Une mère passive, dévouée corps et âme à son mari et ses enfants. Un simple tour de magie tourne mal pendant l’anniversaire de son fils de quatre ans, et c’est une avalanche de catastrophes absurdes et improbables qui s’abat sur la famille. Le magicien transforme son mari, un père autoritaire, en poule. La mère n’a d’autre choix que de sortir de sa réserve et assumer le rôle de cheffe de famille..
Pour son premier film, le réalisateur Egyptien Omar El Zohairy a décidé d’aborder le sujet de la condition féminine à travers le prisme de la fable fantastique pour mieux mettre en lumière les difficiles existences de ces femmes soumises à l’autorité patriarcale. Ici, pour illustrer son propos le réalisateur a décidé de retirer la figure masculine pour montrer comment ces personnages qui se croisent dans une histoire où traditions ancestrales, croyances vieillottes mais encore bien ancrées peuvent venir redistribuer les cartes. Ici, donc, nous suivons le parcours de cette mère et épouse soumise à son mari. Une femme mutique, ne le regardant jamais dans les yeux, acceptant ses ordres sans répondre et obéissant à une régularité des tâches sans réellement y éprouver la moindre passion, se voit d’un seul coup à assumer l’ordre, dans le sens de la prise de décision dans un foyer où le mari a été transformé en poule après un tour de magie qui tourna au fiasco.
En s’appuyant sur un scénario qu’il a lui-même signé, avec son co-scénariste Ahmed Amer (II) (Ali, la Chèvre et Ibrahim), Omar El Zohairy signe une œuvre simple qui se partage en drôlerie absurde et constat implacable d’une société qui ne parvient pas à se sortir d’un mécanisme archaïque où les femmes ne sont réduites qu’à servir l’homme qui, lui, a la charge des décisions et de ramener ce qu’il faut pour nourrir sa famille, même si ses décisions sont parfois douteuses. Et c’est pour cela que le réalisateur a décidé pour illustrer son propos de retirer de l’équation, le plus simplement possible la symbolique masculine afin de démontrer le courage et la manière dont la femme va assumer son nouveau rôle et en transformer doucement le quotidien tout en se confrontant à une société qui ne lui ouvre pas facilement les portes.
Afin de mettre plus de simplicité et plus de crédibilité dans son film, le réalisateur a choisi d’utiliser la symbolique pour mieux imprégner le spectateur, mais également un casting entièrement amateur, qui vient donner un sens au propos et surtout une certaine spontanéité de jeu, qui, même si elle n’est pas toujours bien gérée permet de rendre attachant l’ensemble des personnages, et de créer encore plus de réalisme dans une histoire surprenante. « Plumes », c’est aussi une allégorie de l’ensemble face à l’individuel. Chaque personnage prit individuellement peut ressembler à une plume, en étant doux et léger, mais dés que tout ces gens sont ensemble le résultat devient plus compliqué et la douceur et la légèreté peuvent laisser place au chaos.
En conclusion, « Plumes » est une première œuvre du réalisateur Omar El Zohairy, surprenante qui oscille entre tendresse, drame et fable fantastique burlesque. Le réalisateur se concentre sur le personnage de cette femme obligé d’assumer la charge de la maison après que son mari fut changé en poule. Un pitch qui permet au réalisateur, d’aborder le sujet de la condition féminie en Egypte. La mise en scène et le scénario réservent quelques belles surprises.