Chiara Mastroianni (Trois Cœurs) viennent compléter un casting particulièrement réjouissant, d’autant que le premier sait particulièrement bien utiliser son talent pour nuancer le jeu de son personnage, quant à la comédienne elle rayonne et tout simplement par sa présence.
En conclusion, « K.O. » est un film particulièrement réussi qui plonge le spectateur dans le milieu violent et obsessionnel du travail, un milieu professionnel à travers le prisme d’une histoire à la frontière du surnaturel et un subtil mélange de drame et de thriller qui pousse spectateur à s’interroger sur le milieu professionnel et les dérives qui peut provoquer.