Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues.
Inspiré de l’histoire de Laura Dufle, une amie du réalisateur d’origine Coréenne qui fut adoptée en France à l’âge d’un an et qui vingt-trois plus tard, y retourna et y resta deux années avant de revenir en France, ce film « Retour à Séoul », de Davy Chau (Diamond Island) nous emmène dans une sorte de voyage à la recherche de ses origines mais également d’une identité. Un voyage dans lequel le besoin de comprendre se mélange à une colère qui s’illustre par une révolte contre les codes imposés. Être à la fois de, et ne pas y être en même temps est une situation que bon nombre d’enfants de Corée du Sud, vécurent après avoir été adoptés en France, sans que de véritables raisons leurs soient donnés. « Retour à Séoul » est donc un voyage au cœur de sentiments mitigés, mélangés et peu digérés : les regrets, la colère, la tristesse, la honte, la révolte et bien d’autres encore qui ne cessent de se mélanger.
Avec l’aide de son amie, Davy Chou a donc signé un scénario qui n’a pas voulu se limiter à parler de l’adoption et de ses conséquences, mais plutôt de l’émancipation d’une femme qui souhaitait avant tout s’affranchir des étiquettes que l’on voulait bien lui donner. Et si le scénario s’acquitte bien de sa tâche, il n’en demeure pas moins déstabilisant par des situations que l’on ne comprend pas forcément, où qui sont amenées de façon un peu étrange, comme la scène dans le bus ou encore celle du bar. A trop vouloir nous pousser dans nos retranchements, le scénario en oublie une certaine lecture dont le spectateur a besoin pour pouvoir mieux s’imprégner de l’histoire et en sentir toutes les nuances.
D’ailleurs la mise en scène de Davv Chou va dans le sens de la déstabilisation et manque parfois de rythme, comme dans la scène où le père, saoul, vient rendre une visite surprise à sa fille. Le réalisateur met le temps en suspension comme pour souligner les sentiments mélangés que l’on peut retrouver dans ces cas-là, mais le montage un peu sec vient hachurer la scène et lui donner une consistance un peu étrange, comme peu maitrisée. Pourtant, dans l’ensemble, Davy Chou fait preuve d’une certaine maitrise et semble porté par son sujet, particulièrement lorsqu’il faut se rapprocher de son héroïne pour mieux en extraire sa tristesse ou son désarroi. Le réalisateur parvient à trouver des moments de grâce, notamment, nous pourrions prendre pour exemple, la première scène de repas, chez le père et la grand-mère où l’on ressent toute la gêne, la colère et les regrets, simplement dans les regards portés par les comédiens.
Pour finir, je dirais qu’il y a également une faiblesse dans le jeu de l’actrice principale, Park Ji-Min, qui signe là sa première prestation, mais, au final, elle se révèle un atout car l’artiste Plasticienne qui ne se destinait pas à la comédie, signe une prestation, certes inégale, mais dont la fraîcheur de jeu et parfois les petites erreurs viennent, au contraire, un personnage intéressant et plus ancré dans la réalité, la rendant moins sophistiquée.